Canadair CL-89 / CL-289

Fiche d'identité

Appareil : Canadair CL-89 / CL-289
Constructeur : Canadair Ltd
Désignation : CL-89
Nom / Surnom :
Code allié / OTAN :
Variante : CL-289, Midge Q Mk-1
Mise en service : 1969
Pays d'origine : Canada
Catégorie : Drones - U.A.V.
Rôle et missions : Drone de reconnaissance, éclairage de cibles, observation du champs de bataille.

Sommaire

“ Le drone canadien des artilleurs français ”

Histoire de l'appareil

Par métonymie (et peut-être aussi un peu par paresse intellectuelle) les Français considèrent encore très souvent que le nom de Canadair n’a de lien qu’avec les amphibies bombardiers d’eau CL-215 et CL-415 utilisés par la Sécurité Civile pour lutter contre les feux de forêts. C’est très mal ce constructeur qui a su se diversifier depuis sa conception avec notamment l’avion d’entraînement à réaction CL-41 Tutor ou encore l’avion de patrouille maritime CL-28 Argus. Pourtant en France, en dehors des avions des pompiers volants, c’est pour une toute autre machine que ce constructeur a laissé une trace indélébile : un drone de reconnaissance tactique. Cette machine est le Canadair CL-89 et sa version avancée CL-289.

En 1957 les gouvernements britanniques et canadiens entrèrent en pourparler afin de concevoir en commun un drone de reconnaissance et d’éclairage destiné à remplacer les Northrop Falconer et disposant d’un rayon d’action de 50 à 60 kilomètres. Ce dernier était en fait un engin de reconnaissance issu du drone cible Radioplane OQ-19 conçu durant la Seconde Guerre mondiale et désormais obsolète. En 1963 un accord anglo-canadien fut signé, qui prévoyait que le constructeur Canadair soit maître d’œuvre du chantier, avec le concours d’ingénieurs britanniques dépendant de De Havilland. Finalement cette clause ne servit à rien, leurs homologues canadiens étant parfaitement capables de développer une telle machine. L’année suivante le programme passe entre les mains de l’OTAN sous la désignation de Canadair AN/USD-501. L’Allemagne de l’Ouest et l’Italie font par également de leur intérêt pour cette nouvelle machine. De leurs côtés les États-Unis annoncent s’en désintéresser. Dans la nomenclature du constructeur l’engin est désigné CL-89.

Malgré ce refus américain c’est bien sur le territoire des États-Unis que les essais de l’OTAN sont menés, dans un des centres de recherches les plus secrets et les mieux sécurisés sur une partie à part de la base MCAS Yuma en Arizona. Le premier vol du prototype du CL-89 intervint en mars 1964. Les essais furent soutenus par des équipes des quatre pays engagés dans le programme. Finalement le premier exemplaire entra en service fin 1969 dans les rangs de la Bundeswehr, l’armée ouest-allemande, et de la Royal Canadian Army. La British Army, de son côté, dut attendre trois années encore pour qu’arrivent en unités les premiers exemplaires qui volèrent sous la désignation de Canadair Midge Q Mk-1. De son côté l’armée italienne dut attendre 1974.

L’équipement électronique des Canadair CL-89 était standardisé : caméras, appareils photo, et capteurs infrarouge. Les même pour tous les utilisateurs du drone. Ainsi cela rendait les travaux de remise en état facilités. D’autant qu’à l’époque les drones n’étaient pas vraiment considérés comme des aéronefs, à la différence d’aujourd’hui.

En 1980 alors que les quatre pays d’origine avaient reçu leur pleine dotation en CL-89 un nouveau client se fit connaître : la France. L’Armée de Terre cherchait en effet un nouveau drone susceptible de venir remplacer les Nord Aviation R-20, qui n’avaient jamais vraiment réussi à convaincre. C’est donc logiquement vers l’avion sans pilote canadien que s’était tourné l’état-major français. Une commande fut passée pour cinquante-six drones et leur système érecteur-lanceur.

Dans l’Armée de Terre les Canadair CL-89 étaient servi par l’artillerie et non l’ALAT. Il faut dire que leur fonction première était d’assurer l’éclairage des zones de frappe des missiles nucléaires à courte portée Aérospatiale Pluton. Les systèmes fournis par Canadair étaient installés sur des camions tous-terrains Berliet GBC 8KT et Saviem SM8. C’est le 7ème Régiment d’Artillerie, alors basé à Nevers, qui reçut ces drones de reconnaissance, et les mit en œuvre durant toutes les années 1980.

La chute du mur de Berlin en novembre 1989 allait durablement rebattre les cartes, et faire disparaitre petit à petit les arsenaux nucléaires courte-portée désormais obsolètes. Cependant le drone canadien n’avait pas dit son dernier mot. En octobre 1990 le Royaume-Uni déploya quatre Canadair Midge en Arabie-Saoudite dans le cadre de la coalition internationale menée contre les forces irakiennes de Saddam Hussein après l’invasion du Koweït. Ces engins permirent en totale discrétion de repérer des colonnes de blindés de l’armée ennemie et de guider ainsi les hélicoptères de combat britanniques.

En parallèle depuis 1984 Canadair travaillait avec des industriels ouest-allemands et français afin de développer une version améliorée désignée CL-289 et destinée à mener des missions beaucoup plus en profondeur. La fin de la guerre froide ne mit pas un terme au projet puisqu’un contrat avait été signé en 1987 entre Canadiens et Allemands pour la fourniture de 105 systèmes. En 1989 les Français avaient rejoints le programme pour un total de 55 drones.

Extérieurement le Canadair CL-289 présentait de très grandes similitudes avec le CL-89, mais en plus grand. Comme lui il se présentait sous la forme d’un engin à propulsion hybride : moteur fusée et turboréacteur. Le premier servant de booster pour le lancement et développant une poussée 3300kg tandis que le mini-turboréacteur permet le vol sur une distance de 180 à 200 kilomètres avec ses 105kg de poussée. Comme son prédécesseur le CL-289 doit être récupéré dans un champs ou un pré par une équipe terrestre ou une hélicoptère, ne disposant d’aucun train d’atterrissage. Mais c’est bien au niveau de l’équipement de reconnaissance que les choses changeaient entre les deux drones. Bien sûr les caméras et systèmes infrarouges perduraient mais les appareils photos avaient disparus, remplacés par un radar à ouverture synthétique permettant de mieux surveiller le champs de bataille. Le CL-289 entra en service en Allemagne en 1990 et en France deux ans plus tard.

Dans l’Armée de Terre les CL-289 vinrent remplacer petit à petit les CL-89 au sein du 7ème RA, permettant à ces derniers de totalement quitter le service actif en 1997. Deux ans plus tard la dissolution de leur régiment d’appartenance leur fit rejoindre l’ancienne base aérienne américaine de Chaumont-Semoutiers en Haute Marne, un terrain qui en son temps accueillait des chasseurs à réaction Republic F-84G Thunderjet et des North American F-100D Super Sabre. Avant l’arrivée des CL-289 ces installation accueillaient les batteries de défense sol-air MIM-23 Hawk de facture américaine et appartenant au 403ème Régiment d’Artillerie. C’est grâce à des camions tous-terrains Renault TRM10000 que les CL-289 français sont mis en œuvre. En 1995 des drones français de ce modèle furent déployés au nom des Nations Unies pour des missions de surveillance au-dessus de l’ex-Yougoslavie.

Début 1999 la dissolution du 7ème Régiment d’Artillerie obligea l’état-major français à reverser ses Canadair CL-289 au 61ème Régiment d’Artillerie qui fut créé spécialement pour les missions terrestres de mise en œuvre des drones. Pour autant ces avions sans pilote ne quittèrent pas leur base. Dès cette première année d’existence le régiment fut engagé avec ses CL-289 mais aussi les drones Crécerelle au Kosovo lors des missions de l’OTAN dans ce petit territoire balkanique. Au début du vint-et-unième siècle les drones canadiens des artilleurs français furent déployés en Afghanistan afin de traquer les djihadistes d’Al Qaïda et les combattants talibans. En 2008 ce fut au-dessus du Tchad qu’ils opérèrent dans le cadre d’une mission européenne. En France le retrait du service du Canadair CL-289 a été officialisé en 2010, malgré le fait qu’aucun remplaçant digne de ce nom ne lui soit trouvé !

Il est à signaler qu’entre 1999 et 2001 l’Aviation Légère de l’Armée de Terre et la DGA Essais en Vol a testé deux hélicoptères Aérospatiale SA-342 Gazelle dotés du système de reconnaissance du Canadair CL-289 pour des missions d’éclairage au profit des Eurocopter Tigre. Cependant l’apparition de la Gazelle Viviane bien plus efficace a mis fin à ce programme.

S’il n’est pas le drone le plus célèbre des forces de l’OTAN le Canadair CL-89 / CL-289 a permis aux artilleurs français de se tailler une réputation hors du commun dans le maniement de ces machines si particulières. Pour preuve entre 1995 et 2009 ces engins ont défilé six fois sur les Champs-Élysées. Sur et non au-dessus, puisqu’ils étaient embarqués à bord de leurs camions.

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Photos du Canadair CL-89 / CL-289

Caractéristiques techniques

Modèle : Canadair CL-289
Envergure : 1.30 m avec ailettes dépliées.
Longueur : 3.50 m
Hauteur : 0.35 m
Surface alaire : N.C.
Motorisation : 1 turboréacteur Klöckner-Deutz KHD T117
Puissance totale : 1 x 105 kgp. + 1 moteur-fusée Hawker-Siddeley Wagtail II de 3300kgp
Armement : aucun
Charge utile : -
Poids en charge : 300 kg
Vitesse max. : 725 km/h à 900 m
Plafond pratique : 1200 m
Distance max. : 200 Km
Equipage : 0
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Profil couleur

Profil couleur du Canadair CL-89 / CL-289

Plan 3 vues

Plan 3 vues du Canadair CL-89 / CL-289
Fiche éditée par
Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Vidéo du Canadair CL-89 / CL-289

Lancement d'un CL-289 allemand.