Alors qu’une commande du Boeing E-7 Wedgetail par le Canada semblaient du tout cuit pour bien des analystes en 2024, la ré-élection de Trump aux États-Unis a rabattu les cartes. Guerre tarifaire, offre d’annexion, questionnement sur le tracé des frontières canado-américaines, Trump a tout fait pour s’aliéner les Canadiens qui ont répondu massivement par une campagne de boycottage des produits américains. Le Canada étant le plus important partenaire économique des États-Unis, loin devant l’Europe ou la Chine, cela n’est pas sans conséquences pour les entreprises américaines.
À preuve, la remise en question par le Canada de l’achat de l’ensemble des avions de combat Lockheed Martin F-35A choisi pour remplacer ses vénérables CF-188 Hornet en est une manifestation. SAAB veut combler ce vide avec son chasseur chasseur JAS 39E/F Gripen qui avait franchi avec succès toutes les étapes du concours de sélection. L’entreprise suédoise a récemment initié des discussions avec Bombardier pour implanter une chaîne d’assemblage de ces appareils au Canada, avec un plein transfert technologique à la carte. Alors qu’une future flotte mixte d’avions de chasse canadiens semblait improbable il n’y a pas si longtemps, une telle issue semble dorénavant plausible. Avec son GlobalEye, SAAB est également sur les rangs dans le cadre du programme Système aéroporté de détection lointaine visant à doter l’Aviation royale canadienne d’au moins six aéronefs de ce type. Là encore, SAAB propose que la transformation des appareils Global 6500 en avions GlobalEye soit effectuée au Canada.

Un autre compétiteur sérieux du Wedgetail est toutefois en embuscade. L3Harris propose son Phoenix AEW&C, également basé sur le Global 6500. Cet appareil de type CAEW (Conformal Airborne Early Warning) intègre les antennes radar sur les flancs du fuselage, plutôt que montées à l’extérieur. Incidemment, L3Harris annonçait le 20 octobre dernier que la Corée du Sud avait sélectionné son Phoenix pour renforcer ses capacités de défense, face à ses voisins hostiles que sont la Chine et la Corée du Nord. Pourtant cliente de la première heure du Wedgetail, la Corée a plutôt choisi cette option suite à l’annulation d’une commande pour des appareils additionnels auprès de Boeing. La Corée invoque son insatisfaction face aux performances défaillantes du Wedgetail qui n’atteint pas l’objectif de 75% de disponibilité opérationnelle. Déjà implanté à Mirabel au Québec, L3Harris Canada offre de produire des appareils Phoenix à ses installations au nord de Montréal pour le compte de l’Aviation royale canadienne et même effectuer d’autres conversions pour exportation. Notons que L3Harris Canada effectue depuis de nombreuses années les révisions et les mises à niveau des chasseurs CF-188 Hornet et vise à faire de de même avec la flotte des futurs F-35 canadiens, peu importe leur nombre.

Les Coréens ne sont pas les seuls à déchanter suite à l’exploitation de leur flotte d’appareils Wedgetail. L’Australie qui possède une flotte d’appareils Wedgetail, a annoncé dès 2020 le début d’un processus de remplacement de l’appareil de Boeing. La situation n’est guère plus reluisante pour le Wedgetail en Europe. Le SAAB GlobalEye a raflé la mise en France et est en bonne voie de faire de même en Allemagne. Même l’OTAN, à la recherche d’un successeur pour sa flotte de vieux Boeing E-3 Sentry, a annulé sa commande d’appareils Wedgetail en novembre dernier. Cette décision fait suite à l’annulation, en juin dernier, d’une commande de 26 appareils Wedgetail pour l’US Air Force. Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, invoquait alors des retards du programme et des dépassements de coûts. Une gifle magistrale pour Boeing ! Depuis, le programme Wedgetail est sur le respirateur artificiel.
On aura compris qu’il faudrait dorénavant un miracle pour que le Canada commande des appareils E-7 Wedgetail. Les déboires du Wedgetail sont une douce revanche pour Bombardier, face à Boeing qui avait remporté la mise en 2023, pour l’achat de seize exemplaires du Poseidon P-8A pour le compte de l’Aviation royale canadienne. Rappelons que Bombardier proposait une alternative basée sur son appareil Global, une option cavalièrement rejetée par l’administration de Justin Trudeau alors au pouvoir. Ayant déjà le vent dans les voiles, Bombardier Défense sera cette fois gagnant, peu importe que le Canada choisisse le SAAB GlobalEye ou le L3Harris Phoenix.
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