Le porte-aéronefs USS Wasp et ses F-35B Lightning II patrouillent en mer des Salomon.

C’est une mission bien plus délicate qu’il n’y parait de prime abord. Depuis ce début de mois d’août 2019 le porte-aéronefs USS Wasp, spécialisé dans le soutien aux opérations amphibies, est en patrouille dans la mer des Salomon. Partie intégrante de l’océan Pacifique cette zone maritime est fréquemment visitée par des navires chinois dont l’activité est souvent sujette à controverses. C’est surtout à la demande des deux pays limitrophes de cette mer que le navire de guerre américain est présent sur zone.

Car ni les îles Salomon ni la Papouasie-Nouvelle-Guinée qui se partagent toutes deux les eaux de cette petite mer ne possèdent de moyens suffisants pour contrer la menace grandissante que font peser les bateaux usines chinois. Ces navires de pèche pillent en effet littéralement les ressources de la région, à coups de tonnes de poissons à chaque fois. Face à eux les îles Salomon ne possèdent que deux petits patrouilleurs côtiers et la Papouasie-Nouvelle-Guinée guère mieux. Seuls les deux plus récents patrouilleurs de ce pays peuvent intervenir en haute mer, ce sont des modèle de la classe Guardian développé en Australie.
C’est pourquoi depuis une vingtaine d’années il existe un accord de défense signé avec les États-Unis. L’US Navy déploie fréquemment des destroyers, plus rarement des porte-aéronefs comme c’est le cas actuellement.

Appontage sur l’USS Wasp en pleine mer.

Mais l’occasion était trop belle. La marine américaine disposait de plusieurs bâtiments depuis le mois de juillet dans la région puisqu’ils participaient à l’exercice naval international Talisman Sabre en mer de Corail. L’USS Wasp était de ceux-là. Mais surtout les deux petits états voisins de la mer des Salomon ont autorisé l’aéronavale américaine à utiliser leurs espaces aériens souverains respectifs. De ce fait les pilotes et équipages des Bell-Boeing MV-22B Osprey, Lockheed-Martin F-35B Lightning II, ou encore Sikorsky CH-53E Super Stallion peuvent s’exercer en toute quiétude. Et dans le même temps la mission de soutien à la souveraineté est assurée.

C’est ainsi que les pilotes de la chasse embarquée ont pu s’entraîner au tir naval. Il s’agissait principalement de détruire à l’aide de leur canon GAU-22/A de calibre 25mm des cibles flottantes de couleur rouge orangé de grande taille. Ces dernières sont connues dans l’US Navy sous la surnom de «Killer Tomatoes» ! C’est une référence à une comédie d’horreur de série Z sortie aux États-Unis à la fin des années 1970.

Et visiblement les pilotes de F-35B Lightning II s’en sont donnés à cœur joie avec ces «tomates tueuses». Il semble qu’ils en aient pulvérisé plus d’une douzaine. Plusieurs l’ont été autrement qu’avec le canon-mitrailleur des chasseurs furtifs. Des munitions de précision GBU-12 Paveway et GBU-32 JDAM ont aussi été employé pour les détruire, permettant au passage de vérifier que ces armes étaient adaptées à la destruction de cibles navales potentielles.

En mer des Salomon des armuriers installent une munition guidée dans la soute d’un F-35B Lightning II.

Après on peut se demander si un navire du tonnage de l’USS Wasp n’est pas un peu surdimensionné pour une mission de patrouille en mer des Salomon. Ou si cette dernière n’est pas juste une excuse pour que l’US Navy ne soit présente dans la région. Rien pour l’instant ne semble indiquer que le bâtiment américain ait croisé le moindre navire chinois, même pas civil. En même temps un destroyer chinois s’approcherait t-il d’un porte-aéronefs américain ? Pas sûr.

Photos © US Navy.

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 réponses

  1. Il est nécessaire, pour disposer d’un nombre suffisant d’appareils pour des opérations de surveillance, de supériorité aérienne, voire des frappes, même localisées ou de police maritime, Pour cela, il faut disposer d’un navire avec des hangars dimensionnés. en conséquence.. C’est une problème bien connu des concepteurs navals et des marines actuelles. Le coût des appareils embarqués actuels est sans commune mesure par rapport à ceux utilisés des années 70 à 2000.

    Les navires comme le Wasp dotés d’hélicoptères et plus récemment de F-35 B sont des navires comparables aux porte-avions américains de Classe Essex (CV9) ou japonais. Comparativement à leurs grand-frères les CVN Nimitz / Ford, ils sont plus intéressants à engager que des destroyers actuels aux moyens d’interventions limitées à la portée de leurs simples armes de bords et aux missiles. Les moyens aériens de ces destroyers, la plupart du temps, sont très limités (un hélicoptère ou deux la plupart du temps) ce qui limite leurs actions..

    Ils permettent de constituer un aéroport « réduit » et à moindre frais de ne pas engager les groupes aéronavals entiers (Nimitz / Carl Vinson / Ford). Les appareils actuels sont multi-rôles ce qui est un avantage. Il faut également considérer l’importance dans la région, de posséder de telles plateformes, avec même un « petit » groupement aérien. De plus, l’entraînement de ces petites unités est indispensable pour assurer leur efficacité opérationnelle en notamment quand le coût/heure de vol est élevé..ceci n’était pas le cas avec d’autres appareils.

    Les japonais l’ont compris récemment avec leurs porte-hélicoptères devant être dotés de F-35B (https://thediplomat.com/2018/12/japan-to-convert-izumo-class-into-f-35-carrying-aircraft-carrier/)..

    Les batailles passées dans cette partie du pacifique (de mi-1942 à début 1943)) montrent l’importance de posséder des portes-aéronefs dans un vaste espace maritime comme celui-ci, qui doit notamment assurer les échanges énergétiques, économiques voire militaires..

    Paradoxalement ce sont les chinois qui remplacent les japonais dans cette partie du globe.. Ce type de navire est donc le moyen d’assurer une certaine « sécurité » de navigation dans cette région « clé » assurant les échange entre l’Amérique, l’Asie et l’Australie. La lecture de nombreux ouvrages géopolitiques et militaires sur cette question et des études sur les ressources dans cette zone est à recommander pour lever tout doute sur le sujet.

    L’avantage également est que si l’on possède cette capacité, on peut l’employer, plutôt que de demander à autrui de le faire à sa place comme l’ont fait les deux nations sujet de l’article. Article comme toujours très détaillé et intéressant . Merci Arnaud !.

    Bien cordialement..

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