Le ciel s’obscurcit au-dessus du LMXT d’Airbus DS et Lockheed-Martin.

Les lobbyistes de Boeing n’ont de cesse de faire pression sur les décideurs du Pentagone. Et actuellement leur cible est l’alliance entre l’avionneur européen Airbus DS et son partenaire américain Lockheed-Martin autour du programme de ravitaillement en vol KC-Y. Il s’agit dans l’esprit de l’US Air Force de s’offrir une seconde flotte de ravitaillement en vol permettant le remplacement efficace des McDonnell-Douglas KC-10A Extender actuellement en cours de retrait du service. L’avionneur de Seattle fait pression pour que son KC-46A Pegasus soit le seul et unique ravitailleur en vol de l’US Air Force.

L’étude de faisabilité et de rentabilité lancée au printemps 2022 par le Pentagone a démontré que le Lockheed-Martin LXMT avait toute sa place dans l’arsenal américain. Pour mémoire sous ce vocable se trouve en fait le best-seller européen Airbus DS A330 MRTT américanisé et construit sous licence par l’avionneur américain. Une méthode qui a déjà fait ses preuves avec les American Eurocopter MH-65 Dolphin et UH-72 Lakota, respectivement issus des Eurocopter AS.365 Dauphin 2 et EC-645.

En fait depuis quelques mois on sait que l’A330 MRTT est le cauchemar numéro 1 des équipes de Boeing. Dans la majorité des cas l’avion européen ravit les contrats à son concurrent américain en raison notamment d’une polyvalence bien plus importante et d’un niveau d’efficacité plus élevé. Seuls des pays comme Israël et l’Italie résistent encore à Airbus DS et à son biréacteur, pour le plus grand bonheur de Boeing.
Justement l’idée de voir son principal concurrent européen s’allier avec son principal concurrent américain a dû donner quelques sueurs froides au conseil d’administration et d’orientation de celui-ci. D’où les pressions contre le programme LMXT.

Là où Lockheed-Martin annonce être capable de proposer un premier lot d’avions dès la fin de la décennie et une totale dotation KC-Y d’ici 2034 Boeing tente de faire mieux. Le constructeur propose une mystérieuse (et même douteuse) évolution de son KC-46A Pegasus toujours basée sur l’avion de ligne Boeing 767 pour 2032. Un gain de deux ans, qui n’aurait rien de négligeable pour le Pentagone.
Sauf que les décideurs de l’US Air Force n’hésitent pas à souligner que le KC-46 Pegasus est trop petit et trop peu multi-rôle pour permettre un remplacement efficace de l’excellent KC-10A Extender. De mêmes décideurs qui n’hésitent plus à publiquement prendre fait et cause pour le Lockheed-Martin LMXT.

De l’avis même de cet avionneur la balle est désormais dans le camp de l’administration Biden. Traditionnellement connu pour son protectionnisme le parti démocrate pourrait bien être séduit par le fait que le LMXT sera intégralement assemblé aux États-Unis, par des employés américains. Pour autant afin de ménager la chèvre et le chou, donc également Airbus DS une grande partie des éléments sera produite en Allemagne et en France.
Surtout l’A330 MRTT est objectivement plus à même de remplacer le KC-10A que le KC-46 Pegasus conçu lui pour succéder au Boeing KC-135 Stratotanker. Ce qu’il a parfois du mal à faire.
Affaire donc à suivre.

Vue d’artiste © Lockheed-Martin.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 Responses

  1. Le problème pour les ravitailleurs actuels est leur vulnérabilité aux missiles air/air longue portée qui équipent les chasseurs russes et chinois. Le MRTT est supérieur au Pegasus mais ces deux aéronefs n’ont pas d’avenir tels quels. La prochaine génération de ravitailleurs devra être équipée de défenses passives et actives qui lui assureront sa survie dans les combats à venir. C’est probablement sur ce point délicat que travaillent les équipes d’Airbus et Boeing, on peut donc s’attendre à une baisse de commandes des aéronefs actuels

    1. Vous avez dû lire vous aussi un article de meta-defense concernant ce sujet. En effet l’USAF va réduire les commandes de KCx ( KC-46A) et potentiellement de KCy ( A330 mrtt), pour dégager des crédits pour le programme KCz.

      1. Oui effectivement et cela fait un moment que c’etait dans les bacs.
        Le Kcz serait le ravitailleur du NGAD et du f35.
        Et ca aurait tous sont sens

        Ravitailleur du futur, bombardier b21 et ngad, le trio infernal nottament apte a traverser le pacifique.

    2. il faut tout de même gardé complémentarité. un ravitailleur assez furtif, manouvrant et protéger (détecteur de menace, leurre) aurais un cout par tonne de kérosène délivré exorbitant comparé au tanker basé sur les avions de ligne. Or le gros du besoin de ravitaillement c’est les transits intercontinentaux, l’augmentation du temps de vol d’une patrouille ou les entrainements , donc dans des zones non contesté. Le plus probable serais de garder une flotte de ravitailleur stratégique classique qui ravitaillerais les formations aerien jusqu’à arrivé dans une zone contesté et une flotte de ravitailleur tactique (probablement des drones, pas forcement plus gros qu’un chasseur) qui ferais la navette entre les ravitailleur stratégique sur l’arrière et les besoins de ravitaillement de « premier ligne « en zone contesté.

  2. Au lieu des KC-46 trop petit et A330mrtt pas assez américain, j’aurais plutôt vu l’USAF se doter d’un ravitailleur en vol sur base de Boeing 777. Best seller pour le fret et doté d’une des meilleures autonomie pour un avion de ligne.

  3. Personnellement je pensais aussi que le ravitaillement en vol serait assuré à plus ou moins long terme par des drones aux capacités furtives afin d’échapper aux défenses anti-aériennes et préserver les équipages des avions pilotés. Ça doit être une possibilité envisagée par les grandes puissances. Il me semble que le développement du Loyal Wingman va dans ce sens ?

  4. Je pense qu’on a tout faux !
    Le problème, c’est que certains interprètent erronément les décisions stratégiques US comme étant des faiblesses., ce qui est assez absurde vu leurs budgets et leur capacité industrielles militaires !
    La raison de la mauvaise qualité des Pégasus est sans doute liée au choix de l’Air force de s’équiper de tankers rapidement réalisables et bon marchés en attendant l’arrivée d’une nouvelle génération d’appareils furtifs dont les drônes.
    Le Pégasus n’est qu’une solution transitoire bon marché, rien de plus, car on sent bien que cet avion est baclé et n’est pas conçu pour durer 40 ans !

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