Israël emploie (enfin) son très controversé Boeing 767 « Wing of Zion ».

Toujours en quête d’une reconnaissance internationale le plaçant au niveau d’un Joe Biden, d’un Emmanuel Macron, d’une Giorgia Meloni, ou d’un Xi Jinping le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a dès 2019 fait la démarche pour posséder son propre avion de transport de hautes personnalités. Officiellement baptisé «Wing of Zion» ou en hébreu «Knaf Tzion» ce Boeing 767-300ER a été acquis de seconde main auprès de la compagnie aérienne australienne Qantas. Or cette semaine il a réalisé sa première mission officielle à destination des États-Unis. Seul hic dans celle ci l’avion n’accueillait nullement le chef du gouvernement israélien.

Il faut être très honnête celui qu’Israël présente souvent comme l’équivalent des avions présidentiels américains et français est un superbe appareil. Sa livrée à dominante bleue est particulièrement élégante. Aménagé pour l’accueil de 60 passagers, dont les officiers de sécurité et le personnel de cabinet de Benyamin Netanyahou, il serait doté d’équipements de communications encryptées dernier cri. C’est d’ailleurs ce qu’on attend d’un tel avion !

Or donc cinq ans après son achat de seconde main auprès de la compagnie nationale australienne celui qui évolue sous l’immatriculation 4X-ISR a réalisé une première liaison officielle entre Israël et la côte est des États-Unis. Un vol annoncé par la presse locale à un coût jugé exorbitant : 200 000 dollars US. Il faut dire que pour ce prix l’avion primo-ministériel ne transportait que des officiers de sécurité, leurs armes, et du matériel de soutien. L’avion est retourné à vide en Israël afin de pouvoir accueillir son passager de marque qui doit être reçu prochainement par Joe Biden à la Maison-Blanche. Dès lors «Wing of Zion» prendra tout son sens. Cela va t-il pour autant calmer ses détracteurs  ? Pas sûr du tout…

Car en Israël tout le monde n’applaudit pas la décision prise en 2019 de racheter à Qantas un avion de ligne alors vieux de dix-neuf ans. Certains ont critiqué ce choix estimant que le gouvernement aurait pu investir dans un avion neuf. Et l’expérience à l’étranger démontrent qu’ils avaient tort. L’actuel Cotam Unité de l’Armée de l’Air et de l’Espace ou encore les deux futurs Boeing VC-25B destinés au remplacement des VC-25A de l’US Air Force sont tous des avions ayant connu une carrière civile auparavant. Il en est de même de l’Ilyushin Il-96 officiel de Vladimir Poutine. Bien entendu on pourra toujours trouver des contre-exemples comme l’Airbus A350 officiel allemand. Autre pierre d’achoppement dans ce dossier l’opposition de gauche et de centre gauche qui depuis des années accusent le gouvernement israélien de cacher des informations autour du financement de la transformation de l’avion de ligne en avion de transport de hautes personnalités. Des soupçons de corruption existent d’ailleurs localement, notamment au profit de l’avionneur IAI maître d’œuvre du chantier. Rien n’a cependant été jusque là clairement prouvé. Les mêmes élus de gauche et de centre gauche hurlent au gaspillage d’argent public.

Il faut dire que jusqu’en 2006 c’est un avion ravitailleur Boeing 707-320C Re’em qui assurait ce rôle avant qu’il soit jugé trop vieux pour cela. Ensuite le gouvernement israélien a décidé d’avoir recours à un Boeing 777-200ER appartenant à la compagnie aérienne étatique El Al. Lorsqu’il ne volait pas comme avion officiel israélien l’appareil en question assurait un service commercial tout à fait classique. Seulement voilà en 2019 Benyamin Netanyahou en a décidé autrement. Caprice de diva de sa part ? Oui et non. Chaque pays a bien le droit de posséder un tel avion, il en va aussi de son image dans le monde. Ce type d’appareil est souvent même vu comme un outil de diplomatie.

Il n’en demeure pas moins que 200 000 dollars US le vol de soutien logistique cela reste en travers de la gorge de pas mal d’Israéliens. Et la presse locale s’en donne à cœur joie, en rappelant qu’un Lockheed-Martin C-130J-30 Shimshon aurait aussi bien fait l’affaire, moyennant une escale technique en Europe. Mais bon ça aurait eu moins de gueule !

Photo © Heyl Ha’Avir.