Petlyakov Pe-8

Fiche d'identité

Appareil : Petlyakov Pe-8
Constructeur : Petlyakov V.M.
Désignation : Pe-8
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN :
Variante : ANT-42, TB-7
Mise en service : 1940
Pays d'origine : U.R.S.S.
Catégorie : Bombardiers avant 1950
Rôle et missions : Bombardier lourd.

Sommaire

“ Un bombardier lourd à la gestation chaotique ”

Histoire de l'appareil

Au cours de la Seconde Guerre mondiale l’aviation soviétique fit un usage intensif des bombardiers. Durant la première partie ce fut en soutien de son allié nazi. Puis après qu’Adolf Hitler ait décidé d’attaquer l’Armée Rouge ce fut contre les forces allemandes. Sauf que la doctrine d’emploi soviétique reposait principalement sur l’emploi des bombardiers légers et moyens, et que cette aviation disposait finalement de peu de bombardiers lourds. L’un des rares dans ce cas, et le seul véritablement moderne à cette époque était un avion construit finalement en très petite série : le Petlyakov Pe-8.

En juin 1934 Moscou émit un cahier des charges auprès du bureau d’étude Petlyakov visant au développement d’un bombardier lourd quadrimoteur de nouvelle génération. Le futur avion se devait d’être capable de franchir 5000 kilomètres avec une charge de bombes de 3500kg en soutes. Le programme fut confié au principal ingénieur de l’avionneur : Andreï Tupolev, celui-ci avait l’habitude de travailler sur de tels avions. Lui et son équipe travaillèrent assez vite, respectant les codes de leur temps.

Le prototype de l »avion désigné Petlyakov ANT-42 fut assemblé au milieu de l’année 1936. Il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile médiane cantilever de construction totalement métallique. Le train d’atterrissage tricycle s’escamotait dans les nacelles des moteurs intérieurs pour l’avant et sous la tourelle défensive arrière pour la roulette de queue. L’armement justement se composait de 4000 kilos de bombes en soute et de plusieurs mitrailleuses en positions mobiles. Deux de calibre 7.62mm étaient jumelées dans la tourelle de nez. Les nacelles des moteurs intérieurs accueillaient en plus du train d’atterrissage chacune un poste de tir à découvert pour une mitrailleuse de calibre 12.7mm. Enfin le poste de tir de queue abritait un canon de 20mm servi par un mitrailleur qui s’asseyaient sur un siège monté sur la roulette de queue lorsque celle-ci était relevé. Une arme similaire fut installé dans une tourelle dorsale.
La motorisation de cet ANT-42 était assurée par quatre moteur Mikouline M-100 d’une puissance unitaire de 1100 chevaux entraînant une hélice bipale en métal. L’avion était servi par un équipage de onze militaires.
C’est dans cette configuration que le premier vol eut lieu le 27 décembre 1936.

Les premiers essais démontrèrent que l’ANT-42 était sous motorisé malgré sa conception très moderne. En janvier 1937 il fut lourdement endommagé lors d’un atterrissage manqué. Quatre membres d’équipage furent grièvement blessés et Moscou imputa ces défauts à la conception de Tupolev. Pourtant une enquête interne de Petlyakov démontra que cela résultait autant du mauvais temps que de la sous-motorisation résultant de l’absence du compresseur pourtant prévu à l’origine. Une technologie que les ingénieurs soviétiques ne maitrisaient pas. Andreï Tupolev ayant préconisé d’en obtenir auprès des États-Unis, de la France, ou du Royaume-Uni il fut accusé d’intelligence avec l’ennemi et envoyé au goulag.
Un compresseur de soute ATsN de conception soviétique fut monté sur le second prototype qui vola le 26 juillet 1938 alors que son concepteur et une grosse partie de son équipe d’ingénieurs et de designers croupissaient au fond de leurs geôles en Sibérie.

En avril 1939 la production de l’avion débuta enfin. Sauf qu’il n’avait plus rien de révolutionnaire. Le prototype du Boeing XB-15 américain était passé par là et avait démontré que l’ANT-42 était pleinement dans son temps mais sans être innovant. La désignation de série fut modifiée en Petlyakov TB-7.
L’une des grosses améliorations fut l’abandon du compresseur central pour des moteurs turbocompressés, des Mikouline AM-35 de 1280 chevaux. Les premiers exemplaires entrèrent en service en mai 1940 mais furent rapidement considérés comme décevants. Ces avions ne permettaient même pas de surpasser les Tupolev TB-3 pourtant nettement moins modernes dans leur conception.
Les équipes de Peltyakov, avec l’aide d’ingénieurs d’origines extraits de leur goulag, eurent alors l’idée de doter les bombardiers de moteurs Mikouline ACh-40 d’une puissance de 1400 chevaux, des moteurs qui avaient la particularité d’être diesel. Sauf que le froid intense russe ne jouait pas en faveur de cette motorisation. Et au bout d’une demi-douzaine d’exemplaires assemblés le programme diesel fut abandonné. On rééquipa à la hâte les avions assemblés avec des Mikouline AM-35A de 1350 chevaux entraînant une hélice tripale.
Pourtant les généraux soviétiques croyaient dur comme fer dans le moteur diesel.

Si bien que vers la fin 1940, début 1941 une vingtaine d’exemplaires fut assemblée avec des moteurs diesel Mikouline ACh-30B développant 1500 chevaux. Et là les résultats furent plus probants, à condition de conserver les avions sur le front occidentale.
Dans la nuit du 7 au 8 août 1941 un total de dix-huit TB-7 dotés de moteurs diesels mirent le cap sur Berlin afin de bombarder la capitale allemande. Le résultat fut des plus mitigés. Bien que la DCA hitlérienne était inexistante et que la Luftwaffe n’attendait pas un tel raid a moitié des bombardiers soviétiques ne rentra jamais en URSS. Un fut abattu en vol par deux chasseurs Messerchmitt Bf 110 qui… revenaient d’un vol d’entraînement de nuit, tandis que les huit autres connurent différentes pannes et se posèrent en catastrophe dans la campagne allemande. Leurs équipages furent capturés et emprisonnés par l’armée allemande. Les avions qui réussirent à réaliser l’aller-retour frappèrent à côté des centres industriels et/ou politiques berlinois, une banlieue résidentielle. Le raid tua une centaine de civils dont plusieurs dizaines d’enfants mais ne causa que des dégâts mineurs. L’attaque fut largement relayé par la propagande nazie pour illustrer ce qu’elle estimait être une atrocité contre des personnes innocentes. À Moscou on décida de ne pas retenter ce genre de bombardements. La production de l’avion fut stoppée quelques semaines plus tard, nous étions en octobre 1941.
C’est d’ailleurs à cette époque que le TB-7 devint le Pe-8.

Moins performant donc que le Tupolev TB-3 le Petlyakov Pe-8 fut renvoyé en usines à la fin 1942. Quarante-huit exemplaires virent en effet leurs différentes motorisations déposées au profit d’une unique : le moteur à quatorze cylindres en double étoile Shvetsov ASh-82FN développant 1700 chevaux. C’est le même modèle qui équipait alors le chasseur Lavotchkin La-5 ou encore l’avion d’attaque au sol Sukhoi Su-2. Et cette fois le bombardier fut à la hauteur des espérances soviétiques.
À tel point même qu’en mai-juin 1943 l’un d’entre-eux réalisa un raid de propagande vers les États-Unis afin de montrer la technologie soviétique. Mais comparer aux versions les plus récentes des Boeing B-17 Flying Fortress et Consolidated B-24 Liberator le quadrimoteur soviétique ne tenait pas la distance.

À l’instar de ce qui se passait au Royaume-Uni avec les Avro Lancaster B Mk-I Special de la RAF cinq Petlyakov Pe-8 furent modifiés afin d’emporter une seule bombe FAB-5000Ng de 5000 kilos l’unité. Ils furent notamment engagés dans des raids vers la fin de la guerre contre des sites industriels présumés abritant des armes de haute technologie. L’emploi de ces bombes nécessitait la dépose des mitrailleuses et canons de défense, à l’exception des armes des nacelles moteurs. L’équipage était alors réduit à six membres. Les résultats ne furent jamais probants.

Quand la Seconde Guerre mondiale se termina en août 1945 seuls trente Petlyakov Pe-8 étaient encore en état de vol. La majorité fut désarmée et utilisé jusqu’en 1952 comme avions de transport de fret à longue distance pour le compte de l’institut soviétique d’étude Antarctique. Ils permirent l’établissement de bases scientifiques.
Après-guerre, le Pe-8 ne fut pas codé par l’OTAN.

Avion emblématique des conceptions d’Andreï Tupolev avant guerre le Petlyakov Pe-8 est souvent considéré à tort comme le seul bombardier quadrimoteur soviétiques de la Seconde Guerre mondiale. C’est oublier un peu vite le Tupolev TB-3 dans l’ombre duquel il vola la plus part du temps. Pour mémoire le principal bombardier de l’aviation soviétique à cette époque était le North American B-25 Mitchell, un avion livré par l’Amérique au titre de la loi de prêt-bail. Il ne reste aujourd’hui plus aucun Pe-8.

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Photos du Petlyakov Pe-8

Caractéristiques techniques

Modèle : Petlyakov Pe-8, version à moteurs ASh-82FN.
Envergure : 39.10 m
Longueur : 23.59 m
Hauteur : 6.20 m
Surface alaire : 188.68 m2
Motorisation : 4 moteurs en double étoile Shvetsov ASh-82FN
Puissance totale : 4 x 1700 ch.
Armement : Deux mitrailleuses mobiles de 12.7mm + deux de 7.62mm + deux canons mobiles des 20mm. 4000kg de bombes en soute.
Charge utile : -
Poids en charge : 36000 kg
Vitesse max. : 450 km/h à 9000 m
Plafond pratique : 9000 m
Distance max. : 4700 Km avec charge maximale de bombes.
Equipage : 11
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Profil couleur

Profil couleur du Petlyakov Pe-8

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Petlyakov Pe-8
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du Petlyakov Pe-8

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