[Inde] Et si le Dassault Rafale ratait à la dernière minute le contrat MMRCA ?

Les médias indiens et américains ont récemment indiqué que les discussions entre l’Indian Air Force et Dassault pour le contrat MMRCA était au point mort. Le choix du Rafale en premier de la liste finale de sélection a permis l’ouverture de négociations exclusives avec Dassault pour finaliser le contrat, mais le contrat est loin d’être signé pour autant.

Ces rapports tendus ont été attribués à des parties externes qui ont un jeu poker dangereux pour Dassault. Cela viendrait notamment de l’Allemagne, qui soutient l’Eurofighter Typhoon, mais aussi de la Russie, dont le MiG-35 était également dans la compétition, mais rapidement écarté.

Certaines sources outre-rhin affirment qu’il y a eu des discussions entre les représentants allemands et indiens sur une offre retravaillée concernant l’Eurofighter Typhoon. Pour leur part, des représentants russes ont affirmé qu’il y a une forte probabilité que l’appel d’offres MMRCA soit relancé à zéro par le gouvernement indien.

La majorité des économies européennes continue d’être en difficulté. Le soutien de la zone euro, conjointement mené par la France et l’Allemagne, ne les empêche aucunement de se concurrencer sur le plan industriel et mondial. Dans ce contexte économique rude, le contrat MMRCA de 10 milliards $ est en effet une sacré aubaine. En effet, la valeur du contrat final avec toutes les options exercées pourrait atteindre les 20 milliards de dollars. Les industries européennes de défense faisant face à un ralentissement dans les commandes nationales ont envie de faire tout leur possible pour remporter ce contrat indien par tous les moyens possibles.

L’IAF a soumis les six prétendants à un processus d’évaluation très rigoureux basé sur plus de 600 paramètres spécifiques. Il est raisonnablement sûr que la sélection finale du Rafale et du Typhoon, contrairement au MiG-35, au Gripen, au F-16IN Viper et F-18E/F Super Hornet, est été techniquement valable et que l’avion choisi répond le mieux aux exigences opérationnelles actuelles et futures de l’IAF.

Depuis le début et jusqu’à présent, le gouvernement indien et l’IAF ont été très fermes sur la réalisation d’une sélection transparente et techniquement juste de l’appareil le mieux adapté aux requêtes du contrat MMRCA. Le contrat du Rafale est particulièrement important car il est permettra de lutter contre le vieillissement croissant des avions de combat présents dans les escadrons en service. Il pourrait également permettre d’atteindre un nombre de 39 escadrons contre 32 actuellement.

Ces éventuels retards dans le programme d’intégration du Rafale ne sont pas bons pour l’Indian Air Force. Donc, il est à espérer que le ministère de la défense indien et l’IAF sauront maintenir les négociations sur la bonne voie et conclure le marché rapidement afin de faciliter la mise en service prochaine de ce nouvel avion.

Les industriels français sont susceptibles de négocier âprement afin d’optimiser leurs intérêts. Si l’on se fonde sur les informations disponibles publiquement, il n’est pas possible d’assurer la véracité des actions « souterraines »allemandes et russes récentes. Mais il est certains qu’une pression analogue des négociateurs français pour clôturer avec succès le marché doit exister.

En outre, le fait que le Rafale n’a pas encore de trouver un client « non-français » doit surement être utilisé par les émissaires indiens pour obtenir des conditions favorables. La vente définitive du Rafale à l’Inde pourrait être un point primordial à mettre en avant, par Dassault, sur le marché à l’avenir et permettrait de débloquer d’autres exportations, donnant à la France un avantage considérable à moyen et à long terme.

Il est donc impératif que l’Inde, l’IAF, Dassault et la France de rester unis et solidaires face aux parties voulant saboter l’accord sur le Rafale. Aujourd’hui, le Rafale est très important pour l’IAF et tout ce qui retarde l’introduction du chasseur MMRCA irait à l’encontre de l’intérêt national indien.

En même temps, la création de la ligne d’assemblage en Inde pour la construction du lot principal d’aéronefs serait aussi retardée. L’Inde va chercher à maximiser la fabrication de tous les composants et sous-composants du Rafale en Inde. Des économies d’échelle et le coût plus élevé de la fabrication de petits lots de composants ou sous-composants pourraient être un argument à l’importation de ces appareillages. Mais il serait logiquement préférable, pour l’Inde, de pouvoir disposer d’une indépendance sur les pièces détachées. Il faut rappeler que la non-disponibilité d’un avion de combat est finalement beaucoup plus gênante que l’absence d’économies d’échelle. Mais l’IAF ne peut se permettre d’exiger des conditions intenables pour Dassault.

L’Inde est aujourd’hui confrontée à une baisse de ses escadrons de chasse. Ses plans pour enrayer cette chute sont dans une large mesure basés sur l’introduction rapide du Rafale. Ceci devrait en partie nous rassurer sur la conclusion prochaine de l’accord.

Précisons enfin que (comme le souligne le directeur de la communication de chez Dassault sur Twitter) les déclarations officielles indiennes indiquent que le processus est en bonne voie et que Dassault est le seul et unique interlocuteur. Rappelons tout de même, qu’en 2007 l’Inde alors en négociation exclusive avec Eurocopter (comme Dassault aujourd’hui) avait cassé l’appel d’offres suite à des pressions américaines. Cela pour un contrat bien moins important et dans un contexte économique différent d’aujourd’hui. Donc restons prudent…

Photo (c) Marine Nationale


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Gaëtan
Passionné d'aéronautique et formateur en Web et PAO, il est le fondateur, en 1999, de l'encyclopédie de l'aviation militaire www.avionslegendaires.net. Administrateur et rédacteur en chef du blog, il vous fait partager ses avis et coups de coeur (ou de gueule) sur l'actualité aéronautique.
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Commentaires

11 Responses

  1. Franchement j’aurais les boules, mais je suis optimiste par nature, donc j’y crois, bonne chance à Dassault et au Rafale.

  2. Bonsoir
    Permettez moi de préciser que le Ministère indien de la Défense a rappelé qu’il ne discutait avec personne d’autre que Dassault Aviation comme le précise The Economic Times après les déclarations russes et allemandes.
    http://articles.economictimes.indiatimes.com/2012-08-23/news/33342349_1_rafale-aircraft-french-rafale-european-eurofighter
    Il n’est peut-être pas inutile également de mentionner la déclaration de l’Ambassadeur indien en France : « Je suis sûr que notre gouvernement a procédé aux analyses technologiques et financières avec la plus grande rigueur. Les négociations avancent avec succès », assure son Excellence Rakesh Sood dans LeParisien fin août.
    Enfin, un article de l’Indian Express mentionne les déclarations officielles indiennes suivantes : « Addressing questions raised over the process of selecting Rafale fighter planes, Government is going ahead with the procurement of 126 French combat aircraft and effort is being made to complete the deal within this financial year. Contract negotiations for the multi-billion dollar deal will resume soon, Government sources said. Government is making efforts to conclude the deal during this financial year, sources said. »
    http://www.indianexpress.com/news/govt-to-procure-126-combat-aircraft/993410/
    Cordialement
    Stéphane Fort
    Dassault Aviation

  3. Ça ne m’étonnerait pas, le lobby anglo saxon est là, consigne supprimer le Rafale de toutes compétitions internationales pour imposer leurs avions, l’Inde est telle si indépendante que cela ? ainsi que les émirats d’ailleurs. Espérant tout de même que l’Inde tiendra sa promesse de contrat au Rafale multirôle qu’ au Typhoon chasseur qui n’a rien prouvé en opération, les anglo/allemands essaient d’en faire un multirôle. Gagner cette compétition ouvrirait toutes les portes à l’exportation du Rafale, et ça les anglo/saxons le craindraient

  4. D’après ce que j’ai lu, suite à ces rumeurs qui courent ces derniers temps, les autorités Indiennes ont assurées qu’elle étaient « en discutions avec personne d’autre que Dassault aviation dont l’aéronef a été choisi comme soumissionnaire le moins disant dans le contrat de plusieurs milliards de dollars ». et que « les négociations se poursuivent avec succès »…

    Je pense que ce sont simplement des rumeurs lancées par les Anglo-saxons qui, jaloux de s’être fait doubler, tentent de jouer leurs derrières carte.
    Mais je ne crois pas que les Indiens soient du genre à se laisser impressionner par ce genre de manœuvre. 😛

  5. ceci est fréquent dans tous les domaines dès qu’il y a un appel d’offres. Les perdants essayent de se rattraper. C’est de l’agressivité commerciale. Mais au bout du compte, seul l’acheteur peut décider de ce qu’il va acheter. Dans le cas du Rafale, il ne faut écouter que les Indiens. Boeing et Cassidian ont leurs actionnaires, et doivent montrer qu’il ne baissent pas les bras. Les sources d’information indiennes sont cohérentes : les travaux avec Dassault suivent leur cours.

  6. Il y a quand même une bonne raison de rester optimiste: les Indiens VEULENT LE RAFALE.
    Ils en connaissent la valeur pour l’avoir examiné sous toutes les coutures et connaissent bien les produits Dassault (depuis….l’Ouragan vous vous souvenez ?).
    Certes les exigences indiennes deront difficiles à satisfaire, entre autres parce que tout le monde sait que HAL à Bangalore n’a absolument pas la capacité industrielle de fabriquer le Rafale (ça coince déjà avec le SU 30 MKI de construction bien plus grossière) et donc la fabrication « sous licence » du joujou de Saint Cloud risque de n’être qu’une farce.
    Mais bon, ce serait kif kif avec le EF 2000 ou tout autre concurrent.
    Seul un truc m’inquiète, à Saint Cloud on n’a pas signé de contrat depuis plus de dix ans et il y a des habitudes qui se perdent…… De plus vu l’habituel manque de souplesse de papy Edelstennes j’ai quelques fois des sueurs froides…..

  7. New Delhi tablerait sur la production de 200 chasseurs furtifs indo-russes d’ici à 2022. Le gouvernement a d’ores et déjà prévu d’envoyer sous quinzaine un directeur d’Hindustan Aeronautics, l’un des plus importants groupes aéronautiques indiens, ainsi que des experts de l’Indian Air Force en Russie. La signature du contrat de conception préliminaire, évalué à 11 milliards de dollars, est en jeu.Hindustan Aeronautics et Russia United Aircraft Corporation interviennent à parts égales dans le projet. Sur le plan technique, l’Inde contribuerait en termes de systèmes informatiques et de navigation, cockpits et systèmes de contre-mesures. Le général Alexander Zelin, ex-commandant en chef de l’armée de l’air russe et aujourd’hui conseiller auprès du ministère russe de la Défense, annonçait il y a un an dans les médias que « la première fournée des chasseurs de 5e génération entrera en service en 2014–2015 ».

  8. Honnetement, au lieu de se tirer dans les pattes comme ils le font, la France et l’Allemagne feraient mieux de faire cause commune et de se partager le contrat. tout le monde serait gagnant (sauf les russes).

    La france et l’allemagne pour avoir placé leur avion (meme si le chiffre final et divisé par deux) et l’Inde qui aurait ainsi accés a deux excellent appareils qui je pense, peuvent se completer a merveille, l’un paliant les defauts de l’autre, et vice et versa…

    Bref, on est encore loin de l’U-E en tant qu’etat !

  9. SNECMA et MICROTURBO doivent « monter » une usine en INDE avec le projet d’augmentation de puissance du M88-2 (demande des E.A.U) donc ce n’est pas pour rien à suivre…

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