Quand un Américain crut qu’il pouvait se faire offrir un AV-8B Harrier II par PepsiCo.

Même si l’aéronautique est un domaine généralement hyper sérieux il peut arriver qu’on tombe sur une histoire totalement loufoque. Celle de John Leonard et de «son» McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II en fait largement partie. Et pourtant aussi rigolote que soit cette aventure elle s’est terminée par un procès contre une des plus grosses entreprises agroalimentaires des États-Unis : PepsiCo. C’est aussi l’affaire d’un type qui a sans doute trop pris au sérieux ce qui ne devait finalement pas l’être.

En France Pepsi a toujours été à la ramasse derrière Coca-Cola. Notre pays préfère largement la bouteille de soda à étiquette rouge à celle à étiquette bleue. Du coup l’affaire John Leonard est passée quasi inaperçue chez nous. Aux États-Unis c’est une autre histoire puisque la guerre des colas n’a jamais cessé d’avoir lieu. Et PepsiCo l’emporte parfois sur son concurrent. Aussi ce litige commercial plutôt rigolo y a reçu un écho phénoménale.

Nous sommes en 1996 et face à Coca-Cola et ses publicités plutôt plan-plan PepsiCo choisit l’originalité. Dans un spot destiné aux chaines de télé américaines et aux salles de cinéma on propose aux consommateurs de collectionner les Pepsi Points, en gros les cannettes afin de s’offrir des produits dérivées. Pour 75 points c’est un t-shirt, pour 175 points une paire de lunettes de soleil, et pour 1450 points un blouson d’aviateur en cuir.  C’est une manière plutôt amusante de fidéliser sa clientèle. Le cœur de cible étant les ados on voit à la fin du spot l’un d’eux se poser sur la pelouse d’un lycée à bord d’un McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II réalisé en partie en images de synthèse. Et le spot dit clairement que pour sept millions de points Pepsi vous pouvez vous offrir l’avion d’attaque standard de l’US Marines Corps.

À cette époque l’ADAV américain a le vent en poupe. Il a été mis en avant dans une scène restée d’anthologie de la comédie d’action True Lies réalisée par James Cameron, remake américain de La Totale. On y voit l’espion américain joué par Arnold Schwarzenegger réquisitionner un AV-8B Harrier II après qu’une arme atomique ait explosé en Floride. Et le héros va tenter d’empêcher un nouvelle explosion nucléaire en centre-ville cette fois avec son avion… et au passage délivrer sa fille prise en otage. Pour celles et ceux qui ne l’auraient jamais vu ce film est juste un énorme délire. N’empêche qu’en cette année 1996 après le carton au  box-office de True Lies le Harrier II est très à la mode outre-Atlantique. Notamment auprès des ados et des jeunes adultes.

Aussi la pub Pepsi passe particulièrement bien auprès de ce public. En France on la découvre sur M6 le dimanche soir dans la cultissime émission Culture Pub. Je me souviens d’ailleurs l’y avoir vu et comme tout le monde je pense l’avoir prise au second degré. Je ne suis donc pas John Leonard ! Car lui s’est vraiment dit qu’avec sept millions de points Pepsi il allait pouvoir s’offrir un tel avion.

Bien sûr ce jeune étudiant américain de 21 ans ne va pas boire sept millions de cannettes de 33 centilitres de Pepsi. Il existe alors la possibilité d’acheter ses points auprès de la marque de soda à 10 cents le points. Ayant pas mal de bagout John Leonard réussit à collecter les 700 000 dollars US nécessaires à «l’achat» de son McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II. On se demande encore comment des investisseurs ont pu le suivre à l’époque ? Il envoie donc un chèque de 700 008 dollars et 50 cents pour l’acquisition de l’avion et le traitement de son dossier. Sauf que chez PepsiCo on refuse tout net de lui céder sept millions de points qui lui auraient octroyé le Harrier II. Et ce pour une bonne et simple raison : l’avion n’a jamais été gagnable !

En fait les publicistes de PespiCo n’ont jamais cru que quiconque de sérieux et d’adulte prendrait leur publicité au 1er degré. C’était effectivement ne pas connaitre John Leonard. Du haut de ses 21 ans l’étudiant en commerce attaque ainsi en justice, à New York, le géant américain de l’agroalimentaire. Il veut son Harrier II et si PepsiCo ne lui offre pas de son plein gré la justice l’y obligera. Enfin ça c’est ce que John croit. Car dès le départ la justice américaine se range du côté du bon sens. Oui certes une pub Pepsi proposait d’acquérir un AV-8B Harrier II pour sept millions de points mais cela ne pouvait pas être pris pour autre chose qu’une grosse blague. Qui irait confier un avion de combat de l’US Marines Corps à un lycéen ou à un étudiant ?

John Leonard fut donc débouté, et sans doute dégouté aussi. Et il n’eut jamais son Harrier II. Aujourd’hui âgé de 49 ans l’homme… est retombé dans l’oubli. Pour autant son fait divers est nettement plus connu. Et dorénavant il n’est pas rare de voir PepsiCo indiquer dans ses pubs la présence d’un caractère humoristique.

Photo © US Marines Corps


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

12 Responses

  1. McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II
    Oui, mais à quelle échelle ?
    1/48, 1/72, 1/350… ?

    700.000 dollars collectés !!!
    Il y a des personnes qui ont vraiment trop d’argent.

  2. Le documentaire est disponible sur Netflix.
    Figurez vous que toute cette histoire est à cause de l’absence d’une quelconque mention contraire en tout petit pour dire que c’est une blague. L’adolescent a alors cru être dans son bon droit de réclamer son dû. Une fois cette affaire finie Pepsi à ainsi rajouté cette mention contraire en bas de l’image de son annonce pour se protéger mais aussi a monté le nombre de point passant de 7 millions à 700 millions.

  3. Une femme a séché son chat dans le micro onde, elle a attaqué le fabricant au tribunal et a gagner, dans le monde d’emplois ne figurait pas le danger pour la vie des animaux.
    On s’étonne nous européen aux USA d’avoir des modes d’emploi de la taille d’un bottin téléphonique, avant l’arrivée des smartphones où ils sont à télécharger sous forme de PDF.

  4. Décidément l’Amérique déçoit, et l’auteur de cet article ose trouver cela drôle. C’est pathétique. Quelle déchéance. Tout ça pour faire la publicité d’un symbole de l’impérialisme américain.

  5. Dans ce pays où l’on gagne 300 000 dollars pour avoir glissé sur une peau de banane ou quelque millions pour s’être brûlé avec du thé bouillant, sa ne m’aurait pas étonné que la justice américaine donne raison à l’adolescent et qu’elle oblige Pepsi à donner à ce dernier l’équivalent en argent. Figurez vous qu’en 2014, RedBull, à cause de son slogan « donne des ailes », à été traîné en justice par des consommateurs américains pour publicité mensongère. Pour éviter une longue bataille judiciaire, la société RedBull à préféré payer 13 millions de dollars pour vite régler ce litige à l’amiable.

    1. En France la présence de Coca-Cola remonte à 1918, le célèbre soda américain est arrivé dans les bagages du corps expéditionnaire de 1917. C’est pour ça notamment que Pepsi a toujours eu un mal de chien à s’implanter dans l’Hexagone.

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