L’information a été révélée le weekend dernier par Michael Williamson, président de Lockheed Martin International, en marge du Royal International Air Tatoo. L’avionneur américain est actuellement en pourparlers avec plusieurs pays européens n’ayant pas choisi d’acquérir le chasseur F-35A Lightning II. Non pas que le constructeur veuille leur vendre à tous prix son avion, il envisage plutôt de leur permettre d’ouvrir certaines de leurs bases afin qu’y soient installés des centres techniques d’urgence. Plusieurs sources parlent de l’Autriche, de la France, de la Suède, ou encore des trois états baltes.
Il faut dire que les pays d’Europe qui ne font pas ou qui n’ont pas dans l’intention de faire voler le Lockheed-Martin F-35A Lightning II vont bientôt devenir des exceptions. Chasseur universel en devenir ou futur tueur de l’industrie aéronautique européenne c’est au choix, à moins qu’il soit les deux. N’empêche que rien qu’autour de nous seuls le Luxembourg est quasi assuré de ne jamais en posséder. Les Britanniques et les Italiens le font déjà voler. Les Allemands, les Belges, et les Suisses l’ont commandé. Et les Espagnols s’en rapprochent de plus en plus, pour le compte de leur aéronavale.
L’idée de créer ainsi des escales aériennes spécifiquement dédiées au chasseur de 5e génération de Lockheed-Martin interroge. Bien sûr les communicants de l’avionneur vous répondront qu’il s’agit là d’un investissement gagnant-gagnant qui permettra aux forces aériennes des états en question de travailler en synergie avec le meilleur avion de combat du moment. Dans le même temps les dits états pourront inscrire leurs aviations militaires dans un effort stratégique visant à plus de cohérence dans la défense européenne. Vous le sentez bien le blablas commercial habituel ? Car tout cela ce ne sont que des éléments de langage.
Fondamentalement Lockheed-Martin cherche une nouvelle stratégie commerciale pour placer son best-seller auprès de pays qui jusque là n’avaient pas l’intention ou pas les moyens de se payer le F-35. Si cela peut marcher avec des états comme l’Autriche, l’Estonie, la Lettonie, ou encore la Lituanie on est plus que circonspect vis-à-vis de la France et de la Suède. En effet toutes deux possèdent une industrie aéronautique forte qui leur permet d’avoir développé leurs propres chasseurs respectifs à savoir le Dassault Aviation Rafale et le Saab JAS 39 Gripen. Tous deux sont de génération 4.5 et tous deux font aussi bien le job que le Lightning II.
À moins vraiment que l’avionneur américain ait (enfin) compris que son avion de combat avait des défauts. Des centres techniques d’urgence ou simplement d’avitaillement en carburant permettraient ainsi de pallier les dits défauts lors d’opérations aériennes complexes. Si tel est le cas c’est une décision à double tranchant car elle pourrait jouer en défaveur du F-35.
Quoiqu’il en soit entre les éléments de langage de Lockheed-Martin et la révélation par Michael Williamson des négociations en cours on ne peut que s’interroger sur la pertinence d’un tel projet.
Affaire (forcément) à suivre.
Photo © Aeronautica Militare
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Une réponse
2 questions à se poser, car en ce bas monde rien n’est jamais fait de manière désintéressée :
1. N’est-ce pas là un cheval de Troie ? (Capacité complémentaire pour du renseignement électronique dans des pays où les US ne sont pas ou peu présents et actions commerciales agressives auprès de clients encore hésitants)
2. Et enfin, sur un sujet apprécié de Mister TACO: puisqu’on parle de deal, combien la société Lookheed-Martin est-elle prête à payer pour le service rendu ? (Histoire de faire monter les enchères….)