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Une aviation militaire comme l’US Air Force utilise en permanence des avions de gros gabarits pour des missions aussi importantes que le transport stratégique, la veille radar, ou le bombardement. Mais quel peut bien être le point commun entre un mécanicien-naviguant sur Air Force One, un officier système d’armes sur B-1B Lancer, et un copilote volant sur E-8 J-Stars ? Ils ont tous trois été formés sur le même avion d’entrainement multimoteur : le Boeing T-43 Gator. Véritable géant parmi les avions d’entraînement, cette version militaire de l’avion de ligne Boeing 737 a su se rendre incontournable dans la formations des pilotes et équipages de l’aviation militaire américaine.
Comme souvent les origines du T-43 remontent à une nécessité de remplacement d’un avion ancien, le Convair T-29 bimoteur proche du célèbre C-131 Samaritan, devenu obsolète par la multiplication des avions à réaction et par l’apparition d’une électronique embarquée de plus en plus omniprésente. En 1970 alors que l’US Air Force engageait la plus part de ses forces vives dans la Guerre du Vietnam, il fut décidé que le T-29 n’était plus à même de remplir correctement sa mission de formation des pilotes et équipages pour les bombardiers B-52 et les appareils de transport C-141. De plus l’apparition de nouveaux jets multimoteurs faisait qu’un avion mû par des moteurs à pistons devenait totalement dépassé. Il fut donc décidé de trouver un remplaçant à cette appareil. Il fut d’abord envisagé de modifier quelques Lockheed C-130, mais les officiers américains exigèrent rapidement que le nouvel avion d’entraînement soit au moins un biréacteur.
Trois machines furent alors envisagés : les Boeing 727 et 737, et le Douglas DC-9. Si la propulsion à trois réacteurs du premier lui conférait une sécurité en vol exemplaire, son fuselage et sa consommation étaient inadapté à la fiche programme. Il ne restait plus que deux biréacteurs. L’appareil de Douglas semblait trop exigu pour pouvoir embarquer les dix élèves et leurs consoles de formation, et surtout le 737 permettait d’en emporter douze. Le contrat fut signé entre Boeing et l’US Air Force pour la livraison de dix-neuf avions sous la désignation de T-43 Gator. Ils étaient basés sur le 737-200. Le prototype vola en mars 1972 et les livraisons débutèrent au printemps suivant.
Extérieurement le Boeing T-43 ne se différenciait guère des 737 de ligne de l’époque que par quelques antennes qui hérissaient ça et là le fuselage de l’avion et par des hublots en quantité moindre que sur un appareil civil classique. Boeing intégra à l’appareil divers équipements électroniques tels un radar cartographique, un radar de suivi de terrain, un système radio type TACAN, un système de communication VHF VOR, un altimètre radar, un équipement de navigation par inertie, et un radar météorologique du même type que celui qui équipait les chasseurs-bombardiers F-111. Dans un souci d’entrainement à la navigation «à vue», le T-43 fut doté de cinq hublots supérieurs type skydôme renfermant des sextants.
Rapidement le T-43 Gator fut mis en service au sein du 558th Flying Training Squadron (ou 558th FTS) sis à Randolph-AFB au Texas. Les T-43A Gator de série ont reçu pour mission initiale la formation des nombreux équipages évoluant sur tous les types de multimoteurs en service dans l’US Air Force et dans l’US Navy. Mais avec l’entrée en service en 1992 du Beechcraft T-1A Jayhawk, la mission de formation des pilotes et copilotes fut retirée aux 737 de l’Air Force. Afin de rationaliser l’utilisation de ces machines le Pentagone demanda à Boeing de modifier sept T-43A en CT-43A de transport de passagers et d’entraînement. Ils formaient notamment les boomers, les fameux mécaniciens naviguant évoluant sur les ravitailleurs en vol américains tels les Boeing KC-135.
Serviteurs très discrets de l’Amérique, les Boeing T-43/CT-43 ont pourtant été sous les feux des projecteurs quand le 3 avril 1996 une de ces machines en mission de transport de personnel s’écrasa à quelques kilomètres de l’aéroport international de Dubrovnik en Croatie en pleine crise en ex-Yougoslavie. Malgré une opération internationale de recherche et sauvetage au combat de très grande ampleur, on ne retrouva aucun survivant parmi les trente-huit passagers et membres d’équipage. Ron Brown, alors Secrétaire au Commerce des États-Unis se trouvait dans le nombre des victimes. Il se rendait dans les Balkans pour une mission de paix sur instruction du Président des États-Unis Bill Clinton.
Depuis septembre 2010 l’ensemble de la flotte des Boeing T-43 Gator a quitté le service. L’US Air Force ne lui a cependant pas réellement trouvé de successeur. Ainsi s’est terminé la discrète carrière d’un avion d’entraînement vraiment hors norme. Cependant un avion de cette famille a volé jusqu’en 2017 c’est le seul et unique NT-43A, numéro de série 73-1155. Utilisé comme Radar Test Bed il a été utilisé pour divers essais de repérage radar et s’identifiait facilement à ses nombreuses protubérances à l’avant et l’arrière de l’avion.
Aucun Boeing T-43 Gator n’a été exporté. Parfois les T-43 Gator sont aussi appelés Bobcat II, en référence au Cessna AT-17 de la Seconde Guerre mondiale. À signaler qu’il ne faut pas confondre les Boeing CT-43A avec les actuels C-40B Clipper, dérivés eux du 737-700 et dotés de réacteurs de facture plus récente.
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