Affrontement Airbus DS Vs Leonardo autour de la future patmar philippine.

Après trois décennies d’inexistence la patrouille maritime va faire son grand retour au sein de la Philippine Air Force ! Face aux bouleversements géopolitiques en zone Asie Pacifique celle-ci a en effet décidé de lancer le programme LRPA, pour Long Range Patrol Aircraft, visant à l’acquisition de deux avions dans les délais les plus cours. D’ores et déjà l’état-major philippin a annoncé que la compétition se jouerait entre les avionneurs européens Airbus DS et Leonardo. Le budget alloué à ce futur achat est de 5.976 milliards de pesos philippins, soit un peu plus de 104 millions d’euros.

La présélection d’avions par les militaires n’a rien d’exceptionnel, notamment aux Philippines. En fait au regard des exigences de leur cahier des charges mais aussi des limites financières du pays il est clairement apparu aux décideurs philippins que les Airbus Defence and Space C295MPA Persuader et Leonardo P-72 étaient les deux seuls modèles d’avions disponibles sur le marché. Ça tombe bien c’est actuellement les deux meilleurs avions dans leur segment.

À priori on pourrait se dire que c’est un marché acquis à Airbus DS, le pays ayant déjà fait l’acquisition d’avions de transport tactique C-295M/W. Surtout la Philippine Air Force ne tarit pas d’éloge sur le bimoteur à turbopropulseurs européen. Pour autant enterrer trop vite Leonardo serait une grave erreur car l’industriel italien a vendu (via sa branche AgustaWestland) des AW.109 Power à la Philippine Air Force et des AW.159 Wildcat au Philippine Naval Air Wing.
Chacun des constructeurs a donc des arguments de son côté, c’est sans doute véritablement sur les capacités des avions et sur leurs prix de vente que le choix final se fera.

En fait en cette fin d’été 2022 la patmar philippine est au plus mal. Elle se résume depuis plusieurs années à quelques avions désarmés aux capacités de détection et de surveillance faméliques. Il s’agit prioritairement de deux Beechcraft TC-90 King Air rachetés de seconde main auprès de la Kaijō Jieitai. L’aéronavale japonaise en avait vendu cinq au Philippine Naval Air Wing, dont trois en version de liaisons et de transport léger et deux pour la surveillance maritime. L’aéronavale philippine possède également cinq Britten-Norman BN-2A Islander achetés neufs à la fin des années 1970 et utilisés depuis pour des missions de recherches et sauvetages en mer et de contrôle des zones de pèches. L’avion de transport tactique Lockheed C-130T Hercules racheté lui aussi de seconde main, mais auprès de l’US Navy, est également employé parfois pour des missions de recherches et de sauvetages en haute mer grâce au montage d’une chaîne SAR complète.
Surtout ce pays, largement maritime, ne dispose plus de moyens de détection anti-sous-marine depuis le retrait en 1992 de ses deux Fokker F27-200MPA. Ils étaient alors servi par des équipages de la Philippine Air Force.

Avec une marine chinoise de plus en plus présente dans les eaux asiatiques le besoin en avion de patrouille maritime est désormais criant pour les Philippines. Espérons que l’enveloppe d’à peine plus de 100 millions d’euros soit suffisante pour acheter deux avions dignes de ce nom. L’avenir nous le dira.

Photo © Airbus Group.