Deuxième Guerre mondiale : les 10 avions de chasse prédominants

Cette année marque le 80ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Alors que la Première Guerre mondiale a vu l’émergence des premières forces aériennes, la « Grande Guerre » s’est tout de même enlisée dans la boue des tranchées. La Deuxième Guerre mondiale a débutée par le Blitzkrieg (Guerre éclair) où l’action concertée entre les blindés et les troupes terrestres, bénéficiant d’un appui aérien rapproché,  a confirmé toute l’importance qu’allait prendre la force aérienne lors de ce conflit. Alors qu’au début de la guerre certains biplans étaient encore en première ligne (ex. Gloster SS.37 Gladiator, Fiat CR.42 Falco et Polikarpov I-153 Tchaïka), l’évolution technologique des avions de combat durant les années suivantes fut phénoménale. L’émergence des premiers avions à réaction vers la fin du conflit, tel le Messerschmitt Me 262, illustre cette évolution rapide. Mais arrivés trop tardivement et en trop faible nombre, ceux-ci n’eurent pas un impact significatif sur l’issue de la guerre.

Véritable guerre d’attrition, la puissance militaire des belligérants fut tributaire de la capacité des pays impliqués à produire le plus grand nombre de navires, de blindés, de canons et évidemment d’avions. Seriez-vous capables de classer, dans l’ordre, les dix chasseurs ayant participé en plus grand nombre à cette guerre ? Au Bar de l’escadrille, j’offre une bière (virtuelle) aux gagnants  ! Pour les autres, voici le classement.

En dixième place: Redouté des pilotes alliés au début de la guerre, le fameux Mitsubishi A6M Zero a grandement contribué aux conquêtes initiales du Japon. Très agile et bien armé, il n’offrait toutefois que très peu de protection à ses pilotes: pas de blindage, ni de réservoirs auto-obturants. Les pilotes alliés apprirent rapidement à exploiter ces faiblesses. Sa production cessa à la fin de la guerre, frôlant le 11000 appareils livrés.

En neuvième place: Fabriqué à plus de 12500 exemplaires, le Vought F4U Corsair fut surtout utilisé sur le front asiatique, mais participa aussi à la Guerre de Corée. Débutée en 1941, sa production ne cessa qu’en 1952. C’est pourquoi je décerne cette position ex aequo avec le tout aussi légendaire Grumman F6F Hellcat assemblé à près de 12300 exemplaires, mais dont la production a cessée dès 1945. Le Hellcat est l’avion embarqué ayant le plus de victoires aériennes à son actif durant la guerre, soit 5223 comparées au 2140 attribuées au Corsair.

En huitième place: Souvent sous-estimé par les non-initiés, le Curtiss P-40 Warhawk/Kittyhawk a joué un rôle majeur durant la guerre. Il fit merveille dans les déserts d’Afrique du Nord, fut largement utilisé en Asie, et combattit même en Alaska durant la campagne des Aléoutiennes. Frappé de l’étoile soviétique, il fit face à la Luftwaffe en Russie. En tout, ce sont une quinzaine de pays qui feront bon usage du P-40. Robuste, il pouvait encaisser des dommages importants et ramener son pilote sain et sauf. Malgré l’apparition de chasseurs jugés plus performants, sa production n’a cessée qu’en 1944, témoignant ainsi de son utilité jusqu’à tard dans la guerre. C’est pourquoi je dédie la photo en titre à ce héros méconnu.

En septième place: Autre avion sous-estimé face à son plus illustre frère de combat, le Spitfire, le Hawker Hurricane a joué un rôle tout aussi déterminant durant la Bataille d’Angleterre, et par la suite. Ayant combattu sur tous les fronts, de la Russie aux déserts de l’Afrique du Nord, en passant par l’Asie, il fut assemblé à près de 15000 exemplaires jusqu’en 1944, dont 1450 fabriqués au Canada. Dans sa version Sea Hurricane, il fut le principal chasseur embarquée de la Royal Navy durant les premières années du conflit.

En sixième place: Vedette américaine incontestée de ce conflit, le North American P-51 Mustang fut un avion tout aussi redoutable qu’élégant. Révélant son plein potentiel seulement après le remplacement de son moteur Allison américain par le célèbre Merlin britannique, la production du Mustang ne cessa qu’en 1951, atteignit tout près de 15600 exemplaires. On dit que Hermann Göring comprit que la guerre était perdue pour le Reich quant il vit les premiers chasseurs Mustang accompagner les bombardiers américains en plein jour au-dessus de Berlin. Je dois avouer que c’est mon préféré.

En cinquième place: Moins élégant que le Mustang, mais tout aussi redoutable, le Republic P-47 Thunderbolt n’est pas toujours reconnu à sa juste valeur. Malgré son apparence de lourdaud, il affichait des performances remarquables. Quasi indestructible et offrant une protection blindée incomparable, il pouvait encaisser des dommages considérables et tout de même ramener à bon port ses pilotes. Cela en faisait un avion de prédilection pour l’attaque de cibles au sol, mais il pouvait aussi se révéler redoutable en combat aérien. En seulement trois ans, il fut assemblé à 15660 exemplaires.

En quatrième place: Lorsque le pacte de non-agression conclu entre Staline et Hitler fut rompu en 1941, l’URSS fut contrainte de se tourner rapidement vers ses alliés occidentaux afin d’obtenir des chasseurs pour tenir tête à la Luftwaffe. Malgré ce qu’en dit un certain Poutine, l’URSS ne remporta pas à elle seule la guerre ! Ainsi, des chasseurs Hawker Hurricane, P-40 Warhawk et Bell P-39 Airacobra furent acheminés vers l’URSS, notamment par la route aérienne du Nord-Ouest. Cela donna le temps nécessaire à l’URSS de produire en nombre suffisant ses propres avions de chasse pour prendre la relève, dont le Yakolev Yak-9 entré en service à l’automne 1942. Fabriqué en bien plus grand nombre que le redouté Yak-3, préféré par le fameux Groupe de chasse Normandie-Niémen, la production du Yak 9 ne cessa qu’en 1948 frôlant alors le 16800 exemplaires livrés.

En troisième place: Chasseur allemand le plus redouté par les Alliés, le Focke-Wulf Fw 190 Würger fut assemblé à un peu plus de 20000 exemplaires. Après-guerre, il fut même fabriqué à une soixantaine d’exemplaires en France par la SNCAC sous la désignation NC.900 ! De jour, comme de nuit, sa principale tâche était d’abattre les bombardiers ennemis. Mais il pouvait aussi très bien tenir tête aux chasseurs Spitfire et Mustang.

En deuxième place: L’élégant Supermarine Spitfire, un véritable icône britannique ! Vedette de la Bataille d’Angleterre et déployé sur tous les fronts, il fut produit à près de 22700 exemplaires, en 24 versions, incluant le Seafire. Selon plusieurs, il représente la quintessence même de l’avion de chasse. Sa production s’est poursuivie jusqu’en 1948 et le Spitfire a porté les couleurs d’une trentaine de pays.

En première place: De loin, le plus prolifique des avions de chasse durant la guerre fut le Messerschmitt Bf-109 avec tout près de 34000 exemplaires fabriqués et déclinés en plusieurs versions. Il connût le feu pour la première fois au sein de la Légion Condor, durant la Guerre civile espagnole. Étroitement associé au régime Nazi, ils porta aussi les couleurs d’une dizaine d’autres pays pendant et après-guerre, dont la Suisse. Au ban des autres nations, l’Espagne franquiste assembla près de 270 exemplaires du Hispano HA-1112, copié sur le Bf 109, et les utilisa jusqu’en 1965. Assemblé à plus de 600 exemplaires après-guerre en Tchécoslovaquie, l’Avia S-199 était également calqué sur les plans du Bf 109. Ironie de l’histoire, des appareils Avia S-199 vont porter l’étoile de David pour protéger l’État d’Israël naissant !

Voilà ! Au cours des prochains mois, je compte vous proposer deux autres palmarès similaires: l’un portant sur les bombardiers lourds et l’autre sur les bombardiers légers. Enfin, l’occasion est belle pour rendre hommage à tous les jeunes hommes qui ont combattu dans le ciel durant cette guerre et dont plusieurs ne sont jamais retournés à leur foyer. Aujourd’hui, les pilotes de chasse ayant survécu au conflit ne sont plus qu’une poignée. Heureusement, les musées préservent des exemplaires de leurs avions. Encore mieux, certains restaurent ces vieux Warbirds afin qu’ils puissent continuer à voler. Souvent le fruit de passionnés bénévoles, ces laborieuses restaurations permettent aux aérophiles d’admirer ces machines dans toute leur splendeur. À cet égard, mentionnons l’organisation Ailes d’époque du Canada, sise à Gatineau au Québec.