Aviations et marines des USA et du Venezuela en tensions.

À bien des égards le dictateur vénézuélien Nicolás Maduro n’a pas fini de servir les intérêts du président des États-Unis Donald Trump. Sous couvert de guerre contre les narcotrafiquants le locataire de la Maison-Blanche met la pression sur Caracas qui ne peut pas répondre autrement que par une démonstration de force. De ce fait Maduro n’a pas le choix que d’ordonner la mobilisation de ses moyens aériens et navals face à une future intervention américaine plus fantasmée que bien réelle. Une affaire qui tire en fait ses origines dans le premier mandat du président américain.

L’actuelle discorde entre Washington DC et Caracas tire ses origines en partie dans une interception illicite par la chasse vénézuélienne contre un Lockheed EP-3E Aries en mission antidrogue à l’été 2019. Six ans plus tard Donald Trump est revenu à la tête des États-Unis et il a toujours la dent dure envers Nicolás Maduro. Et ce dernier la lui rend bien. En 2018 et 2019 la présence fréquente d’avions militaires russes au Venezuela avait déjà suscité un tôlé de la part de la diplomatie américaine, aggravée par la complaisance du pouvoir bolivarien vis-à-vis des narcotrafiquants et des cultivateurs de coca. Des avions russes dont les missions interrogeaient grandement le renseignement américain. Mais ça c’était il y a six ans, autant dire une éternité !

Il y a cinq ans l’administration Trump avait choisi de ne pas alléger les moyens aériens engagés dans la région. Entre les hélicos embarqués et un AWACS elle avait même déployé sur zone un avion espion ! Puis l’affaire s’était calmée après l’échec cuisant du président américain à se faire réélire face à Joe Biden. Les relations américano-vénézuéliennes étaient demeurées tendues mais sans nouvelle escalade de terreur, l’administration démocrate y veillant. Les républicains sont revenus au pouvoir, les tensions repartent à la hausse.

Et entre la première administration Trump et l’actuelle l’état des forces aériennes et navales vénézuéliennes n’ont pas énormément changés. Enfin elles ne se sont pas enrichies de nouveaux matériels susceptibles de mettre à mal les forces américaines. Car cette semaine l’US Navy a reconnu disposer dans l’arc caribéens de moyens bien plus lourds que les cotres de l’US Coast Guard ou même que les frégates de notre Marine Nationale, les deux principaux acteurs de la task force internationale de lutte contre les trafics de cocaïnes. Car le fond du problème pour la France c’est que cette drogue provient de Colombie et… du Venezuela.

Ce qui fait dire à la propagande d’état du Venezuela que les USA préparent une action de grande envergure c’est donc la présence de plusieurs bâtiments de guerre : les destroyers lance-missiles USS Gravely, USS Jason Durham, et USS Sampson ainsi que le croiseur lance-missiles USS Lake Erie ou encore le sous-marin d’attaque USS Newport News. Tous sont dotés de dizaines de missiles BGM-109 Tomahawk. Il convient d’y ajouter les navires de commandement et de soutien aux opérations amphibies USS Fort Lauderdale et USS San Antonio ainsi que le porte-aéronefs USS Iwo Jima.  Ce dernier dispose d’une douzaine de Lockheed-Martin F-35B Lightning II à son bord. Plusieurs sources indiquent également qu’un autre porte-aéronefs équivalent, l’USS Boxer, pourrait faire route lui aussi vers les abords du Venezuela avec là encore à son bord des chasseurs furtifs.

Huit navires de guerre de l’US Navy dont un porte-aéronefs et un sous-marin nucléaire d’attaque il faut reconnaître que c’est un peu gros pour une mission antidrogue, même de la part de l’administration Trump. Y voir les prémices d’une action militaire contre le régime Maduro n’est pas illogique. Pourtant pour l’instant celle ci n’est qu’hypothétique. Certains diraient fantasmée.

En face la marine vénézuélienne, l’Armada Bolivariana de Venezuela, est famélique. Deux sous-marins d’attaque à propulsion diesel électrique, une frégate, une quinzaine de patrouilleurs et de vedettes longue distance, et quelques navires de soutien. La capacité offensive de l’aéronavale vénézuélienne se limite en 2025 à une demi-douzaine de Mil Mi-17 Hip-H dotés de paniers lance-roquettes et à trois Casa C-212MP Patrullero armés de charges de profondeurs et de mines. Et la force aérienne, l’Aviación Militar Bolivariana, dans tout ça ? Elle n’est guère mieux lotie. Elle s’appuie sur une petite vingtaine de Sukhoi Su-30MKi Flanker-C d’origine russe. On ignore si ses cinq vieux General Dynamics F-16A/B Fighting Falcon sont encore réellement opérationnels. Elle possède par ailleurs une douzaine de drones de combat Mohajer fournis par l’Iran. Pas de quoi mettre en péril les navires américains

Via les réseaux sociaux la propagande vénézuélienne a annoncé l’arrivée prochaine dans la zone du porte-avions USS George H. W. Bush. Rien pourtant parmi nos sources ne vient actuellement conforter cette rumeur aux forts accents de fake news. Le Venezuela rappelle qu’il a un allié militaire fort en la personne de la Russie. Petit détail qui a son importance : le Kremlin est à plus de 9000 kilomètres de Caracas. Pour autant dans ce jeu de hautes tensions entre Américains et Vénézuéliens les prochaines heures et les prochains jours seront décisifs.

Affaire (forcément) à suivre.

Photo © Aviación Militar Bolivariana


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

Une réponse

  1. Rien de mieux qu’une bonne petite guerre pour remonter dans les sondages et détourner l’attention sur l’affaire Epstein. Je ne serais pas surpris que Trump veuille aller de l’avant. Quant aux Russes, ils en ont déjà plein les bras avec l’Ukraine et ne bougeront pas le petit doigt pour défendre Maduro.

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