C’est un des avions les plus surprenants de tout l’arsenal de l’US Air Force. Depuis quelques jours le Boeing NT-43A a repris ses vols de soutien aux essais en vol, notamment depuis le «range» de Tonopah dans le Nevada. Cet avion qui suscite depuis des années théories complotistes et suppositions complètement farfelues est en fait un avion radar utilisé dans le cadre du développement d’avions furtifs. Il s’agit d’un ancien avion d’entraînement Boeing T-43A Gator très lourdement modifié.
Le fait qu’il opère aux abords de Tonopah, où ont nés notamment le très énigmatique Windecker YE-5 et le non moins mystérieux Lockheed Have Blue, renforce forcément l’intérêt qu’on peut avoir pour lui. En fait le Boeing NT-43A, connu sous son indicatif radio de RAT55, est une sorte d’AWACS employé par l’Air Force Materiel Command pour suivre et contrôler la signature radar des aéronefs furtifs en phase d’essais en vol. Ce n’est donc ni un avion espion ni même un avion de guerre électronique X ou Y. Il est plus proche du banc d’essais en vol que d’autre chose. Mais ces deux énormes radomes dans le nez et la queue en ont fait un objet de fantasmes.
Moi même adolescent j’y voyais un avion formidable, fabuleux, extraordinaire. Puis j’ai grandi et mûri, et surtout je me suis documenté sur lui. Extraordinaire il l’est, mais au sens premier du terme. Il sort de l’ordinaire. Contrairement à ce que les théoriciens complotistes ont pu écrire ou dire il n’a nullement pour fonction de suivre les approches d’OVNI ou encore de contrôler les populations civiles. D’abord parce que le Boeing NT-43A est un vieux tacot ! Il a été construit à partir d’un avion de ligne Boeing 737-200 Advanced en 1973 et a réalisé son premier vol sous la forme qu’on lui connait actuellement à l’été 1974. Il est donc intimement lié à tous les développements d’avions furtifs américains depuis… un demi-siècle. Si l’avion en lui-même n’a pas été modernisé c’est qu’en il vole très (mais très très) peu. Depuis la crise pandémique du Covid-19 on estime qu’il n’a pas dépassé les 100 heures de vols. En 2004 un rapport sénatorial américain pointait du doigt qu’il avait alors à peine 4500 heures de vol depuis son entrée en service.
Alors pourquoi en ce moi de mai 2025 le Boeing NT-43A est-il de retour outre Atlantique ? D’abord parce que pour mesurer la signature radar d’un avion furtif, piloté ou télépiloté, il n’y a que lui. Et des programmes d’aéronefs furtifs l’US Air Force en a quelques-uns sous le coude. On pense évidemment en premier lieu au bombardier stratégique Northrop Grumman B-21A Raider mais aussi aux drones General Atomics XQ-67 ou encore Kratos XQ-58 pour ne citer que les trois plus célèbres. On ignore actuellement l’avancée exact du Boeing YF-47 voire même d’une hypothétique version bimoteur du F-35 Lightning II. Et encore il ne s’agit là que des machines connues, on ne parle de celles qui ne sont que supposées.
Donc oui le fait que le Pentagone ait laissé fuité la reprise des vols du NT-43A n’est pas quelque chose d’anodin. Pour autant il ne faut pas s’enflammer, ça n’est qu’un avion de soutien aux essais en vol. Ni plus ni moins.
Photo © AP
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