Quels moyens aériens la France possède t-elle au Niger ?

Ce mercredi 26 juillet 2023 un quarteron d’officiers a décidé de renverser le président démocratiquement élu au Niger et d’y prendre le pouvoir sous la forme d’une junte militaire. Depuis, et sous l’influence manifeste de la fédération de Russie, le sentiment anti français et anti européen a été exacerbé auprès des populations civiles au point de mettre en péril les intérêts de notre pays sur place. Il est donc utile de rappeler qu’à Niamey l’Armée de l’Air et de l’Espace entretient sa Base Aérienne 101 forte de plusieurs avions de combat et de drones MALE. Ces appareils servent à la stabilisation du Sahel face aux groupes terroristes armées affiliés à Al-Qaïda et/ou Daech.

Depuis que le président Mohamed Bazoum a été renversé par les militaires, et est retenu prisonnier dans son domicile, les rumeurs les plus folles ont été colportées contre la France. Elles ont notamment été relayés par des «médias» russes comme RT et Tass ou encore par le bouche à oreille. Selon elles les forces armées françaises auraient tirées ce dimanche 30 juillet 2023 contre des manifestants à l’approche de l’ambassade de France tandis que l’Élysée se préparerait à envoyer la Légion Étrangère et le Commandement des Opérations Spéciales pour délivrer Bazoum et restaurer la démocratie. Le premier fait est totalement mensonger et le second ne repose sur rien. Si une opération militaire devait être organisée contre la junte nigérienne elle le serait sous l’égide de la communauté internationale et ne serait pas unilatéralement décidée par Paris. Rappelons que les États-Unis et la Grande Bretagne disposent également de troupes au Niger, elles aussi engagées dans la guerre contre le terrorisme djihadiste.

Dans les faits la présence militaire française est encore très force en ce début août 2023. Sur sa Base Aérienne 101 l’Armée de l’Air et de l’Espace dispose d’une capacité opérationnelle non négligeable et bien supérieure à ce que n’importe quel pays africain de la région ne pourrait rêver posséder. Selon notre décompte ce sont huit chasseurs bombardiers Dassault Aviation Mirage 2000D de la 3e Escadre de Chasse et quatre drones de reconnaissance et d’appui tactique General Atomics MQ-9 Reaper de l’Escadron de Drones 1/33 Belfort qui y sont stationnés et mis en œuvre. Ils sont accompagnés d’un ravitailleur en vol Boeing C-135FR appartenant lui à l’Escadron de Ravitaillement en Vol et de Transport Stratégique 1/31 Bretagne. Il y a encore quelques jours au moins un Lockheed-Martin C-130J-30 Super Hercules de l’Escadron de Transport Binational y était stationné, ayant pris part le 9 juin 2023 à une opération de parachutage de troupes françaises et nigériennes dans la région de Chinagodrar. On ignore si l’avion est rentré en France depuis. Par ailleurs des hélicoptères de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre sont également régulièrement déployés au Niger, dont des Eurocopter Tigre et des NHIndustries NH-90 Caïman TTH. Le nombre exact de voilures tournantes françaises n’est pas connu, le ministère des Armées demeurant assez logiquement discret sur la question.

Si on en croit le Quai d’Orsay qui a la main sur le dossier aucun retrait des troupes françaises n’est actuellement à l’ordre du jour. Et si cela devait changer nos militaires ne plieraient pas bagages à la va-vite. La France n’a pas faibli face à la junte militaire malienne et à son apprenti dictateur Goïta quand elle a retiré la force Barkhane elle en fera de même face à la junte nigérienne dirigée par le général Omar Tchiani. C’est lui actuellement le nouvel «homme fort» du Niger même si la communauté internationale, CEDEAO et Union Européenne en tête, ne lui reconnaissent aucun pouvoir. Pour le monde entier c’est toujours Mohamed Bazoum qui préside à la destinée du Niger.

Il est évident que depuis ce mercredi 26 juillet 2023 le niveau de sécurité autour de la Base Aérienne 101 de Niamey est extrêmement élevé. Les aéronefs français présents sur place représentent un gage de stabilité pour nos intérêts ainsi que ceux de nos alliés et partenaires européens.

Affaire donc à suivre.

Photos © Armée de l’Air et de l’Espace.