Tu-95 Bear et missiles Kh-55 au cœur des frappes aériennes contre l’Ukraine.

Lorsque le dictateur russe Vladimir Poutine a décidé de déclencher le 24 février 2022 son «opération spéciale» cherchant ainsi à «dénazifier» l’Ukraine il était sans doute loin de se dire que sa Blitzkrieg allait si lamentablement échouer. Presque treize mois plus tard son aviation a quasiment déserté les cieux ukrainiens, du fait d’une résistance acharnée et puissamment équipée en DCA. De ce fait il est obligé de faire appel à des tirs de missiles de croisières lancés à distance de sécurité par de vieux bombardiers Tupolev Tu-22M Backfire et Tu-95MS Bear-H. Même la propagande du Kremlin peine désormais à masquer cette défaite de celle que l’on prenait il y a encore peu pour une des plus puissantes forces aériennes de la planète.

Sur le papier en effet les tristement célèbres missiles de croisière Kh-47M2 Kinjal, dits missiles hypersoniques, sont tirés contre les installations industrielles et militaires de l’Ukraine depuis des Mikoyan MiG-31BM Foxhound-B et des Tupolev Tu-22M Backfire.
Oui enfin ça c’est ce que les médias russes aiment à répéter à qui veut l’entendre. Car la réalité sur le terrain est sensiblement différente. D’abord si les missiles russes touchent bien des installations industrielles, et notamment énergétiques, cela fait plusieurs mois qu’ils n’atteignent plus aucune cible militaire. Les missiles sol-air de la DCA les en empêchent. En lieu et place les forces d’invasions russes n’hésitent plus à frapper des immeubles d’habitations avec les dits missiles de croisière.
Ainsi le 14 janvier dernier une barre d’immeuble de Dnipro était attaquée par une munition de ce genre, causant la mort de quarante civils innocents. Plus près de nous le 28 avril c’est à Ouman qu’un missile de croisière tiré depuis un avion perforait un immeuble d’habitation tuant vingt-cinq Ukrainiens. Les hommes en âge de combattre étant sur le front la majorité des victimes sont des femmes et des enfants ainsi que des retraités.

Surtout les analyses des trajectoires des bombardiers ainsi que leur vitesse ne laissent désormais plus aucun doute aux spécialistes occidentaux et aux stratèges ukrainiens : Moscou envoie ses antédiluviens Tupolev Tu-95MS Bear-H. Surtout l’examen des débris de plusieurs tirs de missiles de croisière a confirmé ce que certains sous-entendaient depuis Noël dernier, à savoir que Moscou ment sur la réalité opérationnelle de son missile hypersonique. Plusieurs raids aériens présentés par les médias d’état à la main de Vladimir Poutine n’ont pas été le fruit d’ultramodernes Kh-47M2 Kinjal mais d’armes beaucoup plus rustiques. Les restes de ces missiles démontrent qu’il s’agissait de Kh-55 et plus rarement de Kh-59.

Le missile Kh-55, ou AS-15 Kent pour l’OTAN, est un des premiers véritables missiles de croisière digne de ce nom. Il a été mis au point par les ingénieurs soviétiques entre la seconde moitié des années 1960 et la première moitié de la décennie suivante. Il n’a quasiment pas été modernisé depuis. Particularité notable il peut emporter une charge de combat thermonucléaire ou conventionnelle. Seule cette dernière a jusque là été employée par la fédération de Russie. Le missile Kh-59, alias AS-13 Kingbolt dans la nomenclature atlantiste, est une arme plus récente puisque conçue dans les années 1980. Il a été moins employé par les forces russes contre l’Ukraine, et sans doute plutôt pour des frappes sur des cibles moins stratégiques. Ce dernier est pointé du doigt dans le raid contre l’immeuble de Dnipro.

Ce vendredi 5 mai 2023 le ministère de la défense ukrainienne a fait une annonce qui pourrait bien causer quelques sueurs froides aux stratèges moscovites : une batterie anti-aérienne MIM-104 Patriot fournie par les États-Unis a détruit un missile Kh-47M2. Le Kinjal ne serait donc plus l’arme conventionnelle absolue de la Russie contre la souveraineté ukrainienne.
En fait c’est justement cette DCA ukrainienne très efficace qui oblige désormais la Russie à tirer ses missiles de croisière à distance de sécurité. C’est à dire depuis son territoire ou celui de son vassal numéro 1, la Biélorussie. C’est donc la peur le moteur premier de cette réaction russe, la peur de perdre des avions du fait des missiles sol-air ukrainiens.
En 2023 un bombardier comme le Tupolev Tu-95MS Bear-H peut emporter jusqu’à huit missiles Kh-55 et/ou Kh-59. Autant dire qu’ils peuvent causer de très gros dégâts contre les installations civiles ukrainiennes et tuer des centaines de victimes innocentes.

Photo © ministère russe de la défense.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

14 réponses

  1. Bonsoir,
    Je ne suis pas du tout un spécialiste de la guerre aérienne mais je me demande pourquoi les russes ne font pas du « carpet bombing ». Un peu comme ce que nous avons fait pendant le GM2 ou bien les US pendant la guerre du vietnam.
    En plus je pense qu’une « simple’ bombe coute moins cher qu’un missile.

    1. Il faut être au dessus de la cible pour faire du « carpet bombing », et donc devenir vulnérable à la DCA Ukrainienne qui est très efficace.

    2. Bonsoir. Sans me prétendre expert, je pense qu’il est nécessaire d’avoir une certaine maîtrise du ciel pour cela, sinon avec les moyens antiaériens modernes, cela se transformera en tir aux pigeons. Or la Russie n’a pas la maîtrise du ciel Ukrainien

    3. Pour pouvoir faire du Carpet bombing il faut être en mesure de s’approcher à quelques kilomètres et non rester à plusieurs centaines de kilomètres comme c’est le cas de l’aviation russe actuellement

  2. A qui profiterai le Crime ?
    Tout, absolument TOUT me semble bidon dans cette affaire.
    Cela me semble une histoire Russo – Russe . Il semble évident à mes yeux qu’il y a une guerre à mort , mais feutrée, sous faux drapeaux autour du pouvoir au Kremlin. Une nuit des longs couteaux ? ??
    En russe on dit « Maskirovska  » pour « dissimulation » …

  3. Un moment des chiffres valent mieux que des mots: Pendant la 1 ère guerre du wgolfe, 20% des SCUDS on pu être intercepté par les patriots. C’est aussi bien l’imprécision des SCUDS irakiens sur Israël ou sur les bases us en A-S que l’inefficacité du système Patriot qui a fait aussi « peu » de dégâts.

    Après l’invasion, la guerre et non pas l’opération spéciale de Vlad qui massacre des innocents ne sont en aucun justifiables! Mais détruire des installations civiles comme les centrales électriques, l’épuration des eaux, les gares, les aéroports, c’est le b-a ba de toutes offensives (mensongères et cruelles) de toutes guerres modernes.

    Genre Irak 2003? 1991? Géorgie, Syrie.. aucun « camps » n’est ni blanc ni noir.

  4. Bonjour,

    Je lisais que Moscou a tiré pour près de 14 MILLIARDS de dollars de missile de croisière en tout genre sur l’Ukraine…
    Tout son arsenal y étant passé, les voila obligé de tirer des antiquités depuis des avions des années 50….
    Connaissant le sérieux de leur maintenance et de leur suivi des stocks, j’espère qu’ils n’ont pas oublié une vieille ogive thermonucléaire dans un vieux Kh-55..

    La Russie ne se relèvera pas de si tôt de ce bourbier dans lequel elle s’est mise, tant d’un point de vue économique (obligé de brader son pétrole) que politique (même la Chine vient de voter pour la qualifier d’agresseur).

    Hâte de lire le commentaire de jacques nous expliquer que cela fait parti du plan de l’opération spéciale !

  5. Salut ARNAUD et les passionnés,
    Bon Arnaud, je vais me faire l’avocat du , et tu connais pourtant mes opinions envers cette dictature et mafia poutinienne ( je ne parle pas du peuple russe dans son ensemble qui n’aspire qu’à la paix comme nous tous, mis à part les 20 % de populistes russes, frères d’armes des abrutis de trumpistes….! ).
    Je disais donc, que suite à ton article et à d’autres lectures documentées, j’avais parfois un doute quand, un immeuble civil détruit par un missile « poutinien » était « toujours » considéré comme l’objectif initial…!
    Je m’explique : – le niveau de qualité et de précision des armes poutiniennes est largement remis en question depuis le début de l’invasion poutiniienne, et, qui plus est, l’obligation de tirer ces missiles de croisière, du territoire russe, afin d’éviter la défense antiaérienne ukrainienne, accentue ce niveau d’imprécision, tout comme, par ailleurs, l’obligation de sortir de la naphtaline les vieux missiles de la Guerre Froide…. Je ne suis donc pas affirmatif, quant à l’objectif civil « délibéré », que je condamne, entend-on nous bien, « fermement » ….!
    J’espère évidemment que cette  » poutin » de guerre prendra fin rapidement en cette veille commémorative de fin de la guerre 39-45, mais pas avant d’avoir botté le C…. ( en trois lettres..,?.!) de cette bande de mafieux et nazis russes, (je parle ici des dirigeants……) de l’intégralité du territoire ukrainien ….! Évidemment,… si les ukrainiens y arrivent par la négociation, sans faire parler les armes, je le préfèrerai, mais ça me semble impossible avec Poutine ! Le problème est que, si Poutine est viré, ça pourrait être pire, avec les  » faucons » russes, ou plutôt les  » vrais…… »., qui se cachent actuellement dans l’ombre de Poutine, en attendant leur heure,quand le fruit sera bien mûr… !
    Bonnes réflexions !

  6. a se demander si les russes ont encore des armes pour maintenir cette guerre… il va bien arriver un jour ou les russes auront plus grand chose a lancer sur l’ukraine.
    je me demande combien de temps il faudrait pour que la russie ait a nouveau une armee digne de ce nom et surtout pendant combien de temps l’otan et autres pays vont continuer a fournir en arme l’ukraine.

    1. Bonjour,
      au cours des multiples émissions sur la guerre, certains spécialistes disent qu’il faut au moins 10a pour remettre l’armée russe dans l’état ou elle était avant l’attaque contre l’Ukraine .

  7. Bien que la Russie poutinienne se considère une super-puissance mondiale, son économie ne représente que 7% de celle des USA. Malgré leur population inférieure à celle de la Russie, la France et le Canada ont des PIB supérieurs. Il est donc bien évident qu’un nain économique comme la Russie ne peut soutenir une telle guerre bien longtemps sans s’effondrer. La guerre froide avait saignée à blanc l’URSS et menée à sa perte. Il en sera de même avec la guerre en Ukraine. Pauvre peuple russe qui va encore en souffrir…

  8. Aux dernières nouvelles, le tyran du Kremlin vient de se ridiculiser encore plus étant donné que la perte d’un missile hypersonique russe vient d’être confirmée par des vidéos et photos amateur en provenance d’Ukraine comparés aux photo du Kinzhal.

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