Rumpler B.I / B.II

Quand à la fin du mois de juillet 1914 s’ouvrirent les hostilités de la Première Guerre mondiale l’aviation militaire était un concept totalement balbutiant. Chaque camp n’avait que peu de machines de ce type et leur rôle était encore assez limité. Hormis la formation des pilotes et les missions de renseignement on ne leur confiait alors rien de très intéressant. Surtout l’armement de ces appareils était bien souvent inexistant, même pour ceux appelés à survoler les lignes ennemies. En Allemagne un des premiers avions désarmés à devoir remplir des missions opérationnelles fut le Rumpler B.I.

À la déclaration de guerre la société Rumpler était de celles qui avaient le plus d’expérience en Allemagne dans la construction en série d’aéroplanes. Elle s’était faite la main sur le monoplan Taube conçu par l’ingénieur Igo Etrich et pour lequel elle avait obtenu la plus importante licence de production du pays. Pour autant ses dirigeants reçurent la consigne de développer pour la jeune aviation militaire impériale allemande, la Luftstreitkräfte, un avion pouvant assurer aussi bien des missions d’observation que de réglage des positions et tirs de l’artillerie. Le cahier des charges prévoyait un biplan.

C’est ainsi que naquit le Rumpler 4A. Il reprenait quelques éléments du Taube comme la voilure qui devint sur celui-ci le plan supérieur mais aussi l’empennage. Assemblé en bois et toile ce biplan possédait un poste de pilotage biplace en tandem et un train d’atterrissage classique fixe. Il était animé par un moteur à six cylindres en ligne Mercedes D.I d’une puissance de 100 chevaux. Une première commande pour cent trente machines fut passée et l’avion reçut à cette occasion la désignation de Rumpler B.I, démontrant ainsi par la lettre B qu’il ne serait jamais armé. Son prototype réalisa son premier vol en septembre 1914 tandis que les premiers exemplaires entrèrent en service en novembre de la même année.

Rapidement les Rumpler B.I de la Luftstreitkräfte permirent à l’Allemagne et à l’Autriche-Hongrie d’obtenir des informations sur les positions britanniques et françaises, mais aussi russes sur le front oriental. Ces avions furent tellement appréciés qu’en février 1915 il fut décidé de commander cent exemplaires supplémentaires. Pour des raisons purement industrielles les moteurs Mercedes D.I furent remplacés par des Benz Bz.III détarés à 125 chevaux. Ce gain de puissance permit à l’avion de voler plus loin, à défaut de plus vite.
Ils furent opérationnels à partir de mars 1915 sous la désignation de Rumpler B.II.

À partir de l’automne 1915 pourtant les Rumpler B.I et B.II commencèrent à quitter la première ligne suite à l’arrivée en unité des premiers avions de reconnaissance armée. De ce fait la plus part d’entre eux fut envoyée dans les écoles de pilotage de l’aviation militaire allemande. Ils y restèrent jusqu’à l’Armistice du 11 novembre 1918, étant ainsi parmi les rares avions à voler quasiment du début à la fin de la Première Guerre mondiale.

Les deux derniers B.II commandés ne furent cependant jamais livrés puisque pris en compte par la Kaiserliche Marine. Si le premier demeura dans l’état le second fut modifié en hydravion à flotteurs et désigné Rumpler 4B. La marine impériale allemande ne possédant pas de système de désignation et n’ayant pas adopté celui de la Luftstreitkräfte c’est donc sous le nom de Rumpler 4B que les vingt-six exemplaires de série entrèrent en service actif.
Au sein de l’aéronavale allemande naissante ces petits hydravions biplans réalisaient aussi bien des missions de surveillance côtière et portuaire que d’entraînement primaire et intermédiaire. Ils demeurèrent en service de début 1915 à la fin des hostilités.

À l’instar de nombreux avions du début du conflit les Rumpler B.I et B.II finirent donc leur carrière comme appareils d’entraînement. C’était alors très courant en Allemagne, mais aussi dans d’autres pays comme la France et la Grande Bretagne. Après guerre quelques exemplaires terrestres furent pris en compte par l’aviation danoise naissante pour des missions de surveillance côtières.
Il ne reste de nos jours plus rien de ces biplans de reconnaissance et d’entraînement.