Le drone, une révolution copernicienne pour les sapeurs-pompiers de France.

Que ce soit le récent drame du gîte de Wintzenheim en Alsace ou encore l’incendie du port de commerce de La Rochelle hier ces deux faits divers sont représentatifs de l’utilisation du drone par les sapeurs-pompiers français. Marginalement employés il y a à peine dix ans les aéronefs légers télépilotés sont désormais omniprésents au sein de la quasi totalité des services de lutte contre l’incendie. Surtout ils y ont retrouvé ce qui fait l’essence même de leur existence dans le paysage aéronautique : éviter de mettre inutilement en danger des personnels. Ils sont devenus tellement courants que l’on ne pourrait plus envisager une intervention de secours d’ampleur sans eux.

Dans les Services Départementaux d’Incendies et de Secours, autant qu’au sein du Bataillon des Marins-Pompiers de Marseille ou que de la Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris, les drones sont employés avant tout comme des caméras volantes. Ces «yeux du ciel» permettent grâce à de la vidéo haute définition et bien souvent à la captation d’imagerie infrarouge de suivre l’évolution des flammes comme l’an dernier sur le mégafeu de Landiras en Gironde ou bien encore de rechercher des victimes dans des décombres à l’image de l’explosion de la rue Saint-Jacques à Paris en juin de cette année. Transportés dans des véhicules légers spécialement aménagés, généralement de type Citroën Berlingo ou Renault Kangoo, voire dans des utilitaires comme le Peugeot Boxer ou le Renault Master, ces drones peuvent rapidement rejoindre les zones d’interventions. Servis généralement par un équipage de deux soldats du feu ils permettent d’obtenir rapidement le renseignement nécessaire à la conduite des opérations.

Avant leur avènement les services de sapeurs-pompiers en France n’avaient pas trente-six solutions pour avoir des images «vues du ciel». Soit ils avaient recours à un hélicoptère Dragon de la Sécurité Civile soit, et c’était là la solution la plus souvent admise, il faisait appel à l’Échelle Pivotante. Vous savez la fameuse «grande échelle».

On comprend alors en quoi au cours de la décennie 2010-2020, et plus encore depuis le début de l’actuelle, l’émergence des équipes de télépilotes a été une révolution copernicienne pour les SDIS, le BMPM, ou encore la BSPP. Cette dernière a d’ailleurs été, une fois encore, pionnière dans le domaine. Ouvrir la voie c’est un peu l’ADN même des pompiers de Paris. Et comme dans tous corps de métier il a fallu un acte fondateur pour permettre la généralisation des drones dans les services de lutte anti-incendie. Celui-ci a eu lieu à Paris le lundi 15 avril 2019.

Il faisait très beau ce jour là, je sais je m’en souviens. Je sortais de mon bureau quand j’ai vu une énorme colonne de fumée s’élever sur ma droite. Des camions de pompiers et des voitures de police traversaient Paris gyrophares et deux tons allumés. Nous étions toutes et tous loin de nous douter de ce qui se déroulait sur l’Île-de-la-Cité, le cœur historique de notre ville : Notre-Dame était en flammes. Que l’on soit croyants comme certains de mes amis et collègues ou totalement athée comme moi c’était un choc car Notre-Dame était alors, est toujours, beaucoup plus qu’un lieu de culte ou qu’une cathédrale. C’était, c’est toujours, un des symboles de Paris dans le monde comme le Louvres ou la Tour Eiffel.

N’écoutant que leur courage et leur professionnalisme tout en suivant leur célèbre devise, «sauver ou périr», les femmes et les hommes de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris ont réalisé un exploit : ils ont empêcher Notre-Dame d’être réduite en cendre mais aussi de s’effondrer. Et pour la première fois les équipes de la BSPP et de la Préfecture de Police ont mises en commun de manière intense leurs moyens de surveillance aéroportée. Les drones ont ainsi permis en temps réel d’apporter le renseignement nécessaire à l’état-major des pompiers de Paris afin que celui-ci dirige ses soldats du feu vers les parties essentielles du brasier. Les drones ont pu établir une cartographie complète de la zone, guidant les lances-canons sur Bras Élévateurs Articulés autant que sur le désormais fameux robot Colossus. Certes les drones n’ont pas sauvé la cathédrale mais ils ont apporté leur pierre à l’édifice.

Au lendemain de cet incendie le monde a les yeux rivés sur Paris. Un certain président américain alors en exercice s’étant même ridiculisé en se demandant sur un réseau social pourquoi la France n’avait pas envoyé sur Notre-Dame ses Canadairs ? Il n’était pas à une ânerie près celui-là. Déjà en coulisses au ministère de l’Intérieur autant que dans les SDIS la révolution était en marche. Les sapeurs-pompiers français sont ainsi, ce sont des femmes et des hommes pragmatiques qui apprennent très vite de leurs expériences et parfois aussi de leurs erreurs. Beaucoup y ont vu l’occasion d’un mea-culpa autour du drone qu’ils voyaient jusque là comme un gadget alors même qu’il avait prouvé son utilité.

Un peu plus de quatre ans après l’incendie de Notre-Dame les drones sont partout dans les services d’incendie. Si au détours d’une balade parisienne vous voyez passer un utilitaire rouge siglé de la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris avec l’inscription VRID dessus c’est une équipe de télépilotes. Leur Véhicule de Reconnaissance et d’Interventions par Drones est désormais bien connu des Franciliens. Partout ailleurs aux quatre coins de l’Hexagone autant que dans les DROM-COM les drones des soldats du feu sont prêts à décaler. Et ils le font !

Photos © Brigade de sapeurs-pompiers de Paris et Sécurité Civile.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

Une réponse

  1. Aux quatre coins de l’héxagone !!!
    Une nouvelle fois ça pique les yeux de celui que vous traitez d’ayatollah.

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