Imposant brasier enfin maîtrisé au Québec

Depuis quelques années, des sapeurs-pompiers forestiers ainsi que des bombardiers d’eau québécois sont déployés vers les Provinces de l’Ouest canadien afin de participer à la lutte aux feux de forêt qui y sévissent. On se souvient notamment de l’immense brasier de Fort McMurray en Alberta qui avait fait les manchettes internationales en 2016. Cette année, c’est au tour des autres Provinces à prêter main forte au Québec qui lutte contre le plus imposant feu de forêt des dix dernières années.

Baptisé Feu 395 de la Passe-Croche par la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU), cet important brasier a débuté le 16 juin dernier au nord du Lac-Saint-Jean. Hors contrôle pendant plusieurs jours, ce feu a ravagé une superficie de 600 km2 et nécessité le déploiement d’une équipe de gestion de feu majeur ainsi que des renforts provenant du Manitoba, de l’Ontario et de l’Alberta. Ce sont une soixantaine de sapeurs-pompiers forestiers de l’Alberta ainsi qu’une quarantaine de leurs collègues ontariens qui ont débarqué à l’aéroport de Bagotville au Saguenay avant d’être déployés vers la ligne de front. En cette période particulière de lutte au COVID-19, la logistique de tels déploiements présente un défi additionnel.

Pour combattre le brasier du haut des airs, la SOPFEU a évidemment fait appel à la flotte de bombardiers d’eau du Service aérien du Gouvernement du Québec mais a pu également compter sur des appareils additionnels en provenance de l’Ontario et du Manitoba. Il faut dire que les CL-415, CL-215T et CL-215 québécois sont forts sollicités cette année dû au nombre élevé d’incendies résultant de la sécheresse des derniers mois. La SOPFEU a également recours à des hélicoptères du secteur privé afin d’héliporter ses équipes sur le terrain et complémenter les largages d’eau des avions-citernes avec le recours aux « bambi bucket ». L’ampleur des moyens aériens déployés a certes contribué à contenir le brasier, mais il faut souligner que c’est le travail moins spectaculaire mais essentiel des sapeurs-pompiers sur le terrain qui permettra son extinction finale. Pour cela il faudra également compter sur des pluies plus abondantes qui tardent à venir.

Pour le bénéfice de nos lecteurs hors-Canada, rappelons que les ressources naturelles, incluant les forêts et les terres publiques (90% du territoire du Québec), sont de juridiction provinciale en vertu de la constitution canadienne. Le Gouvernement fédéral ne possède donc aucune capacité terrestre ou aérienne en matière de lutte aux feux de forêt. Tout au plus, l’Aviation royale canadienne peut offrir un soutien logistique avec ses avions de transport aux Provinces qui en font la demande. Au Québec, les missions de prévention, de détection et de lutte aux feux de forêt sont confiées à la SOPFEU. Organisme sans but lucratif qui compte 450 employés, la SOPFEU lie le gouvernement du Québec, l’industrie forestière et les grands propriétaires de boisés privés. Aux ressources humaines de la SOPFEU, il faut ajouter les équipages et le personnel d’entretien des bombardiers d’eau volant sous les couleurs du Gouvernement du Québec.

Avec un territoire aussi vaste que celui du Canada, les conditions météorologiques y sont variables d’une année et d’une région à l’autre. C’est pourquoi l’entraide inter-provinciale est possible. Le Québec est signataire de l’Accord d’aide mutuelle en cas d’incendies de forêt, lequel est géré par le Centre inter-services des feux de forêt du Canada. Le Québec est aussi membre du Northeastern Forest Fire Protection Commission qui regroupe sept États américains, deux agences fédérales américaines, ainsi que l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, le Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve-et-Labrador. Voilà bien de beaux exemples de fédéralisme coopératif.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Marcel
Marcel
Fils d’un aviateur militaire (il est tombé dedans quand il était petit…) et biologiste qui adore voler en avion de brousse, ce rédacteur du Québec apprécie partager sa passion de l'aéronautique avec la fraternité francophone d’Avions Légendaires.
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Commentaires

4 réponses

  1. Maîtrisé ne veut pas dire éteint, loin de la. Cela veut dire que le feu est sous contrôle. Il reste de nombreux points chaud en profondeur et quelques flammes visible. Toutefois, il est fort peu probable que l’incendie reprenne de la vigueur.

    1. En effet. C’est pourquoi je précise dans l’article que l’extinction sera le fruit du labeur des sapeurs-pompiers au sol aidés par la pluie prévue dans les prochains jours.

  2. Assez égoïstement nous-autres Français pensons souvent que les feux de forêts sont la spécialité de l’arc méditerranéen (en gros Croatie, Espagne, France, Grèce, et Italie) et de l’hémisphère sud en oubliant que si ce sont les Nord-Américains qui ont inventé et/ou peaufiné la technique des avions bombardiers d’eau ce n’est sans doute pas pour rien.
    Merci Marcel pour cet article passionnant concernant une intervention aérienne passée totalement inaperçue de ce côté-ci de l’Atlantique nord.

  3. Merci pour la pique! 🙂
    On aimerait bien en effet que l’Europe puisse fonctionner comme cela.( Pour les feux de forêts, néanmoins, la coopération existe bel et bien également ici).

    Bruno, un lecteur français

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