Comme nous l’avions déjà fait il y a quelques semaines pour la dramatique collision de deux hélicoptères militaires français au Sahel notre rédaction a préféré prendre son temps afin de pouvoir au mieux vous informer concernant cette actualité. Ce dimanche 5 janvier 2020 au matin une troupe de djihadistes appartenant à l’organisation Al-Shabaab a attaqué la base américano-kényane de Manda Bay. Cette offensive a fait plusieurs morts tandis que des aéronefs de reconnaissance et/ou de soutien opérationnel ont été détruits par les combattants islamistes. Pour l’instant rien ne peut lier cet attentat à la situation connue actuellement en Irak.
Sur le déroulé lui-même de l’attaque il est assez classique. Les combattants islamistes se sont présentés autour de Camp Simba à 5 heures 30 du matin en l’encerclant, et plusieurs d’entre-eux ont pu franchir l’entrée. De violents combats les ont alors opposés aux militaires américains et kényans, assistés de contractors américains.
Il y aurait actuellement onze morts : cinq du côté assaillants Al-Shabaab et six côté forces américano-kényanes. Deux contractors et un soldat américains ainsi que trois soldats kényans sont donc décédés.
Une fois sur le tarmac les combattants islamistes ont pu atteindre plusieurs aéronefs. Au moins un bimoteur à turbopropulseurs de transport Dornier C-146A Wolfhound appartenant à l’US Special Operations Command et spécialisé dans l’infiltration-exfiltration de forces spéciales aurait été totalement détruit. Certaines sources avancent également qu’un avion-cargo léger Harbin Y-12 et un hélicoptère d’assaut Bell UH-1H Iroquois appartenant tous deux à l’aviation kényane ont également été impacté par l’attaque terroriste.
Deux aéronefs civils ont également souffert de l’action des terroristes. Un Beechcraft Super King Air 200 ou 350 appartenant à une entreprise privée américaine et utilisé certainement pour des missions de recueil de renseignement a également été endommagé. Mais surtout c’est le contractor bien connu Dynamic Aviation qui a perdu un de ses principaux appareils : un avion de reconnaissance et d’espionnage aéroporté Bombardier RO-6A Saturn Arch a été incendié et sans doute détruit intégralement. Pour des raisons autant administratives que diplomatiques le Dash 8-200 en question volait sous l’immatriculation civile américaine N8200L et ne portait aucune livrée guerrière. Pour autant il conservait son indicatif radio de Grizzli 45, utilisé au sein de l’US Army. Hormis les nombreuses antennes qui le hérissaient l’avion aurait pu passer pour un appareil civil lambda auprès de béotiens.
Sur les motivations réelles des terroristes islamistes il vaut mieux se garder de toute interprétation trop hâtive. Bien sûr on serait tenté de les relier au récent assassinat ciblé du général Soleimani par un drone américain mais ça pourrait être plus compliqué. En effet l’organisation somalienne Al-Shabaab est d’obédience djihadiste sunnite alors même que l’Iran est une république chiite. Or chacun sait qu’elles ne s’entendent pas franchement.
Depuis plusieurs années ces terroristes, plus ou moins affiliés à Al-Qaïda, ont fait du Kenya leur cible privilégiée au travers d’attentats demeurés dans beaucoup de mémoire. On se souvient de l’université de Garissa en avril 2015 où 148 étudiants et professeurs avaient été assassinés ou bien encore de l’attaque du centre commercial Westgate un an et demi plus tôt en septembre 2013. Là c’était 67 victimes innocentes qui avaient été tuées tandis que 175 autres étaient grièvement blessés. Ces deux tueries sont le fait des Al-Shabaab somaliens contre le Kenya.
Mais là l’objectif est différent : au final assez peu de victimes mais une cible particulière puisqu’il s’agit d’une des principales bases anti-terroristes américaines en Afrique.
Pour autant rayer d’un trait de plume l’idée de vengeance suite aux attaques américaines contre l’Iran ne serait pas plus intelligente. Depuis plusieurs mois on sait, et de nombreux universitaires l’ont démontré, que des liens se sont noués entre certains chefs terroristes somaliens et les services secrets iraniens. C’est d’ailleurs à la suite de cela que les relations entre Al-Shabaab et Al-Qaïda se sont significativement tendus. Donc une réponse ? Oui et non, impossible à l’heure actuelle de le dire avec certitude.
D’où le fait ne pas trop se presser pour trouver une motivation aux terroristes dans cette affaire.
Quoiqu’il en soit la destruction de ces trois avions américains risque bien de compromettre grandement les capacités de renseignement anti-terroriste du Pentagone dans cette région de l’Afrique. En attendant qu’un ou plusieurs aéronefs n’arrive des États-Unis ou d’Europe afin de les remplacer bien entendu.
Photos © Keypublishing.
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