Donald Trump met-il en danger le Lockheed-Martin F-35 Lightning II ?

Deux versions de l’avion de combat américain de 5e génération volent dans différentes forces aériennes en Europe.  Cinq pays de notre Vieux Continent mais aussi l’Australie et le Canada participent directement à la production du Lockheed-Martin F-35 Lightning II. Malheureusement pour l’avionneur américain les nouveaux droits de douanes décidés par le Président des États-Unis Donald Trump risquent bien de faire grimper en flèche le prix de ces avions. Ajoutons à cela que d’autres nouveaux clients souhaitent en devenir des partenaires et on comprend vite que tout cela risque de très vite tourner au casse-tête.

Les médias anglosaxons n’hésitent généralement pas à parler de chaîne d’approvisionnement tentaculaire quand il s’agit de Lockheed-Martin et de ses partenaires industriels internationaux. Perso je préfère le terme beaucoup plus imagé de mic-mac. Ça revient finalement au même. Au total le constructeur compte sur 1900 fournisseurs répartis aux quatre coins du globe. Les principaux, hors États-Unis, se situent en Europe. Et même en Grande Bretagne d’abord puisque le partenariat remonte aux origines du programme Joint Strike Fighter, et plus particulièrement au Lockheed-Martin X-35. Il est communément acquis qu’un F-35 est à 15% britannique. Ensuite on trouve évidemment l’Italie qui assemble même sur son territoire une partie des exemplaires fournis aux forces de l’OTAN mais aussi le Danemark, la Norvège, et les Pays-Bas.

Certains de ces pays fournissent des éléments de fuselage, d’autres d’avionique, ou encore de systèmes hydrauliques. Autant de produits manufacturés de haute technologie qu’il faut tôt ou tard faire entrer sur le territoire des États-Unis. Or l’administration Trump a décidé de surtaxer toutes les importations en provenance d’Europe, à divers degrés entre la Grande Bretagne, la Norvège, et l’Union Européenne. De nouveaux droits de douanes qui vont rajouter des centaines de milliers de dollars qui mis bout à bout en feront des millions, et même des dizaines de millions. Si les Australiens et les Britanniques s’en tirent bien puisque leurs droits de douane d’origine de 10% ne seront pas augmenté il en est tout autrement des des Danois et des Néerlandais qui se prennent de plein fouet 39% de surtaxation douanière. Les Norvégiens, non membres de l’UE comme les Britanniques, plafonnent eux à 15% de droits de douanes supplémentaires. Et cela risque fort de ne pas s’arranger puisque l’Allemagne qui a choisi le F-35 va également participer à sa production via le groupe Rheinmetall.
Le Portugal, où des dissensions existent désormais entre les militaires qui le veulent et les responsables institutionnels qui souhaiteraient une alternative européenne, pourrait lui aussi rejoindre le club via son entreprise publique OGMA. Allemands et Portugais ont en commun d’être membres de l’UE et donc de subir les fameux 39% de surtaxation douanière décidée par le locataire du bureau ovale. Dans le même temps rappelons que le Canada, également partenaire de Lockheed-Martin est surtaxé à hauteur de 25%. Autant dire que ce gros puzzle qu’est le F-35 Lightning II va voir ses coûts de production exploser dès lors que la suspension temporaire de 90 jours des frais douaniers sera terminée.

D’ici à deux mois donc Lockheed-Martin et ses partenaires doivent trouver une solution. D’autant que des chercheurs en économie de la défense et en économie de l’aéronautique des universités de Berkeley en Californie et du MIT dans le Massachusetts ont établi qu’avec toutes ces surtaxations douanières les prix unitaire d’un F-35A Lightning II pourrait augmenter de 5 à 7.5% et d’un F-35B de 8.5 à 11%. Ce sont là les deux modèles vendus à l’export. Le F-35C est actuellement réservé au strict marché intérieur américain, plus particulièrement à l’US Navy et à l’US Marines Corps. Ces mêmes économistes, rejoints en cela par des collègues à eux de l’université Johns Hopkins dans le Maryland, soulignent qu’avec de telles augmentations l’argument de la furtivité ne sera peut-être plus aussi efficace face aux Dassault Aviation Rafale F4 et Eurofighter EF-2000 Typhoon Tranche 4 européens qui sont aujourd’hui ses deux principaux concurrents.

Affaire donc à suivre.

Photo © UK Ministry of Defence


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 réponses

  1. Si les américains se sabordent eux même on ne va pas s’en plaindre. Mais je crains que ce ne soit pas ça qui arrêtera la frénésie d’achat de F-35. Le Danemark bien qu’intimidé au sujet du Groenland est prêt à en acheter encore plus. Au Portugal, le F-35 a désormais la faveur du chef d’état major de la force aérienne.
    Les menaces d’abandons d’achats de matériels américains suite aux droits de douane, au désengagement américain d’Europe et à son rapprochement avec la Russie sont bien retombées. Au lieu de développer et de stimuler l’industrie de défense européenne, la solution des européens est d’acheter encore plus de matériels américains comme des lèches bottes voulant rester volontairement serviles.

  2. Pas de panique, ce bon Donald va établir un décret qui fixera les droits de douane à l’ancien taux pour tout ce qui constitue le F-35… Au pire les commerciaux de Lockhed-Martin vont trouver une astuce ou une pirouette dans les négociations avec les futurs acheteurs pour leur faire avaler cette augmentation….

  3. Mouais bof. L’argent n’est pas vraiment un argument dans l’achat de matériel militaire.
    Le Danemark qui va peut être perdre le Groenland sur ordre des USA va acheter des F-35…..
    Ne pas oublier le cas d’école parfait : La Suisse. Tous les tests avaient déclaré vainqueur le Rafale et le GVT avais décidé de l’acheter. Dom Biden, au cours d’une visite express chez les suisses « leur a fait une proposition qu’ils ne pouvaient pas refuser » à la suite de quoi ils ont subitement décider de prendre des F-35.
    Sans oublier que Trump (qui n’est la que pour 4 ans) peut très bien décider demain que les dit droit de douanes ne s’appliquent pas au F-35.
    So wait and see.

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