Des F-35A Lightning II pour remplacer les Mirage 2000-9 émiratis.

Beaucoup y voient une nette perte d’influence de la France auprès des Émirats Arabes Unis. Ce jeudi 29 octobre 2020 l’administration Trump a donné son feu vert à la vente de cinquante avions de combat Lockheed-Martin F-35A Lightning II pour la force aérienne émiratie. Il s’agit là d’un accord commercial qui n’aurait pas pu avoir lieu sans Israël qui pourtant y fut opposé durant plusieurs années. Plus que jamais le chasseur américain de 5e génération s’impose comme un succès incontestable à l’export.

Surtout dans ce dossier tout s’est joué entre Abou-Dabi et Washington DC, par la voie diplomatique. C’est la Maison-Blanche qui a mené les négociation en accord avec Lockheed-Martin, court-circuitant au passage le Pentagone et le Congrès. La fameuse Defense Security Cooperation Agency n’a même pas eu le temps de publier l’information autour de ces chasseurs furtifs que déjà l’administration Trump communiquait dessus. On sent bien de la fébrilité à désormais une poignée de jours de l’élection présidentielle américaine.
Car si Joe Biden, l’opposant de Donald Trump dans ce scrutin, s’est bien abstenu de parler jusque là de cette vente émiratie on sait que le camp démocrate y est globalement opposé.

Pour encore pas mal d’Américains vendre cinquante Lockheed-Martin F-35A Lightning II aux Émirats Arabes Unis c’est prendre le risque de déséquilibrer le Proche-Orient et d’affaiblir Israël. Jusque là l’état hébreu est le seul pays de la région à aligner un tel avion, au travers de ses F-35I Adir. Or l’opposition à Donald Trump est globalement plutôt pro israélienne.
Pour autant voir dans cette décision de la Maison-Blanche de vendre pour dix milliards de dollars US ces avions aux Émiratis une politique pro-arabe serait totalement erronée. Ou plutôt le serait dans le prisme que c’est Donald Trump qui occupe le bureau ovale. À ses yeux il s’agit juste de business. Et aussi sans doute un peu de grappiller quelques voix à l’élection en montrant que son bilan économique est plus que satisfaisant sur les exportations d’armement de pointe.

Israël d’ailleurs semble s’être fait une raison puisque après avoir tenté tous les recours pour empêcher cette vente d’avoir lieu l’a finalement acceptée. Sans doute un peu à contre-cœur et grâce à un accord très discret avec Lockheed-Martin. Surtout l’état hébreu a compris que le F-35A Lightning II n’intéressait pas que les Émiratis mais également les Qataris. Plus qu’un avion furtif d’ailleurs c’est la protection du «parapluie américain» que les Émirats Arabes Unis achètent dans la région.

Et c’est là tout le problème pour les Français. Car après avoir fait miroité pendant dix ans un possible achat de soixante avions de combat Dassault Aviation Rafale les Émiratis ont finalement abattu leur jeu : le F-35A Lightning II. Les négociations avec Paris avaient débuté sous Nicolas Sarkozy, s’étaient poursuivies sous François Hollande, pour finalement se clore sous Emmanuel Macron. Décidément quand ça ne veux pas ça ne veux pas ! Mais est-ce qu’à un seul instant l’United Arab Emirates Air Force a t-elle réellement eut l’intention d’acheter le biréacteur français ? Nous ne le saurons sans doute jamais.
Toujours est t-il que le F-35A Lightning II se présente désormais comme le successeur désigné des Dassault Aviation Mirage 2000-9 en service dans ce petit état du Golfe.

Photo © ministère néerlandais de la défense.


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ARTICLE ÉDITÉ PAR
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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

16 Responses

  1. Bon, je vais être traité de F35 bashing, mais je pense que l’avionneur français a plus d’atout dans son jeu:
    Sa maniabilité en combat,
    Son prix,
    Le fait que la furtivité n’est plus « qu’illusions » face aux développements radars intégrés ou liés aux missiles air-sol et combinés.
    Les A400/500 sont capables de dénaturés la « furtivité » de ces appareils.

    1. Bien que fervent partisan du Rafale (en tant que belge j’aurais préféré cette option). Je crois que comparer rafale et F35 ressemble plus (sans vouloir choquer personne) a des écoliers qui comparent leur « quequettes » sous la douche à la piscine. Je crois que tant le rafale que le F35 sont de « bon » avions. Après, le choix d’un avion par un état est un acte éminemment politique et en la matière, l’oncle Sam à une force de frappe qu’il est difficile de contrer. La DésUnion Européenne en matière de défense n’arrange pas les choses par ailleurs…

      1. Milan,
        Le choix d’un avion est éminemment politique, oui c’est vrai ! Et pour votre pays qui héberge le siège suprême de l’OTAN en Europe, vous oubliez qu’il en tire des bénéfices économiques et politiques énormes ! Mais sachez que tous les pays jouent de cette influence politique, la France comme les autres. C’est ce qui lui a permis de placer son Rafale en Inde, au Quatar, en Egypte et en Grèce ! Ces pays n’ont pas seulement choisi un avion, mais aussi une alliance qui pérennise un approvisionnement en arme et un encadrement technique sécurisé. Souvenez vous de l’affaire des Exocets argentins pendant la guerre des malouines. Quand à réduire le choix du F 35 face au Rafale à une histoire de quequettes, c’est assez puéril de votre part ! Vous devriez vous investir dans la compréhension de la technologie aéronautique militaire, dont ce blog est une des meilleures sources, pour mieux comprendre de quoi il en retourne !

        1. Ne nous méprenons pas, je suis plus que 100% d’accord avec vous. Par ma remarque un peu provoc. , je visais plutôt à dénoncer les commentaires simplistes qui se limitent à dire « le F35 est mieux » ou « le F35 est un fer à repasser » sans apporter aucune forme de justification. La très bonne remarque que vous venez de faire illustre à merveille le fait que le choix d’un avion fait entrer en jeux une multitudes de critères pas forcément tjr liés à l’avion lui même!

          En ce qui concerne ma préférence personnelle pour le rafale, elle est fondée sur le fait que c’est un avion qui a fait ses preuves, dont les coûts sont connus et maîtrisés, qui aurait permis un partenariat stratégique avec un pays avec lequel nous avons des liens historiques forts, qui aurait permis des retombées économiques évidentes pour notre pays (SABCA & SONACA par exemple) mais voilà, le siège de l’Otan, La B61 et le fait que la majorité Néerlandophone a toujours été très américaniste (comme nos voisins bataves) ont fait penchés pour le F35. Je ne dis pas que le F35 est un mauvais avion mais plutôt un avion inadapté à nos besoins réels et qui va fagotier nos maigres ressources.

        2. @ Milan
          En 1976, la Belgique a a acquis 116 F 16 suivi d’une seconde commande de 44 autres F 16 en 1983 ! Soit un total de 160 F 16 lors du contrat du siècle. Comment pouvez-vous dès lors conclure que le choix du F 35 est dû à une Flandres américanisante alors que l’OTAN avait déjà placé son programme en 1976 ? Certains pensent que le choix du programme F35 est orienté, mais vous dites vous même que c’est le choix OTAN, or comme je l’ai dit la Belgique n’est pas seulement membre de l’Otan, mais c’ est le pays hôte de l’organisation ! Comment dès lors ne pas sélectionner le choix OTAN ? Expliquez moi cela ? La question est aussi liée à la dissuasion nucléaire lié à la bombe B 61. Fallait perdre cette capacité dissuasive au nom de l’amitié avec notre voisin du sud ou au nom de plus de retombées pour les industries wallonnes ? Je ne le pense pas ! Je vous rappelle aussi que la France a remporté le contrat de renouvellement des blindés pour un total de 1.6 milliards ! Quand à votre remarque sur les ressources, savez vous combien ont couté les 160 F 16 de la guerre froide ? A l’époque, face à la menace du pacte de Varsovie, on ne regardait pas sur les budgets qui était sans commune mesure avec les budgets d’aujourd’hui., S’ il est difficile de retrouve ce que ça avait couté à la Belgique, une grande partie des F 16 ayant été produits en Belgique, il y a fort à croire que les budget d’aujourd’hui ne sont pas plus impressionnants que ceux de l’époque en tenant compte de l’inflation. Certes les avions sont plus chers mais moins nombreux aussi !

        3. @ Milan
          Faut-il aussi vous rappeler ce que représente l’OTAN dans votre pays économiquement ? Presque autant que les institutions européennes, 3.3 milliards annuels. Et que dire de l’investissement de 6 milliards lié à l’installation du nouveau siège de l’alliance à Bruxelles ? Je vous invite à plus de fierté et de patriotisme envers votre pays, des choix comme ceux-là font toujours des heureux et des malheureux, mais une nation qui se respecte doit toujours faire bloc derrière ses décideurs !

        4. Bonjour Romuald, on va essayer d’éviter l’escalade franco-belge autour de la question des budgets de défense. Restons dans un ton convivial s’il vous plait.

    1. Comme dit plus haut, c’est un choix politiques plus que technique a mon avis. Les EAU sont allié a l’Arabie Saoudite avec un ennemis commun l’Iran. Ceci peut aussi expliquer le lâcher de leste israélien. On pourrait également rajouter les contrats signé par le Quatar avec la France n’ont pas du jouer en faveur du Rafale, le Quatar étant un ennemis des EAU.

  2. Les EAU ont toujours exigés pour acheter des Rafales que la France reprennent les anciens Mirages émiratis (un peu comme vulgaire concessionnaire automobile), et surtout que soit développé des réacteurs offrant plus de puissance que les M88. Les émiratis ont toujours reproché aux Rafales d’être sous-motorisés …

  3. Quand les USA vendent 1 avion ou autre ils vendent aussi de la diplomatie bref on a peu de chance face a ce bulldozer.
    L’Europe aurait pu faire un effort quand il s’agissait qu’un pays Européen achète 1 avion de combat pour favoriser les constructeur du continent (ce que ne se prive pas les US « voir le contrat d’Airbus pour les tankers cassé par le gouvernement et remplacé par Boeing qui avait perdu l’appel d’offre » )
    Mais en fait en Europe ils on quasi tous acheté du F35 qui de facto les mets sous la coupe des USA.

    Bref quand j’entends parler de l Europe de la défense LOL!

  4. J’ai de gros doutes sur la pertinence de votre titre « Des F.35 pour remplacer les 2000-9 ». Les émiratis ont-ils annoncé celà ? Si c’est le cas je l’ignorais, Mais si ce n’est pas le cas, on peut souligner qu’ils sont dirigés par un homme, MBZ, qui est tout sauf un béotien en matière militaire et dont j’ai le plus grand mal à concevoir qu’il se départisse de sa stratégie habituelle: ne pas dépendre d’une seule source.
    Il me semblerait cohérent que les F.35 viennent en extension de capacité dans l’inventaire des EAU, mais par contre qu’ils remplacent les 2000-9, mouais… ce serait un curieux renoncement… Et au delà de ça, les émiriens n’ont rien d’autre à faire voler que leurs 2000, dont ils sont par ailleurs très satisfaits, quand tonton Sam s’oppose à une de leurs velléités, et que donc leurs F.16 sont inutilisables.
    Enfin, dernier point, ils viennent de lancer la modernisation des 2000-9 pour 420 millions d’euros l’an dernier.

    Bref, à mon sens, on a là affaire à une extension de capacité, qui n’empêchera en rien à l’avenir le Rafale F.4 de remplacer éventuellement le 2000. Je peux me tromper, mais sauf annonce claire de leur part sur le remplacement qui m’aurait échappé, et pour les avoir pratiqués, c’est pour moi le sens de cette commande.

    1. Bonjour, c’est votre droit légitime de douter de la pertinence du titre de mon article puisque moi je doute de la pertinence de votre commentaire et de votre « analyse ». Donc vous voyez nous sommes à égalité.

      1. J’aurai tendance à être plutôt d’accord avec Lucas, mais pas forcément pour les mêmes raisons.
        Je m’explique : il y a quelques années, lorsque les EAU ont effectué des frappes en Libye contre des Jihadistes, ils ont utilisé leurs Mirage 2000 car les US n’ayant pas validés ces frappes et ayant le contrôle de l’utilisation des F-16 émiratis, ces derniers ne pouvaient pas être utilisés.
        Une des grandes (dernières ?) forces des industriels français de défense face à leurs homologues américains est que l’État français ne fait installer aucun mouchards ou appareil de contrôle sur le matériel militaire qui est vendu à l’étranger, et donc les avions, chars, bateaux vendus par la France à un état souverain appartiennent à 100% et exclusivement à ce dernier, qui est donc libre de les utiliser comme bon lui semble.
        Ainsi je ne suis pas sûr que les EAU renoncent à leur indépendance d’action en mettant tous leurs œufs dans le panier US…

  5. Il ne faut pas oublier un détail.

    La plupart des bases aériennes aux EAU sont à moins de 300 km de l’Iran. La plus éloignée est 400 km de l’Iran.

    Or l’Iran possède plus de 2500 missiles balistiques et aussi des missiles de croisière et des drones kamikazes, des armes qui ont montré leurs précisions lors de plusieurs opérations militaires de l’Iran et des Houthis.

    Ces armes donnent à l’Iran la capacité d’attaquer ces bases aériennes.

  6. Pas sur que ce soit forcément une mauvaise nouvelle pour Dassault, le F.35 ne remplace pas la 2000, dont la modernisation vient de commencer. Leur remplaçant ne sera pas américain et le Rafale a de fortes chances de remporter ce marché. Pour l’instant, la question ne se pose pas vraiment, on verra dans quelques années.

    Le Qatar a également fait une demande pour acheter des F.35, mais pour l’instant peu probable que les US acceptent.

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