De nombreuses questions après l’atterrissage d’urgence d’un Airbus A320 en Russie.

La réalité de la sécurité et de l’entretien mécanique des avions immatriculés en Russie revient avec cet accident. Ce mardi 12 septembre 2023 au petit matin un avion de ligne Airbus A320 appartenant à la compagnie Ural Airlines a réalisé un atterrissage d’urgence au beau milieu d’un champ. Le biréacteur réalisait une liaisons commerciale régulière entre Sotchi et Omsk avec 165 passagers et membres d’équipage à son bord. Il n’y a fort heureusement aucune victime et uniquement des dégâts matériels.

Selon les premiers éléments fournis par la Russie l’avion aurait subi une avarie hydraulique au niveau du train d’atterrissage avant. Le commandant de bord s’en serait rendu compte à l’approche immédiat de l’aéroport régional d’Omsk et aurait décidé de remettre les gaz afin de se diriger vers une plateforme plus sécurisée : l’aéroport international de Novossibirsk. L’intégralité de la manœuvre a été réalisée sous le strict contrôle de l’aviation civile russe qui a donné son feu vert. Malheureusement l’Airbus A320 était déjà sur ses réserves et n’avait plus assez de carburéacteur pour rejoindre sa nouvelle destination. Le commandant de bord a alors choisi l’atterrissage d’urgence sur un terrain agricole, une des spécialités chez Ural Airlines. Le train avant était partiellement sorti et ses trappes donc grandes ouvertes. Malgré le choc et l’atterrissage particulièrement dure l’aviation civile russe et la compagnie aérienne annonce qu’aucun membre d’équipage ou passager n’a été blessé. Les toboggans d’évacuation ont parfaitement fonctionnés tandis que les équipes de secours se sont rapidement rendues sur zone pour protéger l’intégrité de l’avion de ligne.

Il ne pourrait s’agir que d’un accident isolé si depuis quelques semaines les incidents mettant en cause des éléments électriques, hydrauliques, ou encore mécaniques des avions ne se multipliaient. À chaque fois il s’agit d’avions de facture «occidentale» utilisés par des compagnies russes. Ainsi par exemple le weekend dernier un Boeing 737-300 appartenant à la compagnie NordStar a connu une panne subite de son système de pressurisation tandis qu’un Embraer ERJ170 de S7 Airlines subissait lui une avarie au niveau de ses volets. À chaque fois heureusement les avions s’en sont sortis sans trop de dommage et sans victime. Si on remonte un peu plus loin dans le temps on compte près de trente incidents majeurs sur de tels avions opérés en Russie. Le 9 mars 2023 par exemple c’est l’un des deux réacteurs d’un Boeing 737-800 d’Izhavia qui a pris feu en plein vol alors qu’aucune alarme n’a retenti dans le cockpit. Les investigations menées par l’aviation civile russe ont démontré le mauvais entretien général de l’avion.

Et c’est justement là que le bat blesse. Parmi toutes les strates de l’industrie aéronautique russe les compagnies aériennes et l’entretien de leurs avions de ligne sont  la partie visible de l’iceberg. Depuis l’invasion de l’Ukraine et les sanctions décidées par les Alliés contre la fédération de Russie les incidents se multiplient. Jusque là fort heureusement il n’y a pas de mort. Quand cela changera le responsable ne sera pas à chercher à Bruxelles, Paris, ou Washington DC mais au Kremlin ! Si la Russie veut que ses avions de ligne cessent d’être des cercueils volants en puissance elle doit faire pression sur son autocrate pour qu’il mette fin à son illégitime «opération militaire spéciale». Dès lors Airbus, Boeing, CFM International, Embraer, ou encore Pratt & Whitney Canada pourront revenir s’occuper des avions russes. Et la sécurité des passagers sera garantie.

À titre très personnel je trouve que le pilote russe d’Ural Airlines a formidablement bien posé son A320. Il a sauvé la vie de ses passagers et collègues. Chapeau bas l’artiste !

Photo © agence Tass.

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

16 réponses

  1. Pour ne pas perdre la face, nul doute que la Russie fera remarquer à ses concitoyens la mauvaise qualité des avions occidentaux, à remplacer au plus vite par des avions de facture nationale bien plus sûr et performant. On est plus à un mensonge près.

    1. Des avions de facture nationale ? Lesquels ? J’ai beau chercher, je ne vois pas. Construire un 737 ou un A320 sans composants occidentaux, c’est au delà de la propagande. On serait du niveau de l’avion furtif de 9ème génération iranien. Oui, oui, 9ème génération de maquette.

      1. Vous oubliez Ingo que le MC-21 récemment repris par Yakovlev est un avion de ligne ambitieux destiné à supplanter justement ces deux modèles.

        1. Oui, c’est l’ambition des russes mais ils en sont au stade des prototypes plutôt que de la série. De là à produire assez d’avions pour remplacer les Airbus et Boeing, de l’eau va couler sous les ponts surtout avec les sanctions occidentales.

  2. Merci Arnaud, de saluer les compétences du personnel navigant tant pour l’atterrissage que pour l’évacuation des PAX. Par contre cet accident corrobore bien ce que tous les analystes sérieux envisageaient sur l’avenir de la flotte civile en Russie avec une maintenance incomplète à la suite blocus. Mais vu le boucher à la tête du pays , je ne suis pas certain que cela l’émeuve plus que cela.

  3. Autrement dit, après moins de 2000 nautiques parcourus depuis Sotchi, il ne lui restait pas assez de pétrole pour les 350 nautiques restants qui lui auraient permis de rejoindre Novossibirsk. C’est bien réglementaire ça?… même en Russie?…
    Alors oui, chapeau bas l’artiste pour l’atterrissage de fortune, mais pour ce qui est du calcul de l’autonomie de son avion, il a encore des progrès à faire…

  4. Ne pas oublier le marché des pièces aéronautique pirate d’origine chinoise prouvée dans une enquête du NTSB, y compris des pièces de moteurs….

  5. Une telle situation en France provoquerait la fuite des clients et l’effondrement du transport aérien de passagers. Question : la population russe est elle informée de la gravité de la situation ? Si oui les voyageurs russes sont vraiment courageux

    1. En France et plus largement dans l’UE la question ne se poserait pas car les règles de sécurité auraient déjà cloué l’avion au sol bien avant la défaillance. Si elles sont si drastiques chez nous c’est pour éviter ce genre de « désagrément ».

  6. Bonsoir,
    je ne suis pas certain que Poutine arrête le guerre en Ukraine dans le seul but de pouvoir récupérer les pièces de maintenance des A320 et B737……….

  7. Les étasuniens et les européistes font tout pour détruire la civilisation occidentale et la culture slave. Les Airbus et les Boeing ont été saboté par les ennemis de notre sainte mère la Russie.

    1. Ayant travaillé dans la maintenance aéronautique pour un groupe francais, vous pourriez ouvrir de grands yeux si vous saviez tout.

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