Top Gun contre IA

Le 2 mai dernier, le Secrétaire de l’USAF Frank Kendall a volé sur le siège avant du X-62A VISTA. Cela lui a permis de faire l’expérience directe de cet avion unique, qui intègre l’apprentissage automatique et des logiciels hautement spécialisés pour tester le vol autonome. Grâce à l’intelligence artificielle (IA), l’avion a exécuté une série de manœuvres tactiques dans un scénario de combat aérien. Pendant tout le vol, ni le secrétaire Kendall, ni le pilote d’essais assis derrière lui, n’ont touché aux commandes du X-62A. Inutile de dire que le Secrétaire fut impressionné.

Depuis que le X-62A s’est joint au programme Skyborg en 2022, l’avion doté d’une puissance de calcul permettant des applications d’IA avancées acquiert des capacités dont on pouvait à peine rêver il y a quelques années. En 2023, l’IA du X-62A débutait son entraînement au combat aérien et sa progression à ce chapitre est phénoménale. Passant de la théorie sur simulateur à l’apprentissage pratique lors de combats aériens contre des pilotes sur F-16 Fighting Falcon, le X-62A est dorénavant capable de remporter des victoires contre des humains. L’IA a le grand avantage de ne pas avoir de limitation physiologique, ce qui lui permet d’effectuer des manoeuvres dont la force G plongerait tout pilote humain dans un voile noir.  En fait, les programmeurs ont dû réduire les ardeurs de l’IA afin qu’elle ne dépasse pas les limites structurelles de l’avion afin d’éviter une désintégration en vol ! Pour l’IA, les combats aériens rapprochés représentent tout un défi car ils sont intrinsèquement imprévisibles. C’est l’une des compétences les plus difficiles  à maîtriser. C’est pourquoi les pilotes de chasse doivent fréquenter les écoles Top Gun pour perfectionner cet art. Or, il semble que l’IA du X-62A soit un très bon élève qui intègre les leçons tirées de chacun de ses combats simulés. Secret oblige, les responsables du programme refusent toutefois de dévoiler le nombre de fois que le X-62A a envoyé ses adversaires humains au tapis.

On est toutefois encore loin du scénario d’escadrons entiers d’avions de chasse sans pilote montant à l’assaut sans aucune intervention humaine. L’expérience acquise avec le X-62A VISTA vise avant tout à alimenter le programme de drones autonomes collaboratifs de type Loyal Wingman comme les XQ-67A OBSS et XQ-58 Valkyrie actuellement en développement. Ces drones accompagneront éventuellement des avions pilotés tels que des F-35 Lightning II. Ils seront particulièrement utiles pour effectuer des opérations risquées de reconnaissance, de guerre électronique et de frappes aériennes en territoire hostile. On pourrait penser que les pilotes de chasse soient réticents à former l’IA, de peur d’être éventuellement remplacés. Toutefois, ils savent pertinemment que des puissances hostiles vont tôt ou tard également aligner de tels drones autonomes. La course à l’armement entre dans une nouvelle dimension digne des films de science fiction !

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Marcel
Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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Commentaires

11 réponses

  1. Et pour voir « TOP GUN – Maverick vs IA », devrais-je envoyer mon avatar au cinéma?
    Salut à toute l’équipe

  2. Le pb avec l’IA est que ça fonctionne dans les 99% des cas quand tout est Ok, càd que les informations recueillies sont conformes à la réalité et prévues par le système pour qu’il trouve la bonne solution/réponse
    Dans le 1% qui reste, c’est quand le système tombe sur une situation non prévue (erreur d’algorithme) ou digère des informations erronées pour différentes raisons: Capteurs en panne ou brouillés/leurrés intentionnellement ou non (météo) et seul l’homme pourrait peut-être comprendre la situation et éviter le piège, donc il faut absolument que l’homme soit dans la boucle de décision.
    Un cas de système qui fonctionne bien mais qui ne peut éviter l’accident est celui des tubes Pitot qui renseignent mal le système qui gère les commandes de vol.

    1. Pas nécessairement. En fait, dans l’IA il n’y a pas à proprement parler d’algorithme et si l’IA est « éduquée » pour cela, elle peut détecter des divergences entre les différents capteurs ou entre les actions prises et les résultats attendus, et s’adapter. Par contre, ce qui manque encore actuellement à ce type d’IA, c’est l’imagination et l’imprévisibilité.

      1. Quand j’écrivais algorithme en fait c’est général et ça comprenait aussi l’apprentissage
        Et d’autre part, oui l’imagination est difficile à faire apprendre à la machine

        1. Il y a des exceptions, comme AlphaZero, mais ça implique des conditions d’apprentissage difficiles à reproduire dans le monde aéronautique. Quand on pourra simuler de manière 100 % réaliste (à un fifrelin près) deux heures d’opération aérienne en 1 seconde, on en reparlera…

    2. Mais d’un autre côté, si l’humain fonctionne bien dans 98% des cas et dans 2% il perd ses repères spatiaux et/ou dépasse le domaine de vol, cela rend l’IA plus fiable qu’un humain.

      Le choix final « carbone contre silicium », c’est une question de rapport bénéfice risque, comme tout problème traité un peu sérieusement.

      1. Je n’oppose pas l’homme à l’IA mais plutôt les faire cohabiter, l’IA est une aide, assistance pour l’homme comme le sont déjà certains équipements dans les avions récents

  3. L’IA, ça fait un temps qu’on en parle mais toujours rien de concret (dans le sens fonctionnel à 100%).
    L’esprit perdurera, l’IA ne fait que d’assister.

  4. Fin des années 90 j’avais vu passer une offre d’emploi pour la NASA. Il s’agissait d’utiliser des réseaux de neurones artificiels pour permettre à un avion de rester manoeuvrable au-delà de son domaine normal de vol, ou en cas de dommage sévère…

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