Entre la version STOVL (pour short take-off and vertical landing) du chasseur américain de 5e génération et l’Armada Española c’est un jeu du chat et de la souris qui dure depuis l’été 2020. Cinq ans plus tard il demeure évident que le seul avion capable de permettre à court ou moyen terme à l’Espagne de conserver une chasse embarquée est bien le Lockheed-Martin F-35B Lightning II. Les autorités militaires mettent d’ailleurs la pression au pouvoir politique en ce sens, sur fond d’augmentation des crédits alloués à la défense. Une commande serait même possible avant la fin de l’année.
À ce jour l’Armada Española aligne douze McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II d’attaque au sol et un TAV-8B d’entraînement avancé et de transformation opérationnelle. On remarquera au passage que l’aéronavale espagnole ne souffre pas de triskaïdékaphobie. Ils forment la totalité de sa chasse embarquée et l’ossature de son aviation embarquée par ailleurs dotée de plusieurs hélicoptères de conception américaine et européenne. Seulement voilà ces avions vieillissent de plus en plus.

Et l’objectif jusque là annoncé de ne les remplacer qu’à la décennie prochaine n’est plus tenable. Les pièces détachées pour cet avion sont de plus en onéreuses, surtout depuis que la Marina Militare et que l’US Marines Corps ont entamé leur transition entre l’AV-8B Harrier II et le F-35B Lightning II. Ce dernier est son successeur logique. Surtout il n’y a rien dans les cartons des avionneurs américains qui s’en approche, ni du côté du SCAF ni de son concurrent.
L’achat futur du Lockheed-Martin F-35B Lightning II par l’Armada Española est un des rares sujets de défense qui fasse consensus entre la droite et la gauche. Même les plus fervents défenseurs d’une option européenne à la fin de l’AV-8B Harrier II savent que celle-ci n’existera à priori jamais. En fait la question qui se pose désormais est de savoir de combien de chasseurs furtifs l’aéronavale espagnole aura besoin. La fourchette basse parle de douze exemplaires et la fourchette haute de vingt. Plusieurs sources soulignent que quinze machines serait un bon compromis. Ils permettraient de continuer d’armer le Juan Carlos I comme porte-aéronefs et non uniquement comme hélicoptères et pourraient assurer l’intérim en attendant un véritable chasseur embarqué.

Les Espagnols veulent un porte-avions CATOBAR similaire à notre Charles de Gaulle, mais doté d’une propulsion non nucléaire. Des pourparlers seraient en cours avec un chantier naval en Turquie comme maître d’œuvre. Et Madrid d’indiquer que pour un tel navire les F-35B Lightning II pourraient là encore permettre d’attendre mieux, sous la forme du NGF naval pensé pour la Marine Nationale dans le cadre du programme SCAF. Les amiraux de l’Armada Española savent pertinemment que si le SCAF va à son but ce futur chasseur naval furtif de 6e génération se fera.
Vous l’aurez compris l’acquisition du Lockheed-Martin F-35B Lightning II par l’aéronavale espagnole est certes un pis-aller mais nécessaire à la fois à son avenir et dans une certaine mesure à plus de clarté quand au futur du volet naval du programme européen (ou franco-européen) SCAF.
Affaire à suivre.
Photos © Armada Española et US Marines Corps.
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