Le Dassault Aviation Rafale F4 bientôt sous marquage de la Serbie ?

Et si l’avion de combat clodoaldien devenait la référence dans les Balkans contemporains ? Alors que ce lundi 8 avril 2024 le Président de la République Emmanuel Macron reçoit son homologue serbe, monsieur Aleksandar Vučić, le dossier du Dassault Aviation Rafale F4 sera sur toutes les lèvres. En effet tous les voyants sont au vert pour qu’un accord soit trouvé entre Belgrade et Paris autour de douze exemplaires du chasseur tricolore. Et le grand perdant ici est la Russie qui comptait jusque là la Serbie dans sa sphère d’influence.

Après la Grèce puis la Croatie la Serbie pourrait bien devenir le troisième client balkanique du Rafale. En tous cas elle fait tout pour depuis environ deux ans et demi. Il faut dire que ses vieux Mikoyan MiG-29SM Fulcrum sont devenus pesants pour elle, en partie à cause de la hausse des coûts d’entretien de ces avions hérités de la guerre froide. Quatorze mois après avoir officialisé sa volonté d’acheter le chasseur français il semble que le temps des négociations de haut niveau soit arrivé. Ça tombe donc bien que ce lundi soir Emmanuel Macron et Aleksandar Vučić aient un dîner d’état à l’Élysée.

Sur le papier le président serbe vient surtout discuter Europe, et plus particulièrement intégration à l’Union Européenne. Les diplomaties de Belgrade et de Paris travaillent ensemble sur la question depuis de nombreux mois maintenant. Pour autant quelques indices montrent clairement que le Rafale sera sur la table sans doute avant le dessert. Ainsi mercredi dernier l’ambassadrice de Serbie en France a visité un site du groupe Dassault dans les Yvelines. Madame Ana Hrustanović ne s’est pas rendue directement chez Dassault Aviation à Saint-Cloud mais le symbole était là. Par ailleurs la presse serbe parle de plus en plus d’une nouvelle commande de radars tridimensionnels GM400 de chez Thales marquant ainsi l’attachement de Belgrade aux produits français de défense. Surtout Aleksandar Vučić lui-même rappelle à qui veut l’entendre que le Dassault Aviation Rafale est pour lui le seul avion en lice aujourd’hui pour le remplacement de ses vieux MiG-29 Fulcrum.

C’est sans doute aussi une manière de rappeler au Kremlin que malgré toutes ses manigances Belgrade a définitivement tourné le dos aux Sukhoi Su-30 Flanker-C et Su-35 Flanker-E qui lui ont été un temps proposés. Il faut dire que les déboires de la Russie en terme de sous-traitance industrielle et de suivi de ses exportations a définitivement terni son image. Ça et sa tendance à envahir ses voisins quand ils ne font pas ce qu’elle veut ! Et contrairement à ce que certains médias peu regardant sur la véracité des faits ont pu écrire la Serbie n’a nullement l’ambition de faire volte-face au profit de l’Eurofighter EF-2000 Typhoon pas plus que du Saab JAS 39E/F Gripen, et ce pour une très bonne raison. Ils ne sont pas en compétition face au Rafale, Belgrade ne s’est jamais intéressée à eux.

Une signature ce soir à l’Élysée d’un contrat autour de douze Dassault Aviation Rafale F4 ne semble cependant pas à l’ordre du jour. Ou alors ce serait une énorme surprise. Par contre une déclaration officielle en ce sens sur le perron du palais présidentiel français n’est pas forcément à exclure, on sait qu’Emmanuel Macron est friand de ces petits coups de théâtre savamment millimétrés.

Affaire (forcément) à suivre.

Photo © Armée de l’Air et de l’Espace

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

17 réponses

  1. Les serbes ont peut-être tourné le dos aux avions russes, mais ils n’ont pas pour autant tourné le dos à la Russie de Poutine.
    S’il reste un pays d’ Europe occidentale sur lequel la Russie peut s’appuyer, c’est bien la Serbie.
    Nous fîmes partie des belligérants quand les Balkans ont plongé dans le chaos à la fin du siècle dernier. Chaos déclenché par la Serbie avec son cortège d’horreurs dont on pensait l’Europe immunisée. Et l’incendie ne demande qu’à redémarrer.
    Et on va vendre du matériel militaire a cette bande de criminels de guerre potentiels?…
    Décidément, affairisme et morale sont des notions définitivement antinomiques.
    Et, accessoirement, autant livrer directement un Rafale au Popov, hein… au point où on en est!

    1. Livrer des Rafale à la Serbie revient donc selon vous à les livrer à la Russie ? C’est rigolo car c’était les mêmes arguments sortis par ceux qui refusaient que la France ne les vende à l’Égypte et à l’Inde. Et finalement la Russie n’en a pas eu. Je dis ça je ne dis rien…

      1. C’était une image, Arnaud. Bien sûr qu’on ne va pas livrer matériellement un Rafale aux russes.
        Mais pouvez-vous être sûr que des ingénieurs russes ne viendront pas étudier sous toutes ses coutures un Rafale aux couleurs de la Serbie?
        Nous étions en guerre contre la Serbie il n’y a pas si longtemps encore, et nous sommes en guerre contre la Russie, n’en déplaise à ceux qui veulent se cacher derrière leur petit doigt. Ça devrait interroger, tout de même…
        J’espère qu’on sait encore faire la différence entre nos amis et nos ennemis.
        Je préfère donc une Serbie équipée de coucous russkofs très moyens plutôt que de leur refiler notre pépite.
        Cela dit, je ne suis pas naïf au point de penser qu’on ne fait pas exactement la même chose contre nos concurrents. C’est une des lois du marché finalement…
        Mais on a le droit de ne pas penser comme moi, hein. Çà, c’est une loi de la démocratie 😉

        1. Est-ce que les suédois se sont préoccupés de vendre des Gripens à la Hongrie de M. Orban, soutien public de Poutine en Europe ?

    2. C’est quand même les Serbes qui ont livré à la CPI l’ex-président Milosevic. Même si les russes aiment souffler sur les braises de problèmes avec le Kosovo, ce n’est pas une raison de croire la Serbie aux mains de Moscou. A part quelques extrémistes à courte vue, tous les gens que je connais voyent bien la stupidité d’un lien fort avec Poutine, la Serbie étant un petit pays noyé dans l’immensité européenne. Ce n’est pas en rêvant aux vieilles lunes que l’on prépare l’avenir.
      Et de toute façon le Rafale c’est de l’électronique, et l’électronique ça se désactive.

  2. Ca va être le boxon alors dans le 8e arrondissement ce soir. J’ai intéret à terminer le boulot pas trop tard. Mais bon si on peut vendre 12 Rafales derrière c’est pas mal.

  3. La Serbie n’aura pas de F4. Elle pourra peut-être à terme être éligible à la diplomatie du F3 d’occasion si elle normalise ses relations avec le Kosovo et surtout si la situation en Bosnie ne se dégrade pas. En attendant, la France ne dit pas non mais n’a jamais donner son accord et ça fait presque 8 ans que ça dure. Et ce ne sont pas les déclarations récentes de Vucic sur les serbes de Bosnie qui vont faire avancer le dossier.

        1. Il faudrait aussi des biplaces pour la transformation, et puis le potentiel de ces avions sont bien entamé, une grande partie faisant partie des 1ers livrés
          Ensuite, utiliser un avion marin comme avion terrestre c’est trimbaler quelques centaines de kg de plus sans intérêt

      1. Ça ne se fera pas tout de suite mais l’idée de vendre des petits lots de rafale d’occasion au standard F3-R pour des raisons diplomatiques et pour les remplacer par le nouveau standard semble faire son chemin. C’est le modèle croate et franchement c’est loin d’être idiot comme démarche.

      2. Il y a des rumeurs que le Qatar aurait le souhait de revendre ses Rafale qui sont en version F3 car l’émirat voudrait en commander d’autre à la version F4, histoire de soutenir la comparaison avec son voisin des Émirats arabes unis. Et vu que les Rafale qataris sont relativement jeunes, ont donc encore beaucoup de potentiel et vu la forte demande pour obtenir des Rafale de seconde main, ces Rafale qataris trouveraient vite preneur …

        1. Je ne sais pas d’où vous sortez cette rumeur, je n’en ai jamais eu vent. Mais c’est vrai que les Qataris veulent moderniser leurs Rafale F3 au standard F4.1.

        2. Pour avoir des Rafales F4, le Qatar risque d’avoir un peu plus de mal que simplement Honorer la facture. Les relations avec la France sont assez tendues, avec le soutien du Qatar aux frères musulmans.
          Aussi la facilité avec laquelle le contrat initial à été honoré risque de subir un certain délai, histoire de glisser quelques alinéas supplémentaires.

  4. Bonjour à tous,
    on peut comprendre l’intérêt des Serbes pour le Rafale, vu qu’il a une « fâcheuse tendance » à écraser la concurrence. Toutefois, rappelons nous ce qu’a fait le Qatar lors de manœuvres conjointes avec la Turquie… Depuis on en a plus entendu parler. Mais il est fort probable que les ingénieurs turques ont dû reluquer leur adversaire potentiel de très près. Pouvons-nous prendre le même risque avec la Serbie vu les relations qu’elle entretient avec la RuSSie. Espérons qu’il y a des « gardes fous » pour ce genre de transactions.

  5. @ tous.
    J’ai bien entendu des cris d’orfraie sur cette possibilité de vente.
    Et il faut admettre que la Serbie… C’est un client spécial.
    J’en ai entendu parler de toutes les manières possibles et ce qui gâche la réalité des faits, c’est que ce soit en bien ou en mal, on parle toujours de la Serbie.
    Mais il doit sûrement il y avoir plein de courants politiques, les uns pacifistes et démocratiques et les autres moins.
    Maintenant, c’est aux services concernés de nous s dire ce que la Serbie sera, déjà que l’on a du mal à savoir ce que la Serbie à été depuis l’éclatement de la Yougoslavie.
    Et quel prix sommes nous à mettre pour arrimer ce pays à la paix…
    Alors bien entendu, acheter la paix avec des armes de guerre, c’est plutôt gros comme argument mais tant qu’il n’y aura pas d’infusion d’Européisme dans ce pays, il restera un paria.
    Et qui sommes nous pour leur tourner le dos?
    N’étant pas pétri de certitudes, la question m’apparaît essentielle

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