L’Inde officialise son futur chasseur de 5e génération.

Depuis 36 heures tout et son contraire ont été dit et écrit sur lui, et souvent un peu n’importe (beaucoup) n’importe quoi ! Pour reprendre une expression chère à l’excellent Pierre Albaladejo il est important ici de «remettre l’église au milieu du village». Car l’officialisation du programme AMCA, pour Advanced Medium Combat Aircraft, ne met absolument pas en danger le Dassault Aviation Rafale auprès de l’Indian Air Force. Et pour cause les deux avions ne relèvent pas du même usage premier.

D’abord contrairement à ce que certains médias francophones grands publics ont pu dire et écrire l’AMCA n’est absolument pas une nouveauté en soit. Quiconque s’intéresse un minimum à l’aéronautique militaire en a entendu parler depuis plusieurs années. On sait en fait que depuis les années 2010 la DRDO, la fameuse Defence Research and Development Organisation indienne travaille sur un programme d’avion de combat de 5e génération. Celui-ci a connu de nombreux soubresauts, on l’a cru un temps annulé mais depuis 2020 et la crise pandémique du Covid-19 il est officiellement sur les rails. Des maquettes et des vues d’artistes sont d’ailleurs régulièrement dévoilées, souvent avec l’assentiment direct voire la promotion de la DRDO. On est juste pas sûrs à 100% que Hindustan Aircraft Limited sera à la barre de sa phase industrielle. Il existe encore une possibilité pour que le gouvernement indien choisisse un autre industriel, en fait la branche aéronautique du géant Tata. De toutes manières les ingénieurs de la DRDO ont déjà mâché une grosse partie du chantier.

Les grandes inconnues actuellement autour de ce futur Advanced Medium Combat Aircraft concernent surtout les parties industrielles sur lesquelles les Indiens peuvent encore être perfectibles : l’avionique et la motorisation. Plusieurs sources indiquent que New Delhi aurait prit attache avec des industriels aux États-Unis et en France afin d’y remédier. L’AMCA ne sera donc pas un avion 100% indien, loin s’en faut. En fait le pilotage du programme par la DRDO plutôt que par l’avionneur HAL ou un de ses concurrents vise à ne pas renouveler les erreurs qui ont fait du Tejas un programme qui traine en longueur.

Même si esthétiquement il tient plus des Lockheed-Martin F-35A Lightning II américains et Shenyang J-35 chinois il est indéniable que cet AMCA va tirer profit des erreurs du FGFA, le Fifth Generation Fighter Aircraft russo-indien annulé en 2019 et qui aurait été une version locale du Sukhoi Su-57 Felon. Les ingénieurs indiens ont forcément appris des errements russes en la matière.

Alors pourquoi est-ce que dire et écrire que l’AMCA met le Dassault Aviation Rafale en danger est au minimum une ânerie XXL, voire plus vraisemblablement un mensonge ou bien la preuve d’une totalement méconnaissance du dossier ? D’abord parce que la version de série de cet avion furtif indien n’entrera pas en service avant au plus tôt dix ans et plus vraisemblablement quinze. Objectif 2035-2040 donc quand on sait que l’Indian Air Force doit conserver ses Dassault Aviation Rafale jusqu’aux alentours de 2050-2055. Ensuite l’AMCA a été conçu pour remplacer les actuels Sukhoi Su-30MKI Flanker-H et non pas les Rafale. Et enfin il serait stupide d’avoir mis plusieurs milliards de roupies dans un programme MRFA si c’était pour lancer ensuite son remplaçant. Les Indiens ne font rien de stupides, ils n’en ont plus le temps.

Vous l’aurez compris ce programme AMCA officiellement lancé avant-hier c’est l’avenir aéronautique indien. Officiellement l’Indian Air Force entend en acquérir au minimum 126 exemplaires. On ignore cependant si New Delhi essayera de le placer sur le marché d’export, face aux nombreux concurrents.

Affaire (bien évidemment) à suivre.

Vue d’artiste © DRDO

PS : La vue d’artiste ne présente pas une version dronisée de l’AMCA. C’est juste que l’infographiste qui l’a réalisé a pensé à représenter les missiles, il a juste omis les pilotes dans les cockpits. C’est ballot.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

12 réponses

  1. Une grosse centaine d’exemplaires cela me paraît assez peu compte tenu de la superficie de l’Inde, de sa population, et surtout de la puissance militaire de ses voisins (et opposants): Pakistan et surtout Chine…

    Bel article de l’infatigable Arnaud… Merci.

      1. Bonjour Arnaud, Staff et Passionnés
        Arnaud, vous savez que je respecte Avions Legendaires et son Staff. Vous devez m’excuser mais je ne pense pas que vous puissiez dire une chose pareille.
        L’industrie indienne n’est pas capable de produire un chasseur de cinquième génération.
        Le HAL Tejas devait être un avion indien. Conception indienne, moteurs indiens, électronique indienne et armes indiennes.
        Le projet est français, le moteur est américain, l’électronique et une partie de l’armement sont israéliens, et une partie de l’armement est ex-soviétique. Et après quarante ans depuis le début du projet, cela ne fonctionne toujours pas. J’évite de faire de l’ironie qui pourrait paraître raciste.
        Entre-temps, la Corée a produit le KF-21 Boramae, la Turquie a fait voler le TAI TF-X Kaan, l’ex-Union soviétique a mis en service le Sukhoi Su-57 ( peu nombreux mais ils volent ), la Chine a mis en service le Chengdu J-20.
        L’Inde ferait mieux de prendre un “ bagno di umiltà “, ( bain d’humilité ) d’acheter de nombreux Rafale de Dassault Aviation, d’essayer de lancer une production sous licence et de rejoindre en tant que partenaire junior le FCAS ( Future Combat Air System ).
        Aller à l’école avec quelqu’un qui sait fabriquer des avions de chasse n’est pas une honte.
        Traduit avec Google.

  2. Vous êtes rigolos sur ce blog. Les hindous balancent des images IA d’un chasseur du futur et vous y croyez? Sa serait bien d’être un peu plus pros. Un pays du tiers-monde ne fera jamais d’avion moderne ce Amca n’y fait pas exception. Devenez pro si vous voulez dépasser les 10 ou 15 ******* qui vous lisent parfois. Moi je ne perds pas mon temps avec vous. Par contre c’est une erreur de Macron de vendre des Rafale a des gens pareils, ils vont refiler la technologie aux russes.

    1. C’est terrible le gars qui dit qu’il ne suit pas le site mais largue quand même son commentaire complètement idiot… Le GCAP, SCAF, F-47 ont aussi des images générées c’est normal encore plus normal que le AMCA indien vient à peine être annoncé.

    2. 1) Les habitants de l’Inde sont les indiens pas les hindous qui représentent les pratiquants de l’hindouisme.
      2) On ne dit plus tiers-monde mais pays en voie de développement. Pour info l’Inde est la 4ième puissance économique mondiale en PIB nominal et 3ième en PPA.
      3) 10 ans pour concevoir et produire un avion (surtout qu’ils ne partent pas de 0), sachant qu’ils vont sans doute recevoir de l’aide extérieure, ça me parait jouable.
      4) Je ne vois pas pourquoi les indiens « refileraient » la technologie aux russes…
      Question intéressante : en 2023, Paris et New Delhi ont signé la feuille de route du centenaire des relations franco-indiennes, où figure un projet de développement conjoint d’un système de combat aérien, la France jouer a-t-elle un rôle dans ce projet AMCA, ne serait-ce qu’au niveau de la motorisation ?

  3. Français né indien je suis ravi de lire un article sur mon pays d’origine dans ma nouvelle langue. Et je le suis encore plus en découvrant que l’auteur ne tente pas de casser du sucre sur le dos de l’Inde. Bien sûr les Indiens ne sont pas les Français ils n’ont pas la même tradition industrielle mais le pays avance vite, dans toutes les strates de sa société, et je pense qu’avec l’aide de nos partenaires ce AMCA peut parfaitement faire oublier l’échec du Tejas. Et bien vu sur l’absence de pilote dans les cockpits, sans doute que le dessinateur avait l’esprit ailleurs. Je viens de mettre votre site dans mes favoris, je vais revenir.

  4. Je travaille pour une société IT française de 340000 employés, avec 180000 indiens. Aujourd’hui on est loin de la situation difficile des débuts en Inde, même si les différences culturelles reste le plus gros problème. Essayez de faire dire non à un indien…. Il dira toujours oui, surtout si la réponse est non…. Cela nécessite une manière de poser des questions particulières…
    Le pays évolue vite (pas comme la prise de décision), ils forment des scientifiques et ingénieurs de haut niveau. Ils seront grandement capable de produire un tel avion, surtout que je pense que Dassault, Safran, et Thales seront impliqués d’une manière plus ou moins ouverte.

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