[Train-Avion] La guerre des transports est relancée

Depuis le début des années 80, la France vit au rythme d’une guerre économique impitoyable pour ses dessertes intérieures de passagers. En effet d’un côté le transport aérien et de l’autre le chemin de fer, représenté encore aujourd’hui exclusivement par la SNCF. Grosso modo jusqu’en septembre 1981 il n’y avait rien de plus commode et de plus confortable pour traverser vite et bien le pays que d’utiliser l’avion, et notamment la compagnie semi-publique Air Inter. Mais à cette date la société des chemins de fer français lance son TGV, son Train à Grande Vitesse, alors capable de relier Paris à Lyon en moins de trois heures. La concurrence est alors rude car les temps d’embarquement, la relative excentration des aéroports, mais aussi les règles relatives aux décollages et atterrissages des avions font que Paris n’a jamais été à trois heures de Lyon. Air Inter n’y a d’ailleurs pas survécu. La compagnie a déposé le bilan en 1997.

Par la suite la concurrence va se renforcer au fur et à mesure que le TGV va gagner du terrain, que de nouvelles offres de service vont naitre mais aussi que le véhicule en lui même va s’agrandir, jusqu’aux actuels duplex. Lorsqu’un simple Duplex transporte 500 passagers entre Paris et Marseille, il faut deux ou trois avions de lignes pour en faire autant chez Air France. Et l’aéroport de Marseille Provence n’est pas aussi près du centre ville que la gare Saint-Charles. Alors quoi la guerre est perdue, le train a gagné ? Oui et non. Car la compagnie aérienne nationale a lancé à la fin des années 90 un programme ambitieux visant à desservir le plus possible les principales villes de France, c’est la Navette Air France. Avec des avions plus modestes que les gros 747 ou A380, elle relie Paris aux principales capitales régionales comme Strasbourg, Lyon, Bordeaux, et évidemment Marseille. Ses biréacteurs Bombardier, Embraer, et Airbus A319 y font des merveilles. L’équilibre semblait alors atteint entre le transport aérien et ferroviaire.

Airbus A319 d'Air France.

C’était compter sans la réactivité des cheminots français. S’inspirant de ce qui existe maintenant dans le transport aérien, et anticipant l’ouverture très prochaine de leur monopole à la concurrence, ils ont décidé de lancer des lignes à bas coûts, les fameuses « low cost », entre Paris, Lyon, Marseille et Montpellier. Pour une somme de 25€ par place la SNCF s’engage à relier la capitale française à ces trois grandes villes. Avec des rames revues et corrigées, aux voitures un peu plus économiques (comprenez moins confortables et sans wagon-bar) et limité à un bagage par passager elle compte se relancer sur ce marché. Petit spécificité et non des moindres, les passagers devront embarquer à Marnes-la-vallée (77) à une trentaine de kilomètre des portes de Paris (un peu moins loin que Beauvais pour l’aérien). Bien entendu cette gare est déjà reliée au réseau francilien, via le RER A, puisqu’elle est également celle du parc d’attraction d’une célèbre souris américaine…

TGV "Duplex".

Alors comment le transport aérien va riposter dans les mois ou les années qui viennent ? Une chose est sûre cette guerre économique va certainement servir le porte-feuille des usagers, mais espérons qu’elle ne se fera pas au détriment des personnels tant aériens que ferroviaires.

Photos (c) Air France & SNCF.

 

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

2 réponses

  1. j’aime cet article bien écrit et surtout la synthése de fin « Bravo » à l’auteur

  2. En même quand l’Etat paie 500km de voie en pleine France et qu’il n’existe pas de liaison rapide et économique entre Orly ou Roissy et Paris, on ne peut venir se plaindre que le moyen-courrier soit déficitaire…

    Plus :
    – Des navettes de bus entre avion et aérogare, ça coûte moins cher qu’une galerie de 500 mètres de long…
    – Des contrôles réalistes…retirer ses chaussures pour un vol intérieur, c’est lourd quand même…
    – Ne pas prendre le transport aérien pour une vache à lait…Merde, pourquoi je dois payer l’insonorisation de types qui sont venus sous les couloirs d’un aéroport ?
    – Simplifier les procédures d’embarquement et d’enregistrement…le personnel d’un aéroport c’est pire que l’armée mexicaine…à se demander, comment il peut y avoir du chômage…
    – ET de gros turbopropulseurs de 150/180 (soit la capacité d’un 727/A320) pour les liaisons intérieures. Histoire d’affronter frontalement le TGV grâce à la souplesse de l’avion.

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