Fairchild XNQ

Dans les quelques mois qui suivirent la fin des hostilités en Europe puis dans le Pacifique les budgets d’acquisition de matériels militaire fondirent comme neige au soleil au sein de l’US Army Air Force et de l’US Navy. La Seconde Guerre mondiale avait amené son lot de commandes d’aéronefs, la paix revenue allait rapidement être synonyme de réduction drastique des moyens. De nombreux programmes furent ainsi tout bonnement annulés ou plus rarement stoppés après essais en vol de leurs prototypes respectifs. Dans cette seconde catégorie on retrouve notamment un avion d’entraînement destiné à l’aéronavale américaine et n’ayant pas dépassé le stade expérimental : le Fairchild XNQ.

À l’automne 1945 l’US Navy alignait pas moins de cinq modèles d’avions d’entraînement de début et de sélection en vol. Des biplans Boeing-Stearman N2S, Naval Aircraft Factory N3N et Spartan NP aux monoplans à ailes basses Timm N2T et à ailes hautes Piper NE ces avions avaient tous servi avec efficacité l’aéronavale américaine. Seulement voilà ils étaient en passe de devenir obsolètes avec l’apparition des premiers chasseurs à réaction McDonnell FH Phantom et Vought F6U Pirate. Elle allait donc rapidement avoir besoin d’uniformiser sa formation initiale autour d’un seul et même avion. En attendant mieux elle entama sa démarche avec des North American SNJ-5 utilisés jusque là pour l’entraînement intermédiaire et la formation au tir.

Pour autant quelques constructeurs se lancèrent dans l’aventure de proposer à l’US Navy leurs propres créations. Malheureusement pour eux un seul eut la possibilité d’aller jusqu’à l’assemblage d’un prototype : Fairchild. Ce dernier avançait son très intéressant Model 92, un avion incarnant toutes les évolutions de son époque.
Le prototype fut commandé sous la désignation de Fairchild XNQ.

Extérieurement cet avion se présentait sous la forme d’un monoplan à ailes basses cantilevers de construction métallique animé par un Lycoming R-680-13 à neuf cylindres en étoile d’une puissance de 325 chevaux. Ce moteur à pistons actionnait une hélice bipale en métal également. L’instructeur et son élève prenaient place dans un poste de pilotage biplace en tandem doté d’une verrière en goutte d’eau. Cette dernière était clairement une évolution de la Seconde Guerre mondiale. Le Fairchild XNQ disposait d’un train d’atterrissage classique escamotable se terminant par une roulette de queue orientable. L’avion n’étant pas prévu pour les opérations embarquées sa navalisation ne fut pas envisagée.
Le premier vol de son prototype intervint le 7 octobre 1946.

Afin de donner le plus de chance à cette machine le Fairchild XNQ fut évalué en vol. Lors des essais l’avion ne révéla pas de grosses carences ni de défauts majeurs. Pour autant le constructeur North American décida d’aligner dans la compétition son XTJ, un avion connu à l’origine comme SNJ-8. Le contrat s’élevant à une fourchette entre 200 et 250 avions tous les coups étaient permis, North American influença l’US Navy en rappelant que Fairchild n’avait jamais vraiment été un de ses grands fournisseurs d’avions et d’hydravions.
Finalement début 1947 une commande fut passée pour 250 exemplaires du North American TJ. Le programme XNQ fut abandonné par l’aéronavale américaine et l’avion stocké sur la base aéronavale de NAS Patuxent River, promis à la poussière avant la casse.
L’ironie du sort voulut que seuls dix TJ-1 furent construits avant l’annulation là aussi du programme.

Fairchild ne baissa pas les bras. Un second prototype du Model 92 fut assemblé et proposé à la jeune US Air Force en remplacement des North American T-6A/C Texan et des Vultee T-13A Valiant issus de la Seconde Guerre mondiale et encore utilisés pour l’entraînement primaire. Un prototype fut commandé comme Fairchild XT-31. Là encore l’avion n’était pas seul en lice. Il affrontait le Beechcraft XT-34 et le Temco XT-35. Malgré une nette supériorité du XT-34 le XT-31 sut se tirer efficacement des essais comparatifs.
Finalement le Beechcraft T-34A Mentor fut commandé comme nouvel avion d’entraînement primaire standard de l’US Air Force. Fairchild ne fut pourtant pas oublié puisque cent exemplaires de série désignés T-31A furent achetés pour assurer la sélection en vol et la formation à la voltige. Néanmoins deux mois plus tard le contrat fut dénoncé faute de crédits suffisants. La guerre de Corée vampirisait tous les budgets de l’US Air Force.

Le programme du Fairchild Model 92 s’arrêta net en cette mi-1950. Quelques mois auparavant pourtant le prototype XNQ avait été ressorti de son hangar et affecté à l’US Naval Test Pilot School comme avion d’entraînement initial et comme machine de formation aux vols sans visibilité. En l’absence de canopée noire les élèves pilotes d’essais embarquaient avec des… lunettes fumées. L’avion demeura en service ne volant parfois que quelques heures chaque année jusqu’à la fin 1961. Par la suite il fut revendu sur le marché d’occasion.

Alors que le second prototype, celui du XT-31, a été détruit par l’US Air Force celui du XNQ vole toujours en ce premier quart du 21e siècle comme warbird dans des meetings aériens américains. Basé à Oshkosh dans le Wisconsin il évolue sous l’immatriculation civile N5726.