Le Lockheed U-2 perd une de ses missions historiques.

Est-ce le début de la fin pour celui qui demeure sans nul doute le plus célèbre avion de reconnaissance stratégique ? Ce jeudi 14 juillet 2022 le Pentagone a choisi d’en finir avec les missions dites OBC, pour Optical Bar Camera, affectées au monoréacteurs Lockheed U-2S. C’est désormais donc aux satellites espions de l’US Space Force que reviendra ce rôle ô combien nécessaire pour la défense américaine, et notamment pour le recueil du renseignement. Pour autant l’US Air Force ne ferme pas la porte à un éventuel retour dans son giron de cette mission si particulière.

En fait l’appareillage de reconnaissance à barre optique, aussi connu dans la nomenclature américaine sous la désignation de KA-80/A, est un reliquat de la guerre froide. On le trouvait à l’origine sur le drone stratégique Ryan AQM-91 Firefly et sur l’avion espion trisonique Lockheed SR-71 Blackbird. C’est il y a 52 ans, en 1970 que cet équipement a fait son apparition sur U-2. Cependant il a fallut attendre encore quatre ans avant que les premières missions opérationnelles dites OBC ne soient réalisées au-dessus de l’Union Soviétique mais aussi de la Chine et du Vietnam. Il s’agissait évidemment d’opérations clandestines pilotées par la CIA.

Mais l’appareil photo KA-80/A de focale 762 millimètres n’était pas destiné exclusivement à assister l’agence de renseignement des États-Unis. Elle a aussi permis à l’US Air Force de planifier des opérations durant le demi-siècle passé. Son fonctionnement est finalement assez simple puisqu’on revient aux origines mêmes de la reconnaissance aérienne : prendre des photos de jour d’un territoire donné. À cela près que cet équipement ne peut fonctionner qu’à haute et très altitude. Surtout dans une ère totalement numérique la mission OBC était jugée anachronique puisque l’appareil photo en question est… argentique. L’anachronisme est quelque chose qui d’ailleurs va très bien avec le Lockheed U-2.
Les experts en décryptage d’images de Beale AFB sont donc parmi les seuls à savoir encore développer des pellicules.

Le renseignement américain passe donc peu à peu au numérique grâce aux satellites de reconnaissance stratégique de l’US Space Force. Cependant l’US Air Force entend bien ne pas mettre les appareils photos KA-80/A au rebut. Ils peuvent encore servir, notamment le jour où les satellites ne seraient pas disponibles.
Le Lockheed U-2 n’a donc pas dit son dernier mot.

Photo © US Air Force.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 réponses

  1. Surtout que la Russie aurait développé un système de détection, de suivi et de destruction au laser de senseurs optiques des satellites survolant son territoire
    Nouvelle à confirmer bien sûr

  2. Sur le principe, je suis assez contre le fait d’abandonner les avions pour des satellites .
    L’avion est bien plus flexible que le satellite.
    Le SR-71 en est le meilleur exemple. Il pouvait aller n’importe ou, n’importe quand sur ordre.

  3. Tout ce qui est numérique peut être brouillé ou piraté. Toujours bon de conserver un plan B au cas où…

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