La Suisse volera (définitivement) sur Lockheed-Martin F-35A Lightning II.

Le (faux) suspens est désormais terminé ! Les parlementaires suisses ont tranché ce jeudi 15 septembre 2022 en donnant leur aval à la commande de trente-six chasseurs furtifs Lockheed-Martin F-35A Lightning II. Un contrat estimé à cinq milliards et demi d’euros qui est loin de faire l’unanimité dans ce petit pays européen à la neutralité bien connue. C’est de ce fait la fin des espoirs pour celles et ceux qui croyaient encore en une seconde chance en faveur d’Airbus Defence & Space ou de Dassault Aviation.

Les parlementaires suisses auront donc finalement mis à peine plus d’un an pour donner satisfaction au conseil fédéral. C’est en effet en juin 2021 que celui-ci avait décidé de déclarer vainqueur le chasseur américain de 5e génération, faisant ainsi un peu plus bondir l’action Lockheed-Martin à Wall Street. Gageons qu’aujourd’hui ses actionnaires et dirigeants auront de nouveau la banane même si honnêtement il n’y avait pas vraiment de suspens sur le vote souverain des élus suisses.
En effet l’initiative populaire appelée «Stop F-35» n’avait pas réussi à faire le plein de votes de parlementaires pour réussir à infléchir la décision politique. Nous en avons eu aujourd’hui la cruelle confirmation. C’est aussi la limite d’une votation citoyenne face à un scrutin parlementaire.

En France certains s’étaient mis à croire à une volte-face suisse en faveur du Dassault Aviation Rafale F4. En fait objectivement rien ne permettait d’aller dans ce sens hormis un chauvinisme par définition mal placé.
D’abord la Suisse est un état souverain, elle a donc toutes latitudes pour choisir son futur avion de combat. Et même celle de se planter en choisissant un avion de pénétration alors que le gros de ses missions relève de la défense aérienne. Sa célèbre neutralité lui interdit d’envoyer ses chasseurs à l’étranger pour participer à des missions internationales, même sous pavillon onusien. Ensuite un éventuel rejet du Lockheed-Martin F-35A Lightning II n’incluait pas forcément une sélection de principe du Dassault Aviation Rafale F4. Les avionneurs Airbus DS et Leonardo étaient évidemment en embuscade avec leur Typhoon Tranche 4 commun. Boeing ne se serait sans doute pas non plus laisser faire ainsi sans réagir. Enfin c’est aussi le «parapluie américain» que Berne achète au travers du chasseur furtif, ce concept de diplomatie défensive qui prend de plus en plus son sens avec les modifications d’équilibre en Europe suite à la guerre russo-ukrainienne.

Les futurs avions seront livrés à partir de 2026 pour une totale disponibilité de la flotte au début de la décennie prochaine. Selon les modalités des négociations américano-suisses les huit premiers chasseurs seront produits aux États-Unis et les suivants en Italie, dans les usines Leonardo de Cameri. La maintenance des avions une fois livrés, y compris pour les moteurs, sera entièrement suisse. C’est l’entreprise d’état RUAG qui assurera ces phases, avec cependant un conseil technique de Lockheed-Martin et de Pratt & Whitney dans les premières années.

Ne nous trompons pas dans la décision de la Suisse elle a autant choisi le Lockheed-Martin F-35A Lightning II américain qu’elle rejeté ses concurrents dont le Dassault Aviation Rafale F4 français. Pour autant y voir une décision hostile à la France comme certains médias l’ont écrit en juin 2021 serait une grave erreur d’interprétation. La Suisse n’a rien contre la France, notre pays est même un de ses principaux partenaires économiques. Simplement les décideurs suisses ont estimé que le chasseur américain leur convenait plus, y compris pour des raisons diplomatiques.

Photo © US Air Force.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

13 Responses

  1. Ce que j’attends de voir c’est si les suisses auront des augmentations de coût comme chez nos amis belges. Il me semble que le contrat a été discuté différemment, notamment concernant les pièces détachées.

    1. A voir comment ça va se passer après les discussions sur les alliages chinois … Sans être pro autre avion, le F35 c »est vraiment la BLAGUE du siècle en matière de défense en général …

      Vive la démocratie suisse qui exploitera maintenant, via simulateur, des appareils destinés à la pénétration pour de la gendarmerie aérienne …

  2. @Bluesmartini, de quelle augmentations parlez-vous ?
    La modernisation des deux principales bases du pasy étaient depuis lontemps décidées et surtout nécéssaires !
    Que le choix se soit porté sur n’importe quel avion, le résultat était le même car elles datent des années ’80.
    Je ne vois pas de quel autre couts vous parlez ?

  3. Il faudrait dès lors ne plus assurer la police du ciel de nos « amis » et « voisins » suisses dès lors que leurs pilotes font dodo la nuit, sont en week-end ou sont au mess sur les heures de tables… Nous devrions peut être être plus fermes pour ne pas dire avoir des couilles piur une fois.

    De toute façon leurs supers fers à repasser f35 pourront probablemt décoller et intercepter seuls les intrus, ou alors Washington enverra une patrouille de f15, entres vrais amis et voisins on s’aide non…

    1. Tom,
      au delà de la moquerie facile, comprenez que le F-35 assure une telle domination à la Suisse qu’en cas de simulation réaliste (un conflit étant très hypothétique) les F-35 Suisses n’auraient guère de difficultés à prendre assez facilement et rapidement, le contrôle de l’espace aérien français ! Beaucoup réalisent petit à petit les capacités à peine croyables de cet avion ! Je crains que dans les années à venir la moquerie facile ne change de camp à votre détriment !

  4. En effet le (faux) suspens est terminé. J’aimerai toutefois ajouter 2 ou 3 précisions :
    – L’Initiative populaire « Stop F-35 » lancé par les milieux antimilitaristes devait faire capoter le F-35, mais pas seulement. Les Parlementaires favorables à cette initiative ont bizarrement oublié de rappeler qu’elle demande aussi une importante diminution du budget militaire afin d’empêcher tout nouvel achat d’avions de combat (qu’ils soient américains ou européens).
    – Il n’y a pas eu de votation citoyenne face à un scrutin parlementaire. Le peuple avait déjà accepté en 2020 l’achat d’un nouvel avion de combat, quel que soit le choix du gouvernement. Les initiants de « Stop F-35 » ont trainé avant de déposer leur Initiative afin d’empêcher la signature du contrat d’achat dans les temps. Un nouveau contrat aurait certainement entrainé des conditions financières moins intéressantes et, par conséquent, apporté de l’eau à leur moulin. Malheureusement pour eux, le dépôt d’une Initiative populaire n’est pas bloquant (en Suisse).
    – Avant cette votation au Parlement, les chances de voir un avion Européen étaient faibles pour ne pas dire inexistantes : il aurait fallu que le Parlement refuse le choix du Conseil Fédéral (alors qu’une partie l’avait déjà accepté), que l’Initiative populaire « Stop F-35 » ne passe pas et qu’un avion européen soit ensuite choisi, mais en moins grande quantité pour respecter le budget.
    – Les évaluations ont été effectuées principalement sur des missions air-air, avec un peu d’air-sol et de recco, et tous les avions ont remplis leurs missions. J’ai moi aussi été surpris de l’ampleur du résultat, mais d’après ce qu’on a pu apprendre c’est surtout au niveau de la détection (principalement en milieu montagneux) et des traitements des menaces que le F-35A a supplanté ses adversaires.
    – Le fait que le F-35 soit l’avion déployé dans le plus d’armée de l’air en Europe peut aussi être un argument.
    – Et non, vous avez raison, ce choix n’est pas un acte anti-français. Dans ses conditions cadres, le gouvernement ne s’est tout bonnement pas donné assez de marge de manœuvre pour inclure des éléments de politique extérieure et n’a pu que choisir selon le résultat de l’évaluation technique. Ce qui est un comble pour le Conseil fédéral qui est en grande majorité pour un rapprochement avec l’Europe…
    J’espère que la signature du contrat se fera rapidement, la Suisse aura besoin d’avion de combat, quelque soit le type, d’ici 2030. On verra ensuite si le choix, à moyen/long terme, était le bon.
    J’en profite pour vous remercier : vos articles sont de grande qualité et c’est toujours un plaisir de les lire.

  5. Bonjour,
    Choix tout sauf étonnant. Les suisses ont abandonné leur neutralité le jour ou ils ont cédé à la pression américaine pour arrêter le secret banquaire des comptes numérotés.
    Le choix du F-35 a été fait suite à la visite de Biden.
    Ceci dit s’ils avaient choisi le F-18 super hornet, Ca leur aurai couté moins cher pour un avion qui aurai fait le job.

    1. Comparer le vieux F-18 sur le déclin avec le F-35, dernier fleuron technologique qui s’arrache dans le monde entier… vraiment ??? Sans doute est ce l’ascenssion vertigineuse des capacités de la Suisse, au point de reléguer la France loin derrière, qui vous indisposent ?

      1. Non pas du tout.
        C’est un problème de logique
        C’est en fait très simple:
        La suisse a besoin d’un intercepteur pour faire sa police du ciel.
        Le F-35 est un avion conçu pour attaquer « furtivement » et « entrer en premier » un territoire ennemi en coordination avec le F-22. (on l’oublie un peu celui-là mais les deux font la paire)
        Choisir le F-35 pour faire sa police du ciel, c’est comme choisir une voiture du DAKAR pour faire un GP de Formule 1, ou inversement.
        C’est juste pas fait pour.

      2. De quoi parlez vous, le F-35 n’est toujours pas à son standard malgré les milliards injectés dans son développement. Sa force principale est sa furtivité, furtivité qu’il perd par l’ajout de pods externes, même le canon est en pod externe.

        Les Suisses auraient dû acheter les Rafales, avions qu’ils connaissent bien puisqu’ils assurent déjà leur sécurité aérienne, et qui en toute objectivité sont totalement supérieures au F35, renseignez-vous un minimum, ça m’éviterai de perdre mon temps à écrire des commentaires pour vous répondre…

        1. Ça tombe bien que vous « perdiez votre temps » puisque désormais vous serez modéré. Ça vous apprendra (peut-être) l’amabilité !

    2. Quand nous sommes déçus, c’est parfois plus facile de penser que c’est « à cause de l’autre »…
      Là, en l’occurence, le choix sur le F-35 était déjà arrêté en mars 2021 et la rencontre avec Biden a été annoncée en mai, pour une rencontre au mois de juin. Soit le gouvernement suisse est particulièrement bon dans ses prédictions (et en auquel cas on n’aura pas à se faire du soucis pour l’avenir, mais j’ose en douter), soit il faut trouver une autre raison vu qu’il semble totalement inimaginable pour certains que le F-35 puisse avoir dominé technologiquement ses adversaires dans certaines conditions (évaluations suisses et finlandaises). ^^

  6. Je me rappelle les moqueries concernant les F-16 lors de leurs achats par bien des états européens.

    Je suppose que pour certains Français cela doit faire mal et moi-même j’aurais voté pour des Rafales, mais les soucis de qualité sur les Mirages-5 a refroidit bien des pilotes belges.

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