Le début de la fin des Huey aux Philippines.

Pour ces machines le terme de légendaire ou de mythique est loin d’être galvaudé. Cette semaine la Philippine Air Force a retiré du service ses dix Bell UH-1D Iroquois hérités de l’US Army. À terme ce sont encore treize hélicoptères, à peine moins vieux, qui devront être retirés du service pour des raisons de sécurité. Leur succession a déjà commencé au sein de cette force aérienne asiatique.

Le Huey et la Philippine Air Force c’est une histoire de fidélité vieille de plus de quarante ans. C’est en effet en 1978 que l’US Army offrit quinze UH-1D Iroquois (sur les 2008 exemplaires produits) afin de renforcer les capacités locales d’aéromobilité. Ces hélicoptères étaient alors des vétérans de la guerre du Vietnam. Certains y avaient volé comme hélicoptères de transport d’assaut et d’autres comme canonnières volantes, ou gunship en anglais. Dix sur les quinze étaient donc encore en état de vol quand ils furent retirés du service ce mercredi 13 octobre 2021.

Pourtant il demeure encore treize Huey monoturbines dans les rangs philippins. Des hélicoptères qui doivent être retirés du service d’ici la fin de l’année. Il s’agit de trois Bell UH-1H Iroquois, eux aussi offerts par l’US Army mais en 1997, et de dix Bell 205A d’origine civils acquis entre les années 1980 et 2000. Tous servent actuellement à des missions de transport d’assaut et lutte contre les guérillas islamistes et marxistes qui sévissent dans la région. Il est à noter que quatre de ces Bell 205A ont été transformés au standard Huey II grâce à une nouvelle turbine Allison T53-L-703 et un cockpit repensé pour accepter les systèmes de vision nocturne. Ces quatre appareils devaient initialement être retirés du service en juin de cette année mais ils ont été ressorti du cocon de préservation en août afin de tenir jusqu’à décembre.

Pourquoi une telle décision ?
D’abord parce que les Huey philippins sont à bout de souffle, usés jusqu’à la corde, certains ayant dépassé les 58 ans de service. Deux UH-1D ont été produits en janvier 1963 ! Ensuite parce que la Philippine Air Force n’a plus les moyens de ses ambitions passées, la crise du Covid-19 ayant très durement touché le pays et réduit ses capacités économiques déjà faibles. Enfin parce que depuis l’accident du 16 janvier 2021 dans lequel un UH-1H Iroquois s’était crashé tuant ses sept occupants durant un vol aux profits de l’institut cartographique philippin l’appareil a vraiment mauvaise réputation.

Depuis l’accession au pouvoir de son commandant en chef, le «président» Rodrigo Duterte cette image de marque des Huey philippins s’était grandement dégradée… dans le monde entier ! L’autocrate populiste, volontairement très violent, avait expliqué vouloir se servir de ses UH-1D/H Iroquois afin de jeter dans le vide, à plusieurs centaines de mètres du sol trafiquants de drogues et toxicomanes. Duterte s’était ainsi un peu plus attiré la colère de la communauté internationale tandis que Bell Helicopter annonçait mettre fin au programme de maintien en condition opérationnel de tous les hélicoptères militaires de ce pays.

Avec cette décision de retirer du service ses Huey les Philippines espèrent ainsi que le constructeur américain revienne à de meilleurs sentiments. Celui-ci pourra en effet assurer la MCO des huit Bell 412EP remplissant les mêmes missions.

Photo © Keypublishing.

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Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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