Nouvelle livrée pour les vénérables Alouette III autrichiennes.

Le plus célèbre des hélicoptères monoturbines conçus en France a porté bien des surnoms, l’un des plus fréquents et dans toutes les langues est l’increvable ! La récente décision autrichienne de revoir leur livrée en octroyant aux vingt Aérospatiale SA.316B Alouette III encore en dotation un nouveau rôle de service publique en atteste. En fait dans ce petit pays alpin il se dit de plus en plus que leur remplacement d’ici quelques mois par des Agusta-Westland AW.169M risque finalement d’être problématique. En Autriche l’Alouette III est aussi mythique qu’en France.

C’est un virage qui avait déjà été initié l’été dernier lorsque le Bundesheer avait révélé que désormais ses vingt hélicoptères SA.316B Alouette III étaient aptes aux missions de lutte contre les feux de forêts. Leur emploi comme machine de soutien au combat faisait déjà partie du passé. Il y a quelques jours deux de ces monoturbines sont apparus lors d’un exercice dans le Tyrol autrichien avec un nouveau marquage haute visibilité portant les lettres SAR sur fond jaune.
Pour mémoire SAR est un code international signifiant Search And Rescue et marquant donc la mission dite de recherche et de sauvetage. Généralement appliqué plutôt dans les espaces maritimes elle s’applique aussi aux zones montagneuses. Pour une Autriche totalement enclavée la question de l’affectation ne se pose évidemment pas.

Les sommets alpins demeurent le terrain de jeu favori de l’Alouette III.

En fait pour le Bundesheer il s’agit d’une clarification tardive. Cela fait plus de quarante ans que les Alouette III militaires assurent de telles missions SAR en haute montagne. Jusque là elles le faisaient sans marquage particuliers. Les montagnes autrichiennes sont parfaitement adaptées à cet hélicoptère qui a su démontrer ses capacités d’intervention aussi bien dans les Pyrénées françaises que sur les contreforts indiens et pakistanais de l’Himalaya ou encore dans les Rocheuses américaines. En fait en dehors de son petit cousin SA.315 Lama le SA.316 Alouette III est longtemps resté sans équivalent pour le travail aérien et le sauvetage en haute montagne.

Dans les années 1980 le Bundesheer a tenté, sans succès, d’utiliser ses Bell OH-58B Kiowa dans de telles missions. Le résultat ne fut jamais probant. Il ne l’est pas plus avec les actuels Sikorsky S-70 Blackhawk. Seuls les Agusta-Bell AB-212 Twin Huey semblent réussir à peu près à leur tenir la dragée haute, et encore uniquement par beau temps !
Car c’est là l’un des enseignements de cet hiver 2021-2022 : les biturbines italo-américains ne sont pas efficaces quand la météo se dégradent. Il ne reste alors aux militaires autrichiens que les bonnes vieilles Alouette III. Increvables qu’on vous disait.

L’une des interrogations aujourd’hui à Vienne concerne le remplacement des Alouette III par les futurs AW.169M. Sur le papier c’est évident ces nouveaux hélicoptères remplaceront les anciens. Dans la réalité des faits cela semble plus difficile. En effet le biturbine italien de nouvelle génération est bien un hélicoptère d’assaut et de liaisons avec des capacités secondaires au SAR maritime. Mais rien, absolument rien, ne semble le prédestiner à intervenir en haut montagne. Ce qui pourrait rapidement devenir préjudiciable au Bundesheer.
En Autriche les militaires et décideurs politiques l’ont bien compris et savent déjà que les Alouette III joueront les prolongations. Dans le même temps certains élus, appartenant plutôt à des formations écologistes et de gauche parlent désormais d’un nouveau contrat avec Airbus Helicopters autour du H125 comme successeur des Alouette III pour le SAR alpin. On sait que cet hélicoptère a été conçu, à l’époque d’Eurocopter dans ce sens. Cependant la droite parlementaire autrichienne et le gouvernement y sont globalement encore défavorables préférant parier sur une adaptation de l’AW.169M.

Un marquage haute visibilité SAR bien reconnaissable pour cette Alouette III autrichienne.

Une chose est sûre : comme en France le remplacement des Alouette III n’est pas simple en Autriche. La rançon du succès pour une des plus belles réussites de l’industrie aéronautique tricolore.

Photos © Bundesheer

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

Une réponse

  1. Une merveille de docilité et de franchise dans le pilotage. Une autoration d’une sécurité quasi inégalée!! .Mais tôt ou tard elles deviendront dangereuses, pas intrinsèquement mais du fait d’absence de gardes fous dans son utilisation du à l’absence de système de limitation pour ne pas outrepasser les limites de vol et moteur de cette machine, (Comme elle pardonne quasiment tout parfois on ne se rend plus compte que l’on va trop loin…)

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