Boeing OC-135 Open Skies

Fiche d'identité

Appareil : Boeing OC-135 Open Skies
Constructeur : Boeing Company
Désignation : OC-135
Nom / Surnom : Open Skies
Code allié / OTAN :
Variante :
Mise en service : 1993
Pays d'origine : Etats-Unis
Catégorie : Avions de reconnaissance
Rôle et missions : Avion d'observation stratégique, maintien de la paix.

Sommaire

“ L'observateur de la paix mondiale ”

Histoire de l'appareil

Le rôle même des aéronefs d’observation et de reconnaissance est avant tout de connaitre les positions de l’ennemi, et éventuellement ses mouvements de troupes tout en se gardant de la chasse et/ou de la DCA de celui-ci. Cela fut dès l’origine, c’est à dire au moment de la Première Guerre mondiale, et ça se poursuivra tant que l’arme aérienne existera dans le futur. Pourtant dans l’arsenal américain il exista un avion très particulier puisque destiné à couvrir le territoire de pays supposés ennemis sans jamais rien avoir à craindre de celui-ci puisque sa mission se faisait dans la transparence la plus forte. Telle fut la mission du très singulier Boeing OC-135 Open Skies.

Le 24 mars 1992 à Helsinki en Finlande une trentaine de pays, dont de nombreux anciens membres du Pacte de Varsovie ainsi que la majorité de ceux de l’OTAN, signe le traité dit Ciel Ouvert. La jeune Communauté des États Indépendants qui a succédé à l’Union Soviétique le refuse.
Ce texte prévoit que désormais des observateurs des pays membres pourront parfaitement inspecter les installations militaires des autres pays membres via des survols d’avions de reconnaissance spécialement dédiés.

Au Pentagone c’est alors le branle-bas de combat. Non pas que voir passer au-dessus du territoire américain des Antonov An-30 Clank bulgares, polonais, ou roumains inquiète à outre-mesure c’est surtout que l’US Air Force n’a aucun avion dédié à cette mission.
Car le traité Ciel Ouvert prévoit expressément qu’un ou plusieurs inspecteurs du pays survolé soient à bord de l’aéronef.

Il est impossible pour les généraux d’accueillir à bord d’un de leurs précieux E-8A Joint Star ou d’un RC-135U Combat Sent des militaires étrangers, encore plus si ceux ci étaient des ennemis dans un passé pas si lointain. Il faut donc en urgence concevoir un avion dédié au traité Ciel Ouvert. Deux options s’offrent alors au Pentagone : l’achat d’un appareil entièrement neuf ou bien la transformation d’une machine déjà en service. C’est cette seconde option qui est rapidement choisie.
Reste à savoir quel avion sélectionner ? Le choix se porte alors naturellement sur les deux modèles les plus adaptables alors dans l’arsenal aérien américain : le Boeing C-135 Stratolifter et le Lockheed C-130 Hercules. L’avion doit aussi refléter la puissance américaine.
Le quadriréacteur est donc sélectionné.

Pour permettre d’accélérer le chantier les généraux de l’US Air Force choisissent une machine déjà utilisée pour la reconnaissance : un Boeing WC-135B Constant Phoenix jusque là utilisé pour des missions météorologiques et atmosphériques.
L’avion est envoyé chez Boeing. Les travaux sont assez rapides puisqu’il s’agit surtout de déposer les équipements spéciaux du WC-135B et d’y intégrer ceux destinés à la mission Ciel Ouvert. Trois appareils photos à très haute résolution KS-87E, l’un réalisant des clichés à la verticale et les deux autres de manière latérale oblique, ainsi qu’un appareil photo panoramique KA-91C sont installés.
Si les KS-87E peuvent également saisir des images en vidéo la KA-91A a la particularité de disposer d’un filtre infrarouge. Ainsi modifié l’avion prend sa nouvelle désignation de Boeing OC-135B et se voit baptiser Open Skies.
Il entre officiellement en service en juin 1993.
Dans la foulée deux autres exemplaires sont commandés, eux aussi modifiés à partir de WC-135B Constant Phoenix.

Dès ses premières missions le premier Boeing OC-135B Open Skies apporte des informations très importantes aux divers pays membres, notamment sur le désengagement russe en Europe orientale. Car même si Moscou refuse alors encore de signer le traité la CEI ne peut pas empêcher l’avion américain de survoler ses bases en cours d’évacuation en ex-RDA mais aussi en Pologne, ou encore en ex-Tchécoslovaquie.
L’année 1996 voit trois changement notable pour l’OC-135B.

Cette année là en effet l’US Air Force obtient enfin sa pleine dotation dans cet avion avec l’arrivée en service du troisième avion commandé. Le deuxième changement est plus diplomatique : Londres, Paris, et Washington ont réussi à convaincre Moscou à venir à la table des négociations en vue d’intégrer le traité Ciel Ouvert. Enfin le troisième changement est administratif puisque désormais les trois Boeing OC-135B Open Skies appartiennent désormais au 55th Wing. Pourtant il n’est alors pas rare de croiser un de ces avions sur une base de l’OTAN en Allemagne ou en Grande Bretagne.

Le 1er janvier 2002 un nouveau traité Ciel Ouvert est ratifié. Il intègre désormais des pays qui jusque là lui tournaient le dos : Biélorussie, Russie, et Ukraine. La Russie cependant à mis le nez dans les règlementations et exige désormais un bridage des systèmes d’observation.
La qualité des images obtenues par des appareillages photos et vidéos est limitée à 300 millimètres, celles obtenues par des capteurs infrarouges à 500 millimètres, et enfin celles obtenues par radar à 3000 millimètres. La Russie veut bien accepter une forme de transparence mais jusqu’à une certaine limite.
Les États-Unis de leur côté intègrent désormais la possibilité de remplacer les appareils photos argentiques par des appareils numériques. La Russie accepte sans comprendre alors qu’avec cette décision son vieil adversaire vient de contourner la nouvelle règlementation sur les qualités d’images.

En ce début de 21e siècle les trois Boeing OC-135B Open Skies ne sont pas les seuls avions dédiés au traité. La Russie aligne deux avions de ligne Tupolev Tu-154M Careless spécialement modifiés tandis que plusieurs Antonov An-30 Clank et Lockheed C-130B/H Hercules sont alignés par d’autres pays membres.
En France il n’est alors pas rare d’apercevoir un des avions américains sur la Base Aérienne 702 d’Avord.

Les Boeing OC-135B Open Skies peuvent survoler en toute quiétude le territoire ex-soviétique ? Même plus de dix ans après la fin de la guerre froide le Pentagone ne perd pas une occasion de réaliser une telle mission. Bien sûr ces vols ont des limites. Ils sont prévus parfois tellement à l’avance que les militaires russes ont eu le temps de retirer les matériels jugés sensibles. Ainsi en 2008 une base aérienne normalement doté de Sukhoi Su-27 Flanker flambant neufs n’alignait que quelques vieux Mikoyan-Gurevitch MiG-23 Flogger quand l’OC-135B Open Skies passa à sa verticale.
La situation américano-russe se dégrada grandement au début de l’année 2014 quand Moscou ordonna l’invasion et l’annexion de la presqu’île ukrainienne de Crimée. Les Russes refusèrent catégoriquement tout survol de ce territoire par les avions du traité Ciel Ouvert.

En parallèle les trois Boeing OC-135B Open Skies continuent leurs missions, parfois même au-dessus de territoires de fidèles alliés des États-Unis comme la Belgique, la France, l’Italie, ou encore le Royaume-Uni. Et à chaque un à deux inspecteurs du pays en question embarquent à bord. Dans le même temps quand un voire deux avions sont en missions, le troisième demeure à Offutt AFB, le nid du 55th Wing, comme machine d’entraînement et de transformation opérationnelle. En 2016 la situation avec la Russie se tend de plus en plus. Désormais on ne compte plus qu’un seul, exceptionnellement deux vols américains annuels au-dessus du territoire russe.

En novembre 2020 c’est le coup de massue pour les équipages du 55th Wing. Le Président des États-Unis Donald Trump signe un décret stipulant que son pays quitte le traité Ciel Ouvert. Quelques semaines plus tard Joe Biden lui succède. Lui est favorable au traité, mais un nouveau doit être signé pour permettre le retour des États-Unis en son sein.
Finalement en juin 2021, vingt-huit ans après l’entrée en service du premier exemplaire de série, le Boeing OC-135B Open Skies est retiré du service.
Si l’Amérique revient dans le traité elle devra le faire avec un autre modèle d’avion, plus moderne !

Avion mal connu du grand public malgré une mission ô combien nécessaire pour la paix mondiale le Boeing OC-135 Open Skies aura permis durant près de trois décennies que l’Amérique soit présente dans le traité Ciel Ouvert. Ironie de l’Histoire il avait été décidé en janvier 2018 qu’un chantier de modernisation doterait ces avions de nouveaux réacteurs plus propres et plus silencieux… en août 2021.
Les trois avions ont rejoint les installations de Davis-Monthan AFB dans le désert d’Arizona.

 

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Photos du Boeing OC-135 Open Skies

Caractéristiques techniques

Modèle : Boeing OC-135B Open Skies
Envergure : 39.88 m
Longueur : 41.53 m
Hauteur : 12.70 m
Surface alaire : 226.00 m2
Motorisation : 4 turboréacteurs Pratt & Whitney TF33-P-5
Puissance totale : 4 x 8165 kgp.
Armement : aucun
Charge utile : Capacité d'accueil pour deux inspecteurs étrangers
Poids en charge : 146285 kg
Vitesse max. : 925 km/h à 9800 m
Plafond pratique : 15000 m
Distance max. : 5550 Km sans ravitaillement en vol
Equipage : 31
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Profil couleur

Profil couleur du Boeing OC-135 Open Skies

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Boeing OC-135 Open Skies
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du Boeing OC-135 Open Skies

Vidéo amateur d'un OC-135B Open Skies.