Les désignations des avions et hydravions allemands de la guerre 14/18

Ce contenu est une partie du dossier thématique : Les systèmes de désignation

À l’instar de ce qu’elle fit une vingtaine d’années plus tard avec le RLM l’Allemagne disposa durant la Première Guerre mondiale d’un premier système de désignations de ses aéronefs militaires. Si celui-ci avait encore quelques lacunes il permit cependant aux militaires de l’empire allemand d’enfin pouvoir différencier leurs propres machines, que ce soit par leur architecture générale ou bien leur mission principale.

On doit l’idée d’un tel système au général Walter von Eberhardt. Il le créa en 1914, quelques semaines seulement avant le déclenchement des hostilités. Eberhardt était alors à la tête du tout nouvel Inspektion der Fliegertruppen, ou Idflieg. L’Inspektion der Fliegertruppen, en français «Inspection des troupes volantes», devait permettre d’unifier l’ensemble des procédures propres à la jeune aviation militaire allemande : la Luftstreitkräfte. Si ce nom fut connu dès la fin de l’année 1913 il ne fut officialisé pour définir l’aviation allemande qu’en 1916. Jusque là elle s’appelait Fliegertruppen des deutschen Kaiserreiches.
Le général von Eberhardt créa ainsi un système assez simple, et non simpliste, basé sur une lettre en majuscule suivi d’un point et d’un numéro en chiffres romains. À partir du chiffre dix le chiffre romain laissait la place à un chiffre arabe.

Élèves-pilotes et instructeurs allemands devant deux Aviatik B.I.

La lettre devait permettre d’identifier l’architecture ou la mission de l’avion tandis que le numéro indiquait la place de celui ci par rapport à son constructeur. Le successeur de Walter von Eberhardt à la tête de l’Idflieg, le colonel Richard Roethe, apporta également sa pierre à l’édifice dès la fin de l’année 1914. Désormais certaines désignations comportaient deux lettres, la seconde également en majuscule pour définir une mission ou en minuscule pour expliquer une architecture. Une volonté de simplification qui ne fut pourtant pas toujours comprise par les services de renseignement de la Triple Entente.
Afin de vous familiariser avec elles voici une rapide présentation, avec si possible pour chacune au moins un exemple d’aéronef. En premier vous sont proposées les désignations à une seule lettre et dans un second temps celles à deux lettres.

  • La lettre A désignait les monoplans non armés pouvant servir aussi bien à l’entraînement qu’aux vols de reconnaissance et d’observation tel l’Etrich A.I.
  • La lettre B désignait les biplans non armés pouvant servir aussi bien à l’entraînement qu’aux vols de reconnaissance et d’observation tels les Albatros B.III ou Halberstadt B.II.
  • La lettre C désignait les biplans de reconnaissance armée tels les LVG C.II ou Rumpler C.IV.
  • La lettre D désignait les biplans de chasse tels l’Aviatik D.I ou le Siemens-Schuckert D.III.
  • La lettre E désignait les monoplans de chasse tels les Fokker E.V et Pfalz E.III.
  • La lettre G désignait les biplans bimoteurs de bombardement tels les AEG G.II et Rumpler G.III.
  • La lettre J désignait les biplans et monoplans d’attaque au sol et de chasse lourde tels les AEG J.I et Junkers J.I.
  • La lettre K désignait les biplans bimoteurs de bombardement et d’attaque au sol tel le Fokker K.I.
  • La lettre N désignait les biplans bimoteurs ou quadrimoteurs de bombardement nocturne tel le Friedrichshafen N.I.
  • La lettre R désignait les biplans multimoteurs de bombardement à long rayon d’action tels les Daimler R.II et Zeppelin-Staaken R.VI.
  • La lettre V désignait les biplans et monoplans purement expérimentaux tel le Fokker V.I.
  • La lettre W désignait les hydravions tels les Albatros W.IV et Hansa-Brandenburg W.12.

Il est à signaler que les lettres F et L désignant respectivement des triplans de chasse et des biplans bombardiers lourds bimoteurs n’ont existé qu’en théorie. Aucun aéronef n’a jamais porté la moindre de ces désignations.

Les marquages de désignations imposés par l’Idflieg étaient généralement apposés sur les flancs de l’avion, comme ici sur ce chasseur Fokker D.VII.
  • Les lettres CL désignaient les biplans de chasse lourde d’escorte tels les Halberstadt CL.II et les Hannover CL.V.
  • Les lettres DJ désignaient les biplans blindés d’appui tactique tel l’AEG DJ.I.
  • Les lettres Dr désignaient les triplans de chasse tels Fokker Dr.I et Pfalz Dr.I.
  • Les lettres GL désignaient les biplans de bombardement rapide tel le Gotha GL.VIII.
  • Les lettres PE désignaient les triplans d’attaque au sol tel l’AEG PE.I.
  • Les lettres WD désignaient les hydravions biplans tel le Gotha WD.III.

Il faut signaler la désignation à trois lettres DDr qui désignait un triplan de chasse bipoutre conçu par Siemens-Schuckert : le DDr.I. L’avion fut unique et ne dépassa pas le stade expérimental.

Plus d’un siècle plus tard le Fokker Dr.I demeure un des plus célèbres chasseurs de la Première Guerre mondiale.

S’il fut aboli en 1919 par le Traité de Versailles le système de désignation de l’Idflieg marqua durablement son époque. Il est considéré comme étant la base de tous les systèmes similaires apparus après lui. Les codifications des aéronavales américaines d’avant 1962 et japonaises d’avant 1945 sont notamment fondées sur lui. Bien sûr elles ont été modernisées et adaptées aux pays en question.

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
Autres dossiers
Sondage

"Si la France devait mettre une des personnalités aéronautiques suivantes au Panthéon, laquelle vous semblerait la plus logique ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié

Martin XB-26H

L’histoire de l’avion est jalonnée de prototypes et d’aéronefs sans lendemain, entendez par là qu’ils n’ont pas été construits en série, et qui ont cependant

Lire la suite...