Avec son Super Interceptor le Japon veut adapter le F-15EX Eagle II à ses besoins.

L’histoire du F-15 Eagle au Japon n’a jamais été simple. Son évolution en Super Interceptor le démontre une fois encore, avec un jeu de «je t’aime moi non plus» autour du F-15EX Eagle II. Surtout Boeing doit s’assurer de ne pas froisser son partenaire local MHI, Mitsubishi Heavy Industries. Un numéro d’équilibriste qui cependant devrait donner naissance à un chasseur parfaitement adapté aux besoins nippons.

Avec des voisins aussi encombrants que la Chine, la Corée du Nord, ou encore la Russie le Japon se doit de posséder une aviation de chasse digne de ce nom. C’est d’ailleurs l’une des plus actives de la planète en terme de décollages en scramble alpha. Le Mitsubishi F-15J Eagle (avec sa version biplace d’entraînement avancé et de transformation opérationnelle F-15DJ) forme l’ossature de défense aérienne et d’interception de la Kōkū Jieitai, aussi connue comme Japan Air Self-Defence Force ou JASDF. Et cela dure depuis 1981. Ayant échoué dans les années 1990 à acquérir le Lockheed-Martin F-22A Raptor il lui faut aujourd’hui penser la continuité de ses F-15J/DJ Eagle au-delà de 2040.

Initialement appelé JSI, pour Japanese Super Interceptor le programme de modernisation a été raccourci à SI, le Japanese ayant disparu. En même temps étant porté par MHI et par la Kōkū Jieitai il était évident qu’il soit japonais. En 2019 quand il est établi celui-ci prévoit une modernisation à minima. L’année suivante il est renforcé au niveau où on le connait aujourd’hui avant de finalement être suspendu en raison de la crise pandémique du Covid-19. On peut dire qu’elle aura vraiment coûter cher aux programmes aéronautiques celle-ci ! On y revient donc concrètement en ce mois de novembre 2024.

Boeing s’est de ce fait vu attribué une enveloppe de 129 millions de dollars US afin de préparer la transition du F-15J/DJ actuel à la version F-15SI (pour Super Interceptor donc) Super Eagle incluant une partie de la technologie du F-15EX. Là où la situation se tend c’est que le Japon n’a pas commandé l’Eagle II, il veut une version hybride de ses vieux chasseurs datés des années 1980-1990 et de ce nouvel avion des années 2020. Ça va encore nous faire un montage à la Frankenstein, je ne vous raconte que ça… Et là où la tension sera à son paroxysme c’est que Mitsubishi Heavy Industries ne va rien assembler du tout et se retrouvera en simple sous-traitant du programme. Le gros œuvre sera réalisé à Saint Louis dans le Missouri tandis que des travaux secondaires auront lieu en Californie, en Floride, et dans le Maryland. Vous l’aurez compris c’est tout (ou presque) pour l’industrie américaine !

Le cœur du F-15SI Super Eagle disposera donc du radar AN/APG-82(V)1 et de la suite de guerre électronique AN/ALQ-250 du F-15EX Eagle II. Il devrait intégrer le systèmes de flares AN/ALE-47 ainsi qu’une nacelle Lantirn. Par contre à ce stade du programme rien n’indique que les réservoirs conformes, ou CFT, soient prévus. Pour permettre les travaux chaque avion sera déposé de zéro. En fait si on y regarde de plus près quand les premiers F-15SI sortiront d’usines ce seront de vieux F-15EX.

Affaire à suivre.

Photos © US Department of Defense.