La Suisse va t-elle réduire sa commande de Lockheed-Martin F-35A Lightning II ?

Voilà qui risque bien de faire mentir la célèbre expression suisse francophone : «y a pas le feu au lac». Dans l’affaire du surcoût des F-35A Lightning II on annonce désormais que le DDPS (le puissant Département fédéral de la Défense, de la Protection de la population et des Sports) pourrait bien revoir à la baisse son acquisition de l’avion de combat américain. Il n’est pas question pour les Suisses de tourner le dos aux Lockheed-Martin F-35A Lightning II mais aussi de dépenser plus que les six milliards de francs annoncés en 2022 lors de la signature du contrat. Dans le pays du mythique secret bancaire on ne plaisante pas avec les pépettes !

En temps normal nos amis et voisins suisses sont plutôt réputés pour être des gens flegmatiques et pragmatiques. Ils aiment à cultiver l’art de prendre leur temps, de ne rien faire dans l’urgence. Sauf que là il semble bien avoir décidé d’agir dans l’urgence. C’est le conseiller fédéral Martin Pfister qui depuis le 1er avril 2025 a repris le contrôle de l’affaire des F-35A Lightning II, en remplacement de sa consœur Viola Amherd. Et celui-ci a l’air de vouloir prendre le taureau par les cornes.

Le contrat initial portant sur trente-six chasseurs de 5e génération prévoyait un coût d’environ six milliards de francs. Or à la fin du mois de juin le gouvernement fédéral des États-Unis a fait savoir au conseil fédéral suisse qu’un surcoût pouvant atteindre 1,3 milliard de dollars US était à l’ordre du jour. Certains économistes américains spécialistes des questions d’aéronautique et de défense disent que celui-ci pourrait être contenu aux alentours de 600 à 820 millions de dollars. Cela demeure tout de même une somme rondelette pour le contribuable helvète. Ces surcoûts sont, selon Washington DC, la résultante de compensations à la fois de la hausse des prix des matières premières et de l’énergie mais aussi du coût de l’inflation outre-Atlantique.

Dans cette affaire Martin Pfister a indiqué clairement que son pays ne versera pas un franc supplémentaire. Et dans la presse il a indiqué qu’il envisageait d’acquérir moins que les trente-six F-35A Lightning II initialement annoncé. La Suisse devra t-elle se contenter de trente ou trente-deux chasseurs multi-rôles ? La question est posée. Déjà que l’avion furtif était loin de faire l’unanimité avant ce scandale mais là il y a vraiment le risque qu’il devienne un total mal-aimé de l’autre côté du lac Léman. Il est donc urgent pour la diplomatie américaine de déminer la situation.
Non pas que la Suisse envisage d’annuler son contrat au profit d’un avionneur européen comme Dassault Aviation, Eurofighter, ou même Saab ; cela n’arrivera pas ! La Suisse veut le Lockheed-Martin F-35A Lightning II et surtout pas d’avion européen. Elle ne veut cependant pas le payer à n’importe quel prix. Alors entre l’ambassade américaine à Berne et Lockheed-Martin on cherche une sortie de crise.

Martin Pfister ne peut cependant pas agir seul. Une commission d’enquête a été formée afin d’élucider des éventuels manquements dans ce dossier. Ce qui semble assuré c’est que les relations entre Berne et Washington DC s’en trouvent largement dégradées. Reste à savoir donc désormais combien d’avions les aviateurs suisses réceptionneront à partir de 2027 ?

Affaire à suivre.

Photo © US Air Force

NDLR : Rappelons pour nos lectrices et lecteurs non européens que la monnaie officielle de la Confédération Helvétique est le franc suisse et non l’euro.


En savoir plus sur avionslegendaires.net

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Image de Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
articles sur les mêmes thématiques
Commentaires

9 réponses

  1. Après la volonté US d’annexer le Groenland, le Danemark s’est fait mettre plus bas que terre par Donald Poutine (alias TACO). Et que se passa-t-il ? Après un p’tit coup de fil de 40 minutes à se faire copieusement insulté par l’agent orange, ce pays scandinave, plutôt que de se tourner vers les industries de défense européenne, s’empressa de racheter – encore – des F35 Lightning II… Allez comprendre ? (Un peu SM ces scandinaves… ). Cela a créé un précédent peu reluisant pour nous autres Européens.
    Et à votre avis, que va-t-il se passer pour la Suisse ? Lorsque les US menaceront les banques suisses de bloquer toutes leurs activités au niveau mondial, je fiche mon billet de 100 Euros (ou plutôt 100 francs suisse) qu’ils vont commander un complément de ces avions, sans omettre quelques missiles supplémentaires (oubliés lors du premier achat).

  2. et si il n’y aucun « accord » suite a cette de prix… il peut se passer quoi ? avoir moins d’avions? annulation ? se tourner vers d’autres constructeurs ? apres tout on peut imaginer que donald , fidele a lui meme dire , je m ‘en fou ca sera comme ca et pas autrement et hop une petit chance pour notre Rafale 😀

    1. S’ils n’arrivent pas à se mettre d’accord, 2 possibilités Soit une réduction de la commande comme évoquée dans l’article, soit si l’état décide de céder, une hausse de 10% du budget initial permettrait de soumettre une annulation de commande à référendum. Pour organiser un tel référendum, 50 000 signatures seraient nécessaires… (ce qui devrait être aisé, vu qu’à ce jour environ 80% de la population helvétique est contre l’achat de F-35)

      1. SI ce genre de jeu de mots est effectivement désobligeant et insultant, il est sur quasi toutes les lèvres de la population de suisse francophone… signe de sa véracité.
        Aujourd’hui contrairement à ce que l’on peut penser la cote d’impopularité du f-35 (et de Mme Amherd) a surtout grimpé depuis l’annonce du coût de la mise à jour Block4 (6 mois après la livraison des appareils, cela fait désordre), et non suite à la dernière hausse des prix qui, elle, a plutôt confirmé la pensée des Suisse quant au mal-fondé de cet achat.

  3. Pour avoir côtoyé un (jeune à l’époque) ingénieur de Dassault qui était dans la sphère du marché des Mirage III pour la Suisse, il faut savoir que nos amis venaient tous les 4 matins avec des exigences différentes: à savoir des capacités différentes pour le radar, des aménagements spécifiques pour le cockpit et la planche de bord, j’en passe et des meilleures.
    Il faut bien comprendre que l’avionneur, pour customiser sur mesure l’avion, ne pouvait que le facturer. Et ça les Suisses avaient bien du mal à l’admettre.
    J’espère pour eux que tout se passera bien…. mais c’est mal engagé !

Laisser un commentaire

Seuls les comptes authentifiés sont désormais autorisés à commenter les articles d’actualités. Si vous avez créez un compte, vous devez vous identifier. Si vous souhaitez obtenir un compte personnel vérifié, vous pouvez faire une demande de compte en suivant la procédure (la création n’est ni automatique, ni immédiate et est soumise à contrôle)

Sondage

Lequel de ces pays serait le plus susceptible de renoncer au F-35 au profit du Rafale ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié

Karo ANBO IV

Tirant les enseignements de la guerre polono-lituanienne de 1920 le chef de guerre et ingénieur aéronautique lituanien Antanas Gustaitis comprit très vite que son pays

Lire la suite...