Les challengers dans la course au remplacement des MiG-21 croates désormais connus.

La première phase de la compétition s’est terminée ce mercredi 11 novembre 2020 au soir. Le ministère de la défense de Croatie a maintenant la possibilité de faire son choix au travers de quatre propositions différentes de chasseurs multi-rôles. Il s’agit ainsi de trouver un successeur à l’antédiluvien Mikoyan-Gurevitch MiG-21 Fishbed hérité de l’ère titiste. Le vainqueur final sera révélé au printemps 2021.

Sur le papier en cet automne 2020 la force aérienne croate aligne encore douze MiG-21 Fishbed, huit monoplaces de chasse et d’appui tactique et quatre biplaces de transformation opérationnelle. Dans la réalité des choses cela semble assez différent. Entre cinq et six monoplaces seraient encore en état de vol et maximum deux biplaces. Les autres seraient immobilisés et utilisés comme stock de pièces détachés ou pour la formation des mécanos.
C’est dire l’urgence pour la Croatie à disposer de nouveaux avions de combat.

Nouveaux est d’ailleurs sans doute un terme un peu déplacé quand on sait que deux des quatre propositions concernent des avions d’occasion. Mais bon ils auront un bien meilleur potentiel que ces vieux jets soviétiques qui datent de la Yougoslavie.
Quels sont donc ces avions en concurrence en Croatie ?

Il y a d’abord les avions neufs : le Lockheed-Martin F-16V Viper américain et le Saab JAS 39C/D Gripen suédois. Si le premier n’est qu’une énième évolution du vieux General Dynamics F-16 Fighting Falcon pensé dans les années 1970 le second est plus récent dans sa conception. Le Gripen suédois d’ailleurs est un avion qui se vend assez bien auprès des moyennes puissance. Il est notamment utilisé en Afrique du sud, en Hongrie, et en Tchéquie.
En Europe le F-16V Viper a été choisi par la Bulgarie, là aussi pour remplacer des avions d’origine soviétique.

Il y a ensuite les avions d’occasion : le Dassault Aviation Rafale F3 proposé par la France et le General Dynamics F-16C/D Fighting Falcon proposé par Israël au standard Barak. Pour mémoire ce dernier avait déjà été retoqué par l’administration Trump. L’état hébreu semble pensé qu’il aura plus de chances de pouvoir vendre son avion sous celle de Joe Biden. Le Rafale F3 français d’occasion a de son côté l’avantage d’avoir été déjà vendu à l’export récemment : la Grèce en a fait l’acquisition afin de se moderniser.

Alors là encore sur le papier chaque avion a ses chances. La presse croate pourtant met en avant deux challengers qui font clairement figures de favoris. C’est sans doute entre eux-deux que le choix final pourrait se faire : le F-16V Viper et le Rafale F3. Et contrairement à une idée reçu l’avion français a toutes ses chances en raison d’un prix très attractif et d’une potentialité de carrière d’encore au moins 25 ans.

Le processus de sélection en Croatie ne se fera pas dans une totale transparence, le système politique hérité de la Yougoslavie ayant encore raison d’être dans ce pays. Le ministère et de la défense et le parlement se mettront d’accord et l’annonce finale de la commande n’aura lieu qu’une fois que les quatre protagonistes auront été avisés. Il est donc possible que les médias l’annoncent avant le régime croate.

Photo © Chris Lofting.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

11 réponses

  1. Après la Grèce ( dont le contrat n’est certes pas encore signé.. .) une vente à la Croatie pourrait avoir un effet de bascule ou une forme d’influence sur les autres compétitions en Europe..
    Après, est-ce que l’appareil de Dassault correspond à la réalité opérationnelle de la Croatie ?
    La Croatie est dans l’OTAN (depuis une dizaine d’années, il me semble…), elle a contribué en Afghanistan, en Iraq et au Kosovo. Il y a une volonté politique en tout cas d’investissement fort dans l’alliance, à la mesure des moyens, mais notable et sans doute de jouer une rôle pivot dans les Balkans.
    L’importante façade maritime l’ouverture sur l’Adriatique et la visée vers la Méditerranée orientale (en soutien de la Grèce ?) peut favoriser une option européenne. Les USA sont toutefois très agressifs sur le plan commercial.
    F-16 ou Rafale…. Les deux options semblent se valoir.

  2. Si l’on considère que la plupart des pays de l’OTAN qui n’ont pas la capacité de fabriquer eux-mêmes leurs avions de combat sont pour la plupart au moins en partie équipés d’appareils de fabrication américaine, neufs ou d’oçcasion n’est pas le problème, le combat F-16/Rafale semble plié d’avance.
    Il ne faut pas oublier que dans les années 70 c’est ce même F-16 qui avait remporté le « marché du siècle face à un autre avion de chez Dassault:de la série Mirage (le III il me semble).
    les deux appareils sont combat-proven et en particulier sur des terrains d’opérations en partie identiques ou similaires puisque les F-16 fournis par Israël ont aussi combattu sur le même territoire désertique que certains Rafale.
    Certes, la Grèce a récemment acquis un mix d’appareils américains et français. Probablement parce qu’elle appartient à la fois à l’Europe et à l’OTAN et qu’elle ne voulait diplomatiquement vexer personne…;)
    Cependant, même si sa situation financière n’est pas très glorieuse, la Grèce est tout de même potentiellement plus riche que la Croatie.
    le prix des appareils proposés pèsera probablement assez lourd dans la balance au moment du choix.
    Cependant, le contenu du package sera aussi probablement pris en considération et priorité sera probablement donnée au mieux et moins disant. Les négociations vont donc être ardues.
    Dans tous les cas, le passage d’un avion à commandes essentiellement manuelles et analogiques à des appareils entièrement numériques va changer beaucoup de choses pour les futurs pilotes croates. Le F-16, même s’il a été beaucoup modernisé, reste dans sa conception beaucoup plus proche du MiG-21 que le Rafale. il y a de fortes chances que pour des facilités de transition la balance penche du côté américain pour cette raison.
    mais rien n’est dit et, comme il y a 50 ans, Dassault a toutes ces chances dans ce nouveau marché, même si ce n’est pas le marché du siècle.

    1. Je ne rentrerais pas dans le débat sur ce que vous semblez penser de nos voisins européens et de nos alliés atlantistes, car il n’a pas lieu d’être ici ne concernant pas le secteur aéronautique. Je vous corrigerais juste monsieur Troffigué sur le fait que le « marché du siècle » n’a pas concerné le Mirage III (qui était passablement déjà dépassé) face au F-16 Fighting Falcon mais le Mirage F1. Et globalement l’avion français était très inférieur à son concurrent américain, de manière très objective. Combien de Mirage F1 sont encore en service aujourd’hui au prorata de ceux produits et combien de F-16 dans le même cas ? La réponse est claire : le F-16 surclassait le Mirage F1 !

      1. Avec amusement et clin d’œil de l’histoire à ce marché du siècle : je note que le mirage F-1 sert aujourd’hui d’agressor face aux…. F-16 😉 (et F15, F18 etc….).

      2. Bonjour Arnaud,
        Concernant le Mirage F1 du marché du siècle, il s’agissait d’une version qui devait être équipée du moteur M 53 du futur Mirage 2000, ce qui lui aurait donné plus de boost.
        Sur le match avec le F16, je pense (opinion toute personnelle, pas forcément LA Vérité..) que le F1 M 53 aurait été supérieur au F16, car le F1 était un véritable avion de combat, alors que le F16 n’était (et n’est toujours) qu’un laboratoire volant équipé tardivement d’un canon pour répondre justement à ce fameux « marché du siècle ». C’était d’ailleurs l’opinion du général Gallois, grand stratégiste français, pourtant très « Otanien » si vous me passez l’expression.
        Je note d’ailleurs que les 2 seuls utilisateurs de F16 équipés également de chasseurs lourds (les F15, en l’occurence les USA et Israël) ont tous deux, lors de leurs opérations de combat sérieuses (guerre du golfe et plaine de la Bekaa) envoyés d’abord leurs F15 (de vrais avions de combat, eux) pour faire le gros du travail, et ensuite seulement leurs F16. Pas fous les gusses…
        Comme tous les chasseurs « légers » le F16 n’était bon qu’en strict dogfight par beau temps, mais pour n’importe quelle autre mission il a pris du poids (exactement comme pour le ZERO japonais). Mais la puissance commerciale US (et le fait qu’en réalité, très peu d’acheteurs d’avions de combat pensent en avoir réellement besoin un jour) ont fait le succès du F16.
        Pour ce qui est de la Croatie, Je crois que l’attrait US fera encore gagner le F16, mais là aussi, la Croatie a-t-elle réellement besoin d’une aviation de combat, surtout avec un nombre trop limité d’apapreils pour assurer simplement une police du ciel permanente?
        Encore merci pour votre continuation en cette période tendue.

      3. J’ai lu quelques part que Marcel avait proposé un duel (dogfight) entre le F1 et le F-16, sachant que son avion pouvait gagner car ce F-16 était une présérie.
        Mais il était évident que le F-16 avait un potentiel d’évolution nettement meilleur que le F1

      4. @ Arnaud Je crois que les F16 A/B de l’époque n’ont à peut près rien à voir avec les F16V et le prix de ces derniers avec un zero de plus que celui des premier en atteste (ce qui les met au même ordre de prix que le Rafale). Cela montre juste que la cellule du F16 est plus évolutive.
        Je ne sais pas lequel des deux était meilleur à l’époque, il faut rappeler que les premières versions de ces deux avions étaient assez basiques: pas de capacité BVR du tout pour les F16 A/B et le seul missile équipant le F1 était le R530.

        Sur le fonds du sujet, je me pose la question de l’intérêt pour la France de vendre des Rafales d’occasion, pourtant pas bien vieux et pouvant encore être facilement mis à jour.
        Ça donne l’impression que l’armée de l’air (et donc nos impôts) finance la ventre des appareils Dassault à l’étranger. Le seul avantage que j’y vois c’est de favoriser le enouvellement de la flotte et donc de faciliter la possibilité d’atteindre l’objectif de maintenir en service le Rafale au-delà de 2060.

      5. pour tout vous dire, quand j’ai écrit mon commentaire j’ai hésité entre mentionner le Mirage III et le F1.. je pensais le F1 beaucoup plus récent par rapport à cette histoire de marché du siècle. Désolé pour ce plantage.

  3. Bonjour à tous,

    Il u avait quand même une grosse différence entre le F1 E et le F16 : commande de vol électrique pour le F16 et une capacité à tirer des G avec une siège incliné et une sacré visibilité extérieure ce qui n’est pas le cas du F1 où la visi vers l’arrière en dehors des miroirs n’est pas exceptionnelle. Le f16 était plus un avion d’avenir que le F1 malgré les évolutions intervenues après comme le F1 CT et le CR

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