Bloch MB.162

Fiche d'identité

Appareil : Bloch MB.162
Constructeur : Société des Avions Marcel Bloch
Désignation : MB.162
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN :
Variante :
Mise en service : 1940
Pays d'origine : France
Catégorie : Avions expérimentaux
Rôle et missions : Prototype de bombardier lourd tous-temps, avion de soutien aux opérations spéciales.

Sommaire

“ La bombardier français des opérations spéciales allemandes ”

Histoire de l'appareil

La seconde moitié des années 1930 fut marquée par une profonde modernisation des aviations militaires de pays comme les États-Unis, la France, ou encore la Grande Bretagne. Il fallait impérativement que ces grandes démocraties répondent à la montée en puissance de pouvoirs dictatoriaux en Allemagne et en Italie. Dans la jeune Armée de l’Air l’accent fut notamment mis sur trois axes : la chasse, le bombardement, et le transport de troupes.
Son aviation de bombardement reposait alors quasi exclusivement sur des appareils de capacités moyennes alors même que les signaux internationaux montraient l’émergence des bombardiers lourds. L’une des réponses vint de Marcel Bloch et de sa société avec le Bloch MB.162.

Bien que passée sous le contrôle de la Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Ouest en 1936 la société Bloch disposait toujours d’une certaine liberté quant à la conception et à la réalisation de ses aéronefs. Un détail pour certains mais qui montrait déjà son importance dans le paysage industriel français. Des avionneurs alors tout aussi respectés comme Farman ou Lioré-et-Olivier ne jouissaient pas de telles largesses.
Aussi quand le ministère de l’Air émit une fiche programme B5 relative à un bombardier lourd tous-temps doté d’un équipage de cinq personnes Marcel Bloch y répondit avec son MB.162.
Comme sa désignation le laissait sous-entendre cet avion tirait ses origines du prototype MB.160 ayant lui-même donné comme dérivé l’avion de ligne MB.161 alors en cours de développement. Pour autant le MB.162 disposa de beaucoup d’innovations qui n’existaient sur aucune des deux versions précédentes. En fait en 1937 cet avion était l’appareil militaire le plus évolué en cours de développement en France.

Alors que les designers avaient achevés ses grandes lignes et que les ingénieurs peaufinaient sa définition une maquette à l’échelle 1 du Bloch MB.162 fut réalisée. Transportée par la route jusqu’à Paris elle fut présentée au monde entier en novembre et décembre 1938 à l’occasion du seizième salon aéronautique. Sous la coupole du Grand Palais il s’agissait d’un des plus phénoménaux avions. Et très vite beaucoup furent impressionné par lui, tandis que ses ressemblances avec le Boeing XB-15 et surtout avec le YB-17 furent jugées saisissantes.
Pour autant l’avion français avaient ses particularités propres à l’image de son empennage double dérive et de son armement défensif limité au strict minimum : une mitrailleuse Darne de calibre 7.5 millimètres dans le nez vitré et un canon Hispano de calibre 20 millimètres installé lui en poste de tir dorsal. La charge de bombe en soute du MB.162 pouvait atteindre 3600 kilogrammes.

Niveau motorisation Bloch conserva sa fidélité à Gnome et Rhône au travers du modèle 14N à quatorze cylindres en étoile d’une puissance nominale de 1100 chevaux. Deux d’entre eux étaient des 14N-48 sur lesquels l’hélice tournait dans le sens contraire des aiguilles d’une montre et les deux autres des 14N-49 sur lesquels l’hélice tournait dans l’autre sens.
Si l’usinage du prototype eut lieu à Courbevoie dans le département de la Seine l’assemblage final se déroula à Villacoublay dans celui de la Seine-et-Oise. Les premiers essais de roulage débutèrent en mai 1940 et le 1er juin suivant fut marqué par son premier vol.

La Seconde Guerre mondiale ressemblait déjà à une débâcle pour les armées françaises, l’Armée de l’Air n’y faisant pas exception. Malgré son aspect ultramoderne chacun savait désormais que le Bloch MB.162 n’avait plus d’avenir. Les missions de bombardement à longue distance étaient à la charge des Farman NC.223 de facture bien plus ancienne.
Pour tenter de le soustraire à la Wermacht qui avançait sur Paris et sa région les équipes de Marcel Bloch décidèrent de le convoyer jusqu’à Bordeaux où de nombreuses autorités françaises s’étaient réfugiées. Malheureusement pour lui les Allemands aussi prirent la direction de la cité girondine. Et la Luftwaffe mit la main sur le prototype de bombardier quadrimoteur français. Malgré l’insistance de pilotes allemands qui voulaient en prendre les commandes les autorités de Berlin décidèrent en juillet 1940 de placer l’avion sous scéllés.
En fait la Wermacht ne voyait en lui rien d’autre qu’un avion ennemi alors que la Luftwaffe avait compris qu’elle tenait là un avion de toute nouvelle génération.

Finalement après bien des tergiversations la Wermacht autorisa la Luftwaffe a reprendre les essais en vol du Bloch MB.162. Nous étions alors en mars 1942 et l’aviation allemande avait plus que jamais besoin d’un bombardier lourd afin de frapper l’URSS et la Grande Bretagne. De premiers vols eurent lieu à Bordeaux sous la double gestion de l’escadrille de bombardement II/KG 40 de la Luftwaffe et de l’avionneur allemand Focke-Wulf. Une des premières décisions des ingénieurs allemands fut de changer les casseroles d’hélices jugées trop bruyantes.
En mars 1943 une fois les essais terminés la Luftwaffe décide de renvoyer l’avion au Bourget où il est officiellement pris en compte par l’escadrille I/KG 200. Cette unité de la Luftwaffe est alors directement rattachée à l’Abwehr, c’est à dire aux services secrets nazis.
Repeint selon un schéma allemand le Bloch MB.162 reçoit le serial militaire PG+IE. Dédié au transport d’agents secrets et de saboteurs à destination des territoires alliés le MB.162 voit son armement déposé.

Entre octobre 1943 et juin 1944 le Bloch MB.162 réalisa une vingtaine de missions pour le compte de la I/KG 200. Au moins trois d’entre elles le conduisirent jusqu’en Irlande où il déposa des agents nazis et des membres de la Waffen SS en missions «diplomatiques».
Tout porte à croire que le prototype français a été détruit début juillet 1944 lors d’un raid aérien anglo-américain sur Schorfheide où il était basé. Ainsi se terminait la curieuse carrière de cet avion.

Né pour être le bombardier français le plus évolué possible le Bloch MB.162 réalisa finalement le plus gros de sa carrière comme avion de transport… pour l’ennemi. Sa capacite d’accueil pose toujours de sérieuses questions, certains documents allemands parlant d’une capacité pour six à huit passagers et d’autres pour douze à quatorze. Quoiqu’il en semble bien que la majorité de ses passagers le quittaient de nuit sous voile de parachute. Il ne reste malheureusement plus rien de ce superbe avion.
Pour l’anecdote l’avion de ligne MB.161 conçu en même temps n’entra en service qu’après-guerre en tant que Sud Est SE.161 Languedoc. De son côté Marcel Bloch devenu Marcel Dassault dut attendre son remarquable Mirage IV pour développer de nouveau un bombardier à destination de l’Armée de l’Air. Et cette fois il le produisit en série.

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Photos du Bloch MB.162

Caractéristiques techniques

Modèle : Bloch MB.162, en configuration de prototype de bombardier
Envergure : 28.10 m
Longueur : 21.90 m
Hauteur : 3.75 m
Surface alaire : 109.00 m2
Motorisation : 4 moteurs en étoile Gnome & Rhône 14N 48/49
Puissance totale : 4 x 1100 ch.
Armement : Un canon mobile de 20mm, une mitrailleuse mobile de 7.5mm, et 3600kg de bombes en soutes.
Charge utile : -
Poids en charge : 19000 kg
Vitesse max. : 550 km/h à 5500 m
Plafond pratique : 8000 m
Distance max. : 2400 Km avec 1600kg de bombes
Equipage : 5
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Profil couleur

Profil couleur du Bloch MB.162

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Bloch MB.162
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du Bloch MB.162

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