Les Sikorsky S-58 dans la Force Aérienne Belge

Petite par sa superficie, à peine plus de 30 500 km², mais densément peuplée, avec plus de onze millions d’habitants, la Belgique a toujours été une actrice importante du développement de l’OTAN et de l’Union Européenne. Membre fondatrice des deux organismes elle a su déployer des moyens très conséquents quand ceux-ci étaient requis.
Il en est ainsi de ses forces aériennes, et notamment de sa composante hélicoptère. Ainsi durant la guerre froide le pays mit en œuvre une importante flotte de voilures tournante dont l’apogée fut atteinte avec le Sikorsky S-58 américain.
Petit retour en arrière sur l’histoire pas banale des Sikorsky S-58 et HSS-1 en service dans les Forces Aériennes Belges.

En avril 1961 la Belgique et la France passèrent un accord visant à la livraison par la seconde de cinq hélicoptères Sud Aviation HSS-1, la version navale de sauvetage et de transport du S-58 construite en France et utilisée massivement par la Marine Nationale. En fait ces hélicoptères avaient peu d’heures de vol et disposaient encore d’un excellent potentiel. D’autant que l’hélicoptériste français s’engagea à réviser totalement les machines avant leur livraison à la Belgique.
Sur la base de Coxyde, en Flandre Occidentale, ils furent repeints aux couleurs militaires belges et dotés d’une immatriculation civile. Du premier au dernier ils prirent les codes tactiques B-4, B-5, B-6, B-7, et B-8. Ceux allant de B-1 à B-3 inclus étaient déjà pris par les trois Bristol Sycamore affectés aux opérations coloniales africaines.

L’unité qui les exploita était le Flight Hélicoptère. Sa dotation fut pleine en avril 1962. Mais déjà depuis quelques mois avec les deux premiers Sud Aviation HSS-1 elle avait commencé à défricher ce qui allait devenir pour les cinquante années à venir la spécialité des pilotes d’hélicoptères belges de Coxyde : la recherche et le sauvetage en mer. Les HSS-1 avaient en effet conservé le treuil mécanique en dotation dans les rangs de la Marine Nationale.

Malgré ses « seulement » soixante-six kilomètres de littoral, allant de la frontière française à la frontière néerlandaise, la Belgique était alors un élément important des missions de sauvetage dans la partie méridionale de la Mer du Nord.
Cette fameuse « Mer du Nord pour dernier terrain vague » si chère à Jacques Brel, a toujours été l’un des poumons économiques du pays. Pas moins de trois ports majeurs sont situés sur le littoral belge : Anvers, Ostende, et Zeebrugges. Et donc autant de navires de commerces, de pétroliers, de chalutiers, et de bateaux de croisières qui peuvent le cas échéant avoir besoin de secours… venant du ciel.

Dès leur mise en route les pilotes de HSS-1 belges n’ont pas chômé. D’autant que rapidement leur réputation de  très grand professionnalisme a dépassé les frontières du pays. France, Pays-Bas, et Royaume-Uni n’hésitaient déjà plus à requérir leur présence sur certains sauvetages.

En janvier 1963 il devint évident pour l’état-major belge que les Sud Aviation HSS-1 ne seraient jamais autre chose que des hélicoptères de recherche et de sauvetage. Il lui fallait donc en trouver d’autres pour les missions de transport et d’assaut au profit des forces armées et de l’OTAN. À Bruxelles le ministère de la défense se proposa alors de racheter cinq Sikorsky S-58C civils acquis initialement par la compagnie aérienne SABENA pour des vols urbains et court-courriers.
Rapidement transformés pour en faire des hélicoptères de transport militaires ils furent acceptés au service par le Flight Hélicoptère au printemps 1963. Ils y reçurent les codes tactiques B-9, B-10, B-11, B-12, et B-13.
Il fut alors décidé de scinder le Flight Hélicoptère en deux : Flight A pour les HSS-1 et Flight B pour les S-58C.
Dans le même temps il fut décidé de réaffecter les HSS-1 B-7 et B-8 auprès de la Force Navale Belge, comme éléments aériens. Cependant quand ils n’étaient pas embarqués sur des navires pouvant les recevoir, ces deux hélicoptères retournaient à Coxyde. L’aéronavale belge n’avait en effet pas de base en propre.

Durant toutes la décennie les HSS-1 et S-58C alternèrent missions opérationnelles et exercice pour le compte de l’OTAN.
Ainsi en août 1963 un HSS-1 fut déployé sur la base aérienne de Kleine Brogel pour assister le NATO Tiger Meet en tant qu’hélicoptère de sauvetage et d’évacuation sanitaire. L’équipage du Flight Helicoptère a donc pu côtoyer les Canadair CL-13 Sabre Mk-6 du Squadron 439 canadien, les Dassault Super Mystère B2 de l’EC-1/12 française, les English Electric Lightning F Mk-1 du Squadron 74 britannique, les North American F-100D Super Sabre du 79th Tactical Fighter Squadron américain, les Republic F-84F Thunderstreak de la 31ème Escadrille belge, les Republic RF-84F Thunderstreak de l’AG-52 allemande, et les Republic F-105D Thunderchief du 53rd Tactical Fighter Squadron américain.
Fort heureusement aucun accident ne nécessita la mise en l’air du HSS6-1 belge.

Début 1969 il fut décidé d’acquérir deux hélicoptères S-58C supplémentaires auprès de la SABENA. Destinés à des missions au profit du gouvernement, de la famille royale, et des hauts responsables militaires, ces appareils ne furent pas modifiés intérieurement.
Ils furent affectés au Flight C. Les codes tactiques devinrent logiquement B-14 et B-15.

Début 1974 il fut décidé de donner un successeur aux quinze Sud Aviation HSS-1 et Sikorsky S-58C. Après une sélection rigoureuse Bruxelles décida d’acquérir le Westland Sea King Mk-48 britannique alors en compétition avec l’Aérospatiale SA-321 Super Frelon français.
Dans l’optique de l’entrée en service prochaine de ces appareils le Flight Hélicoptère fusionna avec l’unité de maintenance des hélicoptères militaires et donna naissance à la 40ème Escadrille.

Tandis qu’en octobre 1976 les premiers Sea King Mk-48 entraient en service au sein de la Force Aérienne Belge les HSS-1 et S-58C commençaient leur retrait du service. De manière assez ironique ce ne sont pas les premiers arrivants qui furent les premiers partants. En fait les S-58C codés de B-9 à B-13 inclus furent les premiers à être retirés du service, alors même qu’ils n’étaient pas ceux qui volaient le plus.
Début 1982 il ne restait plus que les Sud Aviation HSS-1 encore en service. Le B-8 fut le dernier Sud Aviation HSS-1 / Sikorsky S-58C à quitter le service actif belge, le 19 juillet 1986.
Désormais les Westland Sea King Mk-48 étaient seuls maîtres à bord.

De nos jours le Sud Aviation HSS-1 codé B-6 est préservé au musée aéronautique de Bruxelles dans le parc du Cinquantenaire. Il a été totalement rénové il y a quelques années.

Photo © San Diego Air & Space Museum.

 

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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