Le Dassault Aviation Rafale F5 va t-il ringardiser l’AWACS ?

Objectivement parlant l’avion n’entrera pas en service tout de suite. Au plus tôt on a encore quatre ans et demi voire plus probablement cinq ans à tenir avant que Dassault Aviation ne livre les premiers exemplaires de son Rafale F5 au ministère des Armées. Déjà pourtant cet avion a bouleversé l’avenir de l’Armée de l’Air et de l’Espace et peut expliquer en grande partie le récent choix français du Saab GlobalEye comme nouvel AWACS. En fait les avions radars tels que nous les concevons aujourd’hui pourraient se prendre un énorme coup de vieux avec ce chasseur en devenir.

De l’aveu même de l’avionneur et de la Direction Générale de l’Armement le standard F5 est la rénovation à mi-vie du chef d’œuvre clodoaldien. Autant le dire tout de suite en matière de missions air-air le gap entre le Rafale F4 et le Rafale F5 n’aura rien à voir avec celui entre le Rafale F3 et le Rafale F4. Si vous connaissez le « Grand Fossé » si cher à Astérix et Obélix vous pouvez avoir une idée de celui entre l’actuelle et la future version du biréacteur français. Pour un peu le Rafale F5 serait presque un nouvel environnement opérationnel. À titre de comparaison c’est à peu près la même différence en mode air-air qu’entre un Mirage 2000C et un Mirage 2000-9.

La semaine dernière l’ami Gaëtan vous a présenté la révolution Rafale F5 en matière de dissuasion nucléaire. Permettez moi d’en remettre une couche, autour des missions de défense aérienne et d’interception. Je sais le air-air c’est actuellement moins sexy que la bombe atomique. Mais c’est tout autant essentiel à la défense de notre souveraineté.

Extérieurement il ne changera globalement pas du Rafale F4 à quelques exceptions près qui ne seront pas visibles pour 99% de la population. Une ou deux antennes sans doute, mais rien de plus. Au pire du pire, pour certaines missions à longue distance, l’avion de combat français disposera en extrados de fuselage de CFT. Il s’agit là de Conformal Fuel Tanks ou réservoirs conformes dans la langue de Molière.

La vraie nouveauté, enfin la plus visible actuellement et celle qui nous intéresse ici c’est le fameux radar à disruption RBE2-XG fonctionnant en intrication quantique et assisté par une intelligence artificielle. L’intérêt premier d’un tel équipement c’est de bien mieux voir, de voir plus loin, plus de monde. Employant la technologie dite de récepteurs à nitrure de gallium ce RBE2-XG devrait permettre de détecter les avions et drones furtifs, les munitions rodeuses, et les mini-drones habituellement très difficiles à accrocher au radar. La technologie de l’intrication quantique permettra à l’IA du Rafale F5 de littéralement gommer les phénomènes naturels qui permettent à certains avions furtifs de se cacher. On pense évidemment ici aux éruptions chromosphériques et aux tempêtes géomagnétiques qui dégradent temporairement le champ magnétique terrestre et permettent à certains avions furtifs d’être encore plus furtifs.

Bien sûr l’idée n’est pas de détecter des Lockheed-Martin F-35A Lightning II et RQ-170A Sentinel, ou encore des Northrop Grumman B-21A Raider. Les avions américains ne représentent pas, actuellement, une menace pour le Rafale F5. Par contre le RBE-2XG va devenir le cauchemar des ingénieurs chinois et russes. Il a été pensé pour rendre visibles les Chengdu J-20, Shenyang J-35, et autres Sukhoi Su-57. Et évidemment le Su-75 s’il existe un jour. Même l’hypothétique Tupolev PAK DA russe et le futur Xian H-20 chinois seront nettement moins furtifs une fois le Dassault Aviation Rafale F5 en l’air.

Ce futur avion de combat pourrait donc, en mode air-air, ne plus vraiment avoir besoin du soutien d’un avion de veille radar et de contrôle aéroporté. Autrement dit d’un AWACS. Ce qui peut expliquer, au-delà de la diplomatie, pourquoi la France a préféré le Saab GlobalEye suédois au Boeing E-7A Wedgetail américain dans le cadre du remplacement de ses Boeing E-3F SDA. Pourquoi acquérir un AWACS trop ambitieux et trop onéreux quand on sait que notre futur avion de combat fera au moins aussi bien, tout en pouvant tirer ses missiles ?
Le GlobalEye sera donc réduit, dans les missions de police du ciel, aux seules fonctions de commandement aéroporté. Il continuera cependant de voir loin, mais pour les aéronefs autres que le Rafale F5.

Le premier vol du RBE2-XG est attendu pour le premier semestre 2028, gréé sur un banc d’essais en vol de la DGA EV. Et là le monde comprendra enfin à quel point les ingénieurs de chez Thales ont été bons.

Affaire (forcément) à suivre.

Photo © Dassault Aviation


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 réponses

  1. Arnaud. D apres d autres source cette possibilité devrait être rendu possible par les moteurs m88 t Rex. La puissance électrique nécessaire sera rendu possible par ce nouveau moulin.
    La connexion avec le neuron ou autres permettra aussi de voir plus loin. Plus fort. Mieux. Couplé a de nouveaux satellites et aux nouvelles technologies radar ( détection par perturbation du chant magnétique terrestre ou des ondes des tel portables). Bref avec un nouveau camouflage aussi. Le gris c est triste.

  2. Bonjour
    Article tres interessant et enthousiasme debordant. Le F5 sera une superbe machine. Mais attention à ne pas aller trop vite. Un Globaleye a une vision a 360° et une portée de 450 km!! Il faudrait 8 rafale pour faire ça. Avec un coût horaire très supérieur et un nombre d’heures d’entretien enorme.
    Gageons que toutes les innovations du RBE-XG se retrouveront à termes dans les AWACS.

  3. Un article stupéfiant, encore merci! Oui sur le papier les capacités du Rafale F5 donnent le vertige. D’ailleurs mon impression est que l’on compare que trop rarement les capacités « officielles » des radars de pointe équipant les avions de chasse… Et la France a un sacré savoir-faire en la matière on dirait… Les RBE2 (y compris les « anciens » PESA) peuvent simultanément suivre 40 cibles tant au sol qu’en plein ciel, dont 24 en poursuite renforcée et solution de tir sur 8… J’ai lu que l’AN/APG77 du Raptor n’offrait une solution de tir « que » sur 3 cibles simultanément (mais je ne mettrai pas ma main à couper sur la véracité de cette info, ce radar paraît très avancé et il a dû quelque peu être modernisé depuis sa mise en service…). Quoi qu’il en soit, même si on se réjouit des capacités impressionnantes du futur RBE2-XG, qui réduiraient des nécessités de recourir à un AWACS, l’allumer=signaler la présence du Rafale…
    Ce Rafale F5, entre son nouveau radar, ses nouveaux moteurs, son SPECTRA-XG (je m’avance un peu là…), ses futurs armements (Hammer XLR…), son loyal wingman dérivé du Neuron. Encore une dinguerie made In France.

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