Des KC-46 Pegasus pour ravitailler les Rafale et Typhoon du Qatar ?

La Qatar Emiri Air Force est une aviation militaire particulièrement intéressante, capable de faire voler quelques-uns des meilleurs aéronefs contemporain. Aussi sa décision d’acquérir le Boeing KC-46 Pegasus est pour le moins surprenante tant l’avion américain est à la ramasse face à son concurrent du groupe Airbus. Une commande annoncée en marge de la visite d’état de Donald Trump dans ce petit émirat ultra riche du Golfe. Et si le constructeur américain pouvait ici faire oublier sa déculotté avec l’Aeronautica Militare ?

Car rappelons que si en 2022 Rome avait choisi de commander six exemplaires de cet avion-citerne ceux ci n’arriveront finalement jamais dans la Botte ! Les Italiens ont préféré lui tourner le dos et s’intéresser à un avion plus… européen. En fait le Boeing KC-46 Pegasus c’est un peu l’anti Lockheed-Martin F-35 Lightning II. À la grande différence du chasseur furtif personne n’en veut, ou presque. Car deux pays très proches partenaires des États-Unis l’ont acquis : Israël et le Japon. Et les autres ?

Bah justement rien. À chaque fois que le Boeing KC-46 Pegasus a été en compétition il s’est lamentablement planté. La faute à plusieurs facteurs comme des retards de développement, des retards de certification dans l’US Air Force, et même des malfaçons malheureusement pour lui relayées par les médias. On se souviendra notamment des «outils oubliés» par les ouvriers des chaînes d’assemblage. Mais surtout à la différence des Boeing KC-97 Stratofreighter et KC-135 Stratotanker qui le précédèrent le KC-46 Pegasus affronte une concurrence rude venue de l’autre côté de l’Atlantique nord : l’Airbus Defence A330 MRTT.

Et l’avion européen est un ogre : il dévore tout. C’est un champion qui gagne toutes les compétitions face au tanker américain. Du Canada à la Pologne, en passant par les Émirats Arabes Unis et la Corée du Sud rien ne lui résiste. Même l’Australie et l’OTAN l’ont préféré à l’avion américain. Il faut dire que là où le KC-46 Pegasus n’est globalement encore qu’un pure ravitailleur ayant quelques capacités secondaires de transport de fret sur palettes l’A330 MRTT est un véritable couteau suisse des airs. Ravitailler en carburéacteur bien sûr, mais aussi transporter personnels et fret ou encore victimes lourdement médicalisés, et même servir de poste de commandement aéroporté c’est simple il sait tout faire. Et surtout lui il est réellement opérationnel. L’Armée de l’Air et de l’Espace et la Royal Air Force sont ses deux principaux VRP.

Aussi la décision qatarie de l’acquérir peut surprendre. Jusque là Doha nous avait habitué à des commandes plus logiques, plus haut de gamme. En fait il faut se souvenir qu’entre 2014 et 2018 les Qataris ont négocié avec Airbus DS l’achat de deux A330 MRTT sans que cela ne débouche jamais sur rien de concret. Après pour un micro-état de 11 586 km², soit un peu moins que la surface de l’Île-de-France, des avions ravitailleurs ne sont pas forcément le truc le plus essentiel pour faire voler ses avions de chasse. D’autant qu’en dehors de quelques exercices avec des partenaires comme l’Inde ou la Turquie la chasse qatarie est assez sédentaire. Du coup on se dit que ces négociations autour du Pegasus est une manière pour l’émir Al Thani de flatter l’égo (surdimensionné) de Donald Trump. Reste désormais à savoir si ces négociations déboucheront sur quoi que ce soit de viable.

Affaire à suivre.

Photo © US Department of Defense