C’est l’une des grandes œuvres de la politique de modernisation des forces aériennes voulue par Vladimir Poutine. Désigné PAK-DA et porté par l’avionneur Tupolev le futur bombardier furtif russe pourrait bien voler à l’horizon 2028, à conditions que les sanctions économiques votées par les Alliés soient levés ou tout le moins allégées. En fait au sein même du Kremlin des doutes sur sa pertinence se font de plus en plus ressentir. Et si lui aussi finissait par passer à la trappe ?
Parce que les deux superpuissances que sont l’Amérique et la Chine ont lancées chacune un programme de bombardier furtif de nouvelle génération, le Northrop Grumman B-21 Raider déjà bien avancé pour la première et le Xian H-20 plus nébuleux pour la seconde , la Russie a cru bon d’en faire de même. Mais ça c’était avant février 2022 et la volonté de son dictateur d’attaquer et d’envahir (partiellement) l’Ukraine souveraine et voisine. Une Russie en pleine possession de ses moyens industrielles et miniers, capable d’exporter partout son gaz et son pétrole et n’ayant aucun souci de chaîne logistique avec son secteur aéronautique aurait sans doute pu réaliser sans problème ce Tupolev PAK-DA. On sait que la Russie de 2025 en est loin, malgré ce que les propagandistes du Kremlin essayent de nous faire croire.
Initialement il a été décidé que le PAK-DA (contraction de Perspektivny Aviatsionny Kompleks Dalneï Aviatsi) devait permettre avant tout de remplacer les bombardiers stratégiques Tupolev Tu-22M Backfire et Tu-95 Bear en dotation dans les forces aériennes russes. L’objectif initial était un premier vol à l’horizon 2023-2025 pour une entrée en service aux alentours de 2028-2029. C’était ambitieux ! Trop sans doute quand on connait les habituels retards dans l’industrie aéronautique russe. D’autant qu’en matière d’avions dits furtifs elle n’est pas exactement en pointe. En son chasseur de supériorité aérienne Sukhoi Su-57 Felon qui peine à sortir des chaînes d’assemblage à un rythme normal et ses drones qui ne leurrent personne la Russie est vraiment à la ramasse en matière d’aéronefs discrets.
Sans compter que depuis deux ans maintenant les forces aériennes russes emploient leurs nouveaux Tupolev Tu-160M2 Blackjack-B qui ont réellement modernisé l’approche des missions de bombardement stratégique en intégrant notamment la possibilité de pénétration basse altitude. Et si en fait ce dernier était devenu le meilleur argument afin de ne pas prolonger plus que nécessaire le programme PAK-DA ? Ajoutez à cela que le Tu-22M3M est désormais pleinement opérationnel et vous comprendrez qu’en fait en Russie les militaires peuvent parfaitement se passer d’un futur bombardier furtif pour lequel personne n’est même encore d’accord sur la forme qu’il aura. À se demander même si les ingénieurs de Tupolev le savent vraiment…
Alors il se dit désormais que Moscou pourrait au cours de la décennie prochaine adopter une minuscule flotte de l’avion dérivé du programme PAK-DA. Certaines sources parlent six à huit avions, c’est à dire très inférieure à celle des Northrop B-2A Spirit actuellement en dotation aux États-Unis. À ce compte là n’est-il pas préférable de tout laisser tomber et de privilégier des solutions plus rentables comme la modernisation du Tu-160 Blackjack, copie soviétique du Rockwell B-1B Lancer ?
Affaire à suivre.
Vue d’artiste © Ilan Gorsky
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Une réponse
Qu’ils se dispersent, qu’ils dépensent leurs ressources dans un machin qui ne marchera pas plutôt que dans la modernisation de bombardiers en dotation me va très bien. En plus s’il est aussi furtif que le SU57 avec ses rivets visibles sur les photos…