L’avionneur indien HAL parie sur l’avenir de son chasseur Tejas… en Afrique !

L’idée peut surprendre mais elle en dit long sur la réalité du marché des avions de combat en ces années 2020. Hindustan Aircraft Limited a lancé des négociations avec l’Égypte autour d’une future fourniture de 60 à 70 chasseurs multi-rôles légers Tejas Mk-1 avec contreparties industrielles. En effet l’industriel indien entend délocaliser une chaîne d’assemblage dans ce pays afin de pouvoir s’ouvrir d’autres marchés en Afrique. On parle notamment du Kenya, de la République Démocratique du Congo, ou encore du Zimbabwe.

Récemment l’Égypte a officialisé sa volonté d’en finir avec ses vieux Dassault Mirage 5 datés des années 1970 et aujourd’hui totalement obsolètes ! Surtout la première puissance militaire d’Afrique semble vouloir conserver le principe de disposer de chasseurs multi-rôles légers, la fonction dévolue à ces vieux avions d’origine française depuis maintenant quelques années. D’où l’idée de l’Inde d’ouvrir un partenariat industriel entre les deux pays autour du Tejas Mk-1. Une délégation indienne est actuellement présente au Caire. Le petit chasseur indien à aile delta de génération 4.5 semble avoir été taillé pour les pays émergents et les puissances régionales comme l’Égypte. Sauf que jusqu’à présent il n’a jamais été exporté, en grande partie en raison d’une carrière opérationnelle chaotique dans son propre pays.
L’avenir du chasseur Tejas Mk-1 passerait donc par l’inauguration d’une usine locale, avec personnels égyptiens et indiens. Celle-ci permettrait aussi à Hindustan Aircraft Limited d’envisager des contrats avec des pays d’Afrique sub-saharienne, principalement anglophones.

Car là est le secret de la réorientation de HAL : l’export ciblé. Les experts indiens ont bien compris que pour la majorité des pays africains des avions de combat comme l’Airbus DS Typhoon Tranche 4, le Boeing F/A-18E/F Super Hornet, le Dassault Aviation Rafale F4, ou à fortiori le Lockheed-Martin F-35A Lightning II sont totalement hors de portée financière. Et dans ces conditions le petit HAL Tejas Mk-1 peut se positionner en challenger, d’autant s’il possède l’argument d’être produit en Afrique. Pour autant Hindustan Aircraft Limited semble avoir ciblé les forces aériennes à qui elle veut vendre son chasseur, ou plutôt à qui elle pense le pouvoir. Et quatre pays se détachent du lot.

Il s’agit prioritairement du Kenya dont les besoins tournent autour d’une quinzaine à une vingtaine d’exemplaires en remplacement des actuels Northrop F-5E/F Tiger II d’origine américaine acquis dans les années 1980 et ; du Zimbabwe qui de son côté possède actuellement une dizaine de chasseurs répartie entre des Chengdu F-7 Fishcan et d’antédiluviens Mikoyan-Gurevich MiG-23 Flogger fournis respectivement par la Chine et l’Union Soviétique. Les médias indiens soulignent aussi l’Ouganda et la République Démocratique du Congo, seul pays francophone visiblement ciblé par HAL. Dans ces deux derniers pays les contrats peineraient à atteindre les dix à quinze avions à chaque fois.

S’il est envisagé qu’une chaîne d’assemblage d’hélicoptères HAL Dhruv soit également associée à celle des Tejas Mk-1 il semble désormais avéré que l’industriel indien exclut de construire en Afrique son futur Tejas Mk-2. Pour mémoire cet avion est une version très profondément améliorée de l’avion d’origine.
Sur sa politique d’exportation HAL a clairement décidé de passer à la vitesse supérieure. C’est donc forcément une affaire à suivre.

Photos © Indian Air Force