Ce qui est bien avec Donald Trump c’est qu’on a toujours droit à de l’inédit, sa conférence de presse depuis la Qatar nous l’a démontré une fois encore. Outre l’idée de ce futur (hypothétique ?) Lockheed-Martin F-55 Super Lightning on aura surtout retenu la déclaration d’amour du Président des États-Unis d’Amérique au Lockheed-Martin F-22A Raptor. Dans l’optique d’une future modernisation de ce chasseur de 5e génération focus sur ceux qui évoluent aujourd’hui encore dans l’US Air Force. Il y en a beaucoup moins qu’il y a encore dix ans, et pour cause.
Petit rappel d’abord de ce que factuellement le Lockheed-Martin F-22A Raptor est. C’est le tout premier chasseur de 5e génération a être entré en service dans le monde et c’est aujourd’hui encore l’avion de supériorité aérienne le plus efficace et le plus dangereux de la planète. Chengdu J-20 Firefang et Shenyang J-35 Fuller chinois ou encore Sukhoi Su-57 Felon russes ne lui arrivent, à priori, pas à la jambe de train. Il possède une capacité secondaire de chasseur multi-rôle qu’il a employé contre des positions djihadistes au Levant. Pourtant son rôle premier demeure de protéger l’intégrité de l’espace aérien des États-Unis, comme intercepteur d’abord et ensuite comme dominant de la défense aérienne. Ce n’est pas pour rien si ses munitions de prédilections sont les AIM-9 Sidewinder et AIM-120 AMRAAM, deux modèles de missiles air-air.
Alors pourquoi Donald Trump est-il allé déclarer au Qatar, je cite : «Je pense que le F-22 est le plus bel avion de chasse du monde mais nous allons faire un super F-22 qui sera une super version très moderne de ce chasseur» ? Faudrait être dans sa tête pour le savoir, et franchement ça vent pas du rêve de se balader dans la matière grise de ce type. OK le F-22A Raptor est aujourd’hui encore un avion symbole de la toute puissance de l’Amérique mais c’est un avion que la première administration Trump avait condamné à la fin de carrière, imitée en cela par celle de Joe Biden par la suite. Le programme NGAD fut lancé en ce sens, débouchant sur le désormais célèbre Boeing F-47. L’idée d’une version améliorée du Raptor désignée Super Raptor paraît donc totalement saugrenue. Après c’est du Trump dans le texte, il y a peut-être à boire et à manger.
Rappelons que ce super chasseur n’a été construit qu’à 195 exemplaires, dont huit de présérie, et qu’il n’a jamais été exporté. Britanniques, Israéliens, et Japonais n’ont même pas pu envisager de l’acheter. Or aujourd’hui le nombre d’exemplaires en dotation atteint péniblement la centaine de machine. En tous cas elles étaient 102 au 1er janvier 2025. Le prochain décompte officiel aura lieu fin septembre. Les autres sont dans le cimetière des éléphants, à Davis-Monthan AFB. Les exemplaires encore en dotation sont disséminés entre l’Alaska, Hawaï, la Floride, le Nouveau-Mexique, et la Virginie. Quelques machines non opérationnelles opèrent en soutien d’essais en vol depuis la Californie et le Nevada.
En gros Donald Trump va demander à Lockheed-Martin de moderniser en profondeur un avion vieux de 20 ans dont seule la moitié de la flotte vole encore. Y a que moi que cela choque ? On parle ici des deniers du contribuable américain. Et pourtant il le veut. Aujourd’hui le gros des exemplaires est tourné vers le Pacifique, vers la Russie bien sûr mais aussi, et sans doute surtout, vers la Chine. Et c’est forcément dans le but de calmer les ardeurs de Pékin que le locataire du bureau ovale entend faire perdurer le F-22A Raptor en le portant à un standard dit Super Hornet. C’est ça ou bien Donald Trump n’y connait que dalle en aéronautique militaire contemporaine.
La volonté présidentielle américaine de faire perdurer ce redoutable chasseur aura au moins un avantage : on n’est peut-être pas près de voir le Raptor quitter la scène médiatique. Et rien que ça c’est déjà énorme.
Affaire à suivre.
Photos © US Air Force
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5 réponses
Je pense en effet qu’il ne faut pas trop écouter le président Trump. Il se perd lui même dans les méandres de ses discours et déclarations. Personnellement, je sens dans ces interventions la plupart du temps de l’ignorance et de l’impréparation.
Les commandes de F-22 ont été quasiment divisées par deux (// demandes initiales) et le coût à l’heure de vol (notamment en personnels au sol) est dissuasif.
« »En gros Donald Trump va demander à Lockheed-Martin de moderniser en profondeur un avion vieux de 20 ans dont seule la moitié de la flotte vole encore. » » » . En une phrase, vous résumez bien l’incongruité des propos de Mr Trump. Si, en plus, on lie ses propos avec ses récentes déclas sur le F-47/NGAD, et cette histoire de F-35 biréacteur…
Si ma mémoire ne me trahit pas, la prévision initiale de la flotte de F22 était de 700 appareils environ, pour remplacer les 1150 F15. La chaîne a été stoppée au 187ème avion de série en raison du coût phénoménal du zinc (officieusement 400 M$ l’unité pour 160M$ officiels, à la louche.
102 appareils opérationnels, nécessitant une maintenance longue et complexe, leur disponibilité effectiveest très probablement sous les 60%. Donc 60 appareils prêt à prendre l’air, c’est vraiment très peu pour un territoire aussi vaste que les USA. Et j’ai pu lire qu’ une partie des systèmes électroniques de combat du F22 est très difficile (voire impossible) à moderniser…
F47 et super raptor ne seraient ils pas tout simplement la même chose?
En effet, moderniser le F22 ne semble pas être l’idée la plus pertinente de l’année.
Dernier point, la ligne de montage a été conservée mais quel serait le coût de sa remise en route ? Mystère… mais probablement élevé
Donald Trump a raison sur un point, le F-22 est pour moi le plus bel avion de chasse du monde. Et puis ce serait dommage de le retirer du service prématurément alors qu’il fêtera cet année ses 20 ans de service et possède encore beaucoup de potentiel. D’ailleurs Lockheed Martin va lui rajouter un capteur IRST et les pilotes recevront un nouveau casque de visée conçu par Thalès. Le F-22 devait au départ du programme remplacer les F-16 et F-15 et être fabriqué à près de 650 exemplaires avec une version biplace et même une version embarquée. Avec la fin de la guerre froide et le coût important du programme les choses ont beaucoup changées. Une seule version subsiste avec la capacité de mission air-sol pour justifier le maintien du programme.
Le truc le plus triste de la fin de vie du Raptor sera le même que celui du Tomcat: utilisé par un seul pays (je mets de côté l’Iran, vu qu’il n’y reste presque que des épaves de Tomcat) et trop stratégique / trop cher à maintenir, on ne verra pas voler d’exemplaires à la retraite ni de modèles dans des musées hors des USA (les F16, F15 et F18 ont plus de chance de ce côté)