La Russie cherche à revendre à l’Iran les Su-35 Flanker-E ex-égyptiens.

Ces chasseurs de supériorité aérienne devraient permettre à la république islamique de se défausser d’une partie de ses avions d’origine américaines acquis à l’époque du shah. L’information a fuité par les services du général Hamid Vahedi, actuel numéro 1 de l’ Islamic Republic of Iran Air Force. Celle-ci négocierait actuellement le rachat des vingt-quatre Sukhoi Su-35S Flanker-E initialement achetés par l’Égypte et donc la commande fut annulée afin de ne pas risquer de froisser les États-Unis. On peut largement dire que c’est là le cadet des soucis de l’Iran.

Dans la situation actuelle de son isolement suite à sa décision d’envahir l’Ukraine l’annonce de cette future commande est une excellente nouvelle pour la Russie. L’Iran des ayatollahs demeure en 2022 un de ses rares pays alliés capables financièrement parlant d’acquérir de tels matériels. Le Sukhoi Su-35 Flanker-E est totalement inaccessible pour des pays comme la Centrafrique ou encore le Mali dont les économies sont déliquescentes et totalement instables. En outre elle va permettre à United Aircraft Corporation, maison-mère de Sukhoi, de se séparer des exemplaires commandés à l’origine par l’Égypte.

Pour rappel Moscou avait bien livré quelques Su-35 Flanker-E à cette puissance africaine, mais il s’agissait alors d’avions lui appartenant et ne faisant en fait pas parties intégrantes de la commande. Ils furent employés le temps d’un exercice puis rendus à la Russie. Son aventure égyptienne était bel et bien finie puisque quelques semaines plus tard le gouvernement du Caire dénonçait le contrat.
Ne voulant pas entrer en contradiction avec le CAATSA, pour Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act, qui l’aurait placé de facto sur la liste des pays hostiles aux États-Unis et à ses intérêts l’Égypte a préféré renoncer à celui qui demeure actuellement encore le meilleur avion de combat produit en Russie. Une décision qui a ravi Dassault Aviation qui dans la foulée a placé trente avions supplémentaire à son fidèle client africain. La preuve que le Dassault Aviation Rafale, aussi réussi soit t-il, n’est pas considéré par les Américains comme un danger pour eux. Ou bien le fait que Washington DC continue de considérer notre pays comme un de ses plus fidèles, en plus d’être le plus ancien, de ses alliés.

La commande des vingt-quatre avions restait donc sur les bras de la Russie. D’autant qu’à ce jour entre dix-neuf et vingt-et-un d’entre eux ont été produits, selon les différentes sources. Il s’agit d’une version export du Su-35S, officieusement désignée Su-35SE. Son avionique tourne autour du N035 Irbis-E, considéré comme le radar PESA le plus évolué de l’industrie aéronautique russe. Son arsenal permet l’emport de missiles air-air et air-sol mais également de bombes à guidage laser.
Et s’il ait bien un pays dans le monde qui se moque totalement d’être considéré comme ennemi des États-Unis, l’étant en réalité depuis plus de 40 ans, c’est bien la république islamique d’Iran. Or ce pays utilise déjà des avions de combat de conception russe et négocie même depuis 2017 l’acquisition d’une cinquantaine à une soixantaine de Sukhoi Su-30 Flanker-C. Des pourparlers qui jusque là n’ont pas abouti, principalement pour des raisons financières. C’est donc le client idéal pour le rachat des avions égyptiens.
Les tractations entre Moscou et Téhéran se jouent donc sous cet angle.

Pour l’Islamic Republic of Iran Air Force ces vingt-quatre Sukhoi Su-35S Flanker-E permettront le remplacement des antédiluviens McDonnell F-4D Phantom II achetés à la fin des années 1960 et jamais modernisés depuis. Il se murmure même que désormais les militaires iraniens seraient prêts à renoncer au  Su-30 Flanker-C, pourtant plus polyvalent que le Su-35S Flanker-E, à condition qu’ils puissent acquérir une quarantaine d’exemplaires supplémentaires. Ceux-ci auraient alors la capacité de succéder efficacement aux F-4E Phantom II et Grumman F-14A Tomcat plus récents mais tout aussi dépassés technologiquement. À la différence de la Corée du Sud, de la Grèce, et de la Turquie l’Iran n’a pas connu de programme de modernisation de ses Phantom II à un niveau satisfaisant.

Tout porte désormais à croire que le contrat sera prochainement signé et que l’Iran pourrait recevoir ses premiers Sukhoi Su-35S Flanker-E d’ici la fin de l’année. La modernisation de sa vieillissante flotte de chasse est donc en mouvement.
Affaire à suivre.

Photo © ministère russe de la défense.

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ARTICLE ÉDITÉ PAR
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 réponses

    1. Pour un pays sous quasi total embargo la toute petite industrie aéronautique iranienne est déjà un exploit dans sa seule existence.

  1. Si le contrat arrive à son terme, alors la Turquie aura un voisin de plus avec des avions de qualité supérieure.

  2. Bonjour à tous.
    Personnellement, j’ai toujours trouvé que le Su27 et ses rejetons avaient une « gueule d’enfer », si vous me passez l’expression. Sur cette photo d’illustration, c’est encore plus flagrant. Merci Arnaud.
    Et pour ce qui est de l’aspect purement militaire de cette vente, ma foi, je pense que les adversaires de l’Iran ont eux aussi de bons oiseaux à lui opposer… et au niveau géopolitique, n’étant pas expert dans ce domaine, mon avis compterait pour du beurre. Je le garde donc pour moi. Bonne lecture à toutes et tous.

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