Et si les bâtiments de classes America devenaient petit à petit des porte-avions ?

Indéniablement le nouveau chasseur furtif américain a commencé à changer la vision que l’on peut avoir de l’aviation embarquée sur porte-aéronefs, mais il n’est pas le seul avion dans ce cas. Depuis quelques mois maintenant l’USS America, premier bâtiment de sa classe, a troqué ses avions d’attaque AV-8B Harrier II pour des chasseurs multi-rôles F-35B Lightning II. Avec lui les avions convertibles MV-22B Osprey ont commencé à remplacer progressivement les hélicoptères lourds CH-53E Super Stallion. Une réorganisation structurelle qui semble bien en appeler une autre, tactique cette fois-ci.

Derniers nés des porte-aéronefs américains les bâtiments de la classe America sont (lentement) en cours de déploiement au sein des forces navales des États-Unis. Actuellement seul l’USS America (ou LHA-6) est opérationnel, tandis que les USS Tripoli et USS Bougainville sont attendus en service actif pour respectivement 2020 et 2023. Bien entendu leur mission de base demeure le soutien aux opérations amphibies de la marine américaine mais leur rôle aérien est en train de changer, de manière très discrète.

Activité aérienne classique sur le pont de l’USS America.

Une fois encore cette évolution nous la devons au Lockheed-Martin F-35 Lightning II ! Et plus précisément à sa version Bravo à décollage très court et atterrissage vertical qui se trouve désormais déployé à bord de l’USS America à hauteur de treize exemplaires de série. Elle y a remplacé l’avion d’attaque au sol McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II. En cela désormais le porte-aéronefs américain peut remplir via les airs des missions bien plus complexes que celles dévolues jusque là aux avions de lointaine origine britannique. Avec ses Lightning II le bâtiment de la marine des États-Unis peut désormais parfaitement assurer sa propre défense aérienne voire même réaliser une bulle autour de lui afin d’interdire l’accès à n’importe quel aéronef hostile.
Jusque là il fallait avoir recours à des avions embarqués classiques comme le Boeing F/A-18E/F Super Hornet ou feu le Grumman F-14A Tomcat.

L’autre révolution se fait dans le transport et le soutien logistique.
Les lourds hélicoptères Sikorsky CH-53E Super Stallion ont laissé place aux avions Bell-Boeing MV-22B Osprey. Par leur allonge ces aéronefs permettent ainsi de gagner en souplesse d’emploi par rapport aux hélicoptères. Pour autant il se murmure que les futurs CH-53K King Stallion seront embarqués l’année prochaine en plus des convertiplanes.
Pour autant l’USS America embarque encore quatre hélicoptères classiques sous la forme de deux Sikorsky MH-60R Seahawk de combat maritime et deux MH-60S Knighthawk de soutien logistique. Les premiers protègent le navire contre la menace sous-marine tandis que les seconds transportent les troupes et assurent les missions VERTREP.

Surtout depuis plusieurs semaines deux autres modèles d’hélicoptères, pourtant indissociables des bâtiments américains de projection, ont disparu du pont d’envol de l’USS America : les Bell AH-1Z Viper et UH-1Y Venom. Des machines qui pourtant sont de fidèles auxiliaires des missions de débarquement de forces terrestres.

Tout cela mit bout à bout dessine un nouveau rôle pour les trois bâtiments de classe America : porte-avions légers ! Une réorganisation qui ne dit pas encore son nom mais qui laisseraient aux huit navires de la classe Wasp le rôle de soutenir les actions amphibies tandis que les trois nouveaux assureraient des patrouilles dans les zones moins chaudes du globe que celles où voguent les lourds porte-avions à propulsion nucléaire. C’est ainsi qu’actuellement l’USS America patrouille en océan Pacifique sans pour autant s’approcher de trop près des côtes chinoises ou russes où la marine américaine possède déjà un porte-avions en croisière.

F-35B Lightning II et MV-22B Opsrey sur le pont d’envol de l’USS America.

Bien entendu cette réflexion n’engage que son auteur et ne préfigure nullement d’une vérité absolue. Il s’agit seulement de la synthèse de l’observation extérieure de l’activité de ce porte-aéronefs depuis plusieurs mois maintenant.

Photos © US Navy.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

11 Responses

  1. Bonjour, j’ai lu que les 3 prochains bâtiments de la classe America posséderont des radiers, auront-ils selon vous le même rôle que les premiers exemplaires ?

  2. Avec seulement treize chasseurs et une charge donc une autonomie limitée en décollage court sans catapulte, je pense que maintenir une simple CAP de 2 avions 24/24 utilise tous les avions disponibles …

  3. On fera bien de tout étudier et de penser à toutes les possibilités pour le futur remplaçant du CDG. Il ne faudra pas se faire prendre de court en ayant oublié telle ou telle option. A condition de savoir ce que l’on voudra faire…et mettre tout le monde d’accord autour d’une table.

  4. Oui carrément d’accord avec vous Arnaud ,et pour les mêmes raisons . C’est vrai que le f35 b change la donne, mais serait-il possible que ces navires accueillent plus de f35 ,car 13 chasseur c’est peut . Au fait les japonais vont sûrement faire pareil

  5. Par rapport au Harrier, il y a un net bond en avant (radar, capteurs, qualité de l’armement, discrétion, vitesse…) mais le F-35 « traîne » les même limitations que son prédécesseur : emport de charges et rayon d’action limités.
    Après, on se rapproche de manière très intéressante du concept de l’amiral Zumwalt de « sea control ship », un concept dont les Anglais sont encore plus proches avec les bâtiments de la classe Queen Elisabeth.
    (Et les Japonais avec leurs porte-hélicoptères ASM de classe Izumo pressentis pour embarquer des F-35B).
    Ces développements montrent en tout cas la flexibilité du F-35B (abstraction faites des nombreux soucis encore à régler).

    1. Pas que je sache.
      Ils estiment qu’un tremplin n’est pas nécessaire, la longueur de pont étant suffisante.

  6. Cela veut-il dire que notre CDG et les bâtiments de la classe Mistral sont adaptés pour recevoir ce type de F 35 ? S’il ne faut pas obligatoirement un Sky jump, ça devrait donc être possible ? Merci de votre réponse.

    1. Non les PHA de classe Mistral ne sont pas adaptés à l’emploi d’avions types F-35B et Harrier II car le revêtement de leur pont d’envol n’a pas été conçu en ce sens. Les seuls avions qu’ils peuvent recevoir sont les MV-22B. Par contre oui le Charles de Gaulle pourrait parfaitement recevoir de tels jets de combat.

  7. La réflexion est intéressante mais faire des ces bâtiments d’d’assaut des mini-portes-avions, n’est-ce pas déjà le cas avec les Harrier (attaques au sol mais l’USMC avait déjà vu de potentiel en combat aérien avec seulement les missiles Sidewinder validé lors des combats contre Mirage III aux Malouines), la version Harrier II+ équipé radar et amraam poussant la logique au point que cette version à opéré sans portes avons en libye.
    Je ne suis pas fan du F-35, mais la version « B » me semble la plus pertinente. Je pense seulement que le souhait de furtivité poussée n’ait limité la rusticité, l’autonomie et l’emport.
    Ce qui change, c’est la logique d’un débarquement sur plage face à une projection de forces plus loin dans les terre. C’est la raison d’être des V-22, les F-35b effectuant le soutient et la protection. Les hélicoptères sont trop limités en vitesses et autonomie. Le couple V-22 F-35B va certainement marquer son époque.

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