L’URSS demeure une des grandes nations dans l’aventure technologique des voilures tournantes. Grâce à une multitude de constructeurs elle sut développer des machines sans cesse plus innovantes tout en conservant une rusticité qui en faisait la marque de fabrique. Deux hélicoptéristes sortirent du lot : Kamov et Mil. Si le second produisait des machines assez académique le premier se distinguait par son emploi quasi systématique du concept de doubles rotors contrarotatifs superposés. Principalement dédiés aux missions militaires quelques appareil Kamov furent cependant pensé pour un usage civile et/ou parapublique. Le principal succès dans ce genre fut le Ka-32, alias Helix-C dans la nomenclature de l’OTAN.
C’est en 1981 que la compagnie étatique Aeroflot demanda à Kamov de travailler sur une version civile de son hélicoptère de lutte anti-sous-marine Ka-27. L’idée était alors de disposer d’une machine pouvant accueillir entre douze et quinze passagers afin de desservir des zones très isolées, au-delà du cercle Arctique ou encore dans l’extrême Orient russe. Seulement voilà si militariser un hélicoptère civil était alors relativement facile l’inverse ne l’était pas. Civiliser un appareil militaire a toujours posé problème aux avionneurs et hélicoptéristes, et hormis Lockheed aux États-Unis avec son L-100 tiré du C-130 Hercules bien peu ont réussi. Le pari était donc osé pour Kamov. Dès 1983 le nouvel appareil existait sous la forme d’un Ka-27VG, pour Vertolet Grazhdanskogo Naznacheniya. Cela pouvait se traduire par «hélicoptère à usage civil».
Un appareil de lutte anti-sous-marine prélevé sur les stocks de l’aéronavale soviétique et aux équipements militaires déposés fut présenté sous livrée de l’Aeroflot en juin 1985 au Salon du Bourget. Le monde entier découvrait alors ce Ka-27VG. Quelques jours plus tard il fut désigné Helix-C par les experts de l’OTAN, marquant ainsi sa différence avec les autres versions du Ka-27. En fait le véritable Ka-27VG était resté en URSS car il préparait son premier vol. Celui-ci eut lieu en octobre 1985. L’Aeroflot accepta au service quatre exemplaires dès l’année suivante, utilisés essentiellement pour des vols de promotions et pour des liaisons courtes distances entre aéroports. Le confort des douze passagers était particulièrement spartiates.
Conscient que la désignation Ka-27VG rappelait trop l’hélicoptère militaire les dirigeants de Kamov prirent sur eux de désigner l’hélicoptère comme Ka-32. C’est en 1988 que cette désignation apparut officiellement, et ce même si l’hélicoptère présenté au Bourget trois ans plus tôt l’arborait. Quatre versions étaient alors proposées à la vente : Ka-32A de transport civil et d’évacuation sanitaire, Ka-32K comme grue volante, Ka-32S de recherches et de sauvetages en mer, et enfin Ka-32T dédiés à des missions de transport de troupes et de liaisons militaires. Pour les deux dernières versions le Ka-32 entrait en concurrence direct avec les Mil Mi-8 Hip et Mi-14 Haze sur des marchés internationaux déjà très disputés.
Malheureusement pour Kamov et pour son hélicoptère parapublique l’effondrement de l’Union Soviétique en 1990 et sa désagrégation engendrèrent un arrêt immédiat des commandes. La survie même de l’hélicoptériste était en jeu. Les années de disette pouvaient commencer.
Pourtant en 1995 la milice moscovite, la police locale en fait, passa commande auprès de Kamov pour vingt-cinq exemplaires du Ka-32A. En fait les dix-huit premières machines en étaient, les sept dernières étant des Ka-32T adaptés aux opérations spéciales et notamment à la dépose de commandos antiterroristes. La Russie naissante avait besoin d’aéronefs nouveaux, le Ka-32 serait de ceux-ci. Trois sous versions furent alors développées. La première fut l’étonnant Ka-32A1 dédié à la lutte contre les incendies et disposant d’une capacité d’emport de 5000 litres d’eau en soutes avec possibilité de disposer d’un canon à haute pression, engagé sur les incendies d’immeubles de grande hauteur. La deuxième fut le Ka-32A2 spécialement pensé pour les forces de l’ordre tandis que la troisième Ka-32A3 permettait le transport de six malades et/ou blessés sur brancards.
Contre toutes attentes à la fin des années 1990 le Kamov Ka-32 Helix-C rencontra un succès considérable, bien au-delà de l’habituelle zone d’influence ex-soviétique. le constructeur russe en vendit en Afrique du Sud, en Argentine, en Bulgarie, au Canada, en Chine, en Espagne, en Papouasie Nouvelle-Guinée, en Serbie, en Suisse, ou encore au Yémen. Des touches eurent lieu également avec des clients en Allemagne, aux États-Unis, et en France sans que cela ne se concrétise pour autant. En parallèle les Kamov Ka-32S et Ka-32T enregistraient des commandes militaires auprès de l’Algérie, de l’Azerbaïdjan, de la Corée du Sud, du Laos, et du Vietnam.
Sentant arriver un concurrent féroce les hélicoptéristes Eurocopter et Sikorsky bandèrent les muscles et proposèrent systématiquement leurs EC225 Super Puma et S-70 Blackhawk face au Kamov Ka-32 Helix-C. Dans le domaine de la lutte anti-incendie l’hélicoptère e-soviétique put marquer des points, notamment grâce à EMERCOM, le ministère russe des situations d’urgence qui l’acheta sans vraiment disposer de doctrine d’emploi.
Réputé robuste et pardonnant beaucoup les erreurs de pilotage le Kamov Ka-32 Helix-C est, et de loin, le plus gros succès soviétique puis russe en matière d’hélicoptère parapublique. Malheureusement pour lui ses ventes se sont effondrées en 2014 après l’invasion de la Crimée et plus encore en 2022 suite au déclenchement de la guerre contre l’Ukraine. Désormais Kamov doit se contenter d’une sphère d’influence moscovite qui n’a pas forcément les moyens d’acheter son Ka-32. Il est à signaler qu’au début des années 2000 le constructeur a proposé un Ka-33, reprenant les grandes lignes du Ka-32 mais basé sur le Ka-29 et plus sur le Ka-27. Cet hélicoptère n’a pas dépassé la planche à dessins.
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