Le Dassault Aviation Rafale peut-il s’imposer en Amérique du Sud ?

On le sait très apprécié en Asie et autour de la Méditerranée mais le chef d’œuvre clodoaldien peut-il réussir à triompher également en Amérique du Sud ? La question est loin d’être stupide quand on sait qu’en Colombie et au Pérou il est actuellement en phase finale de compétition, face à des adversaires largement à sa portée. Surtout le Dassault Aviation Rafale F4 est l’avion dont on parle de plus en plus un peu partout sur le continent, y compris auprès de forces aériennes où on ne l’attendrait pas forcément. Et puis il reste toujours l’option brésilienne…

Colombie et Pérou, et donc dans une bien moindre mesure Brésil, les chances de Dassault Aviation de remporter des contrats en Amérique du Sud sont désormais assez élevées. Dans le premier cas le Rafale F4 affronte le Typhoon du consortium Eurofighter et dans le second le tout nouveau KF-21 Boramae de l’avionneur KAI. L’avion français s’oppose donc à son meilleur adversaire européen et à un nouveau venu sur le marché qui malgré des arguments pêche par le fait qu’il n’est pas encore en service opérationnel dans son pays d’origine, la Corée du Sud. Sur le papier c’est normalement du tout cuit pour le Rafale. Sauf que les contrats d’armement, et notamment les ventes d’avions de combat, réservent généralement bien des surprises. Et parfois pas les meilleurs, c’est là le jeu de la diplomatie !

Pour autant ces trois pays ne sont actuellement pas les seuls sur ce continent dans lesquels l’avion français pourrait s’imposer. Inutile d’envisager l’Argentine car primo le pays est en faillite et secundo il a investit dans des F-16MLU ex danois rachetés de seconde main ; et tertio les relations entre Emmanuel Macron et Javier Milei ne sont pas franchement ce qu’on pourrait appeler cordiales. Pour d’autres raisons le Venezuela n’est pas non plus à prendre en compte puisque c’est le seul pays de la région à être demeuré fidèle au Kremlin après le déclenchement de la guerre contre l’Ukraine souveraine. Et depuis le récent résultat contesté de l’élection présidentielle c’est une poudrière ! Et oui là encore la diplomatie prend le dessus sur le reste. Alors quels pays reste t-il à Dassault Aviation pour espérer imposer son Rafale F4 en Amérique du Sud ?

Potentiellement il y a là deux pays qui peuvent parfaitement entrer dans les cadres diplomatiques et économiques du Dassault Aviation Rafale F4. Attention il ne faudrait pas s’attendre à des contrats XXL comme avec les Émirats Arabes Unis mais plutôt à des ventes de petits lots d’une dizaine voire une douzaine d’exemplaires seulement. Ce sont d’ailleurs les presses (hispanophones) locales qui depuis quelques temps maintenant rappellent régulièrement le nom de l’avion français. Ça finit presque par ressembler à un mantra. Ces deux pays sont le Chili et l’Équateur.

Mais au fait pourquoi eux ? D’abord parce que dans les deux cas ils vont bientôt avoir besoin d’un nouveau modèle d’avion de combat. Pour le Chili il s’agira de remplacer ses vieux General Dynamics F-16A/B Fighting Falcon et Northrop F-5E/F Tiger II tandis que dans le cas de l’Équateur c’est plus complexe car le pays ne possède plus de chasse depuis une décennie. Ces deux pays ont aussi pour eux de déjà être clients de la firme altoséquanaise, ou bien plutôt de l’avoir été. Chiliens et Équatoriens ont en effet tous deux volés sur Dassault Mirage 5/50 et même sur Mirage F1 pour les seconds. Ils connaissent donc parfaitement la qualité des avions assemblés à Mérignac. C’est sans doute pour cela que leurs médias respectifs parlent de plus en plus fréquemment du Rafale.

Pour autant il ne faut pas crier victoire trop vite. D’abord aucune compétition n’a officiellement été lancée et le Chili a indiqué en 2022 que le remplacement de ses plus vieux chasseurs se ferait entre la seconde moitié de la décennie et le début de la prochaine. En attendant l’avionneur ENAER fait le job afin de les maintenir en état. Surtout là encore il faudra s’attendre à voir en face l’Eurofighter EF-2000 Typhoon mais aussi le Lockheed-Martin F-16V Viper, remplaçant logique des F-16A/B. On sait d’ailleurs que l’avionneur américain flatte régulièrement l’égo des Chiliens en amenant son avion à la Feria Internacional del Aire y del Espacio, la fameuse FIDAE. Il s’agit du salon aéronautique chilien où Rafale et Typhoon sont également bien présents.

Vous l’aurez compris les options de contrats pour Dassault Aviation en Amérique du Sud sont élevées et si elles se concrétisent elles pourraient bien forcer l’avionneur à encore augmenter ses cadences de production. Ce qui sera forcément une bonne nouvelle pour l’emploi ouvrier qualifié dans l’aéronautique française, y compris pour les nombreux sous-traitants du constructeur.

Affaire (donc) à suivre.

Photo © Armée de l’Air et de l’Espace.