Les noms de code OTAN des aéronefs russes et chinois ont t-ils encore une raison d’exister ?

Qu’ils s’appellent Chengdu J-20, Mikoyan MiG-35, Sukhoi Su-34, ou encore Yakovlev Yak-130 et qu’ils soient chinois ou russes tous sont entrés en service après l’effondrement du bloc communiste. Pourtant tous sont codés par l’OTAN ! Le système atlantiste de désignations des aéronefs est un reliquat de la guerre froide, et plus loin même un héritage de la Seconde Guerre mondiale, dont on peut aisément se demander s’il a encore des raisons d’exister. D’ailleurs il y a aujourd’hui des trous dans la raquette, des aéronefs qui existent au grand jour sans avoir reçu le moindre code.

D’abord rappelons que le système des désignations de l’OTAN tire directement ses origines de celui mis en place durant la Seconde Guerre mondiale afin d’identifier les aéronefs en service dans les forces impériales nippones. Que ce soit entre 1941 et 1945 ou plus tard entre 1947 et 1990 ces deux systèmes de désignations avaient leur raison d’être par la faiblesse des canaux de communication et d’informations entre les camps ennemis. Le Japon impérial cultivait une opacité qui n’a jamais fait peur aux Soviétiques.

Au plus fort de la guerre froide les services de renseignement occidentaux, et en première ligne le trio formé par la CIA américaine, le MI6 britannique, et le SDECE français cherchaient à tous prix à tout connaître des aéronefs développés de l’autre côté du Rideau de Fer. Pour autant les raisons sociales des bureaux d’études étant parfois assez nébuleuses il parut plus utile à l’OTAN d’avoir recours à un système de désignation que de se fier aux identités réelles ou supposées de ces machines.
Et tous les aéronefs y passaient : les avions de reconnaissance, bombardiers, et chasseurs bien entendu mais aussi les avion de transport tactique, les amphibies de patrouille maritime, ou encore les hélicoptères de combat. Même les avions de ligne avaient leur propre code OTAN. Ainsi le quadriréacteur supersonique Tupolev Tu-144, concurrent soviétique du Concorde franco-britannique, fut désigné Charger par l’alliance Atlantique. Alors même que Moscou surjouait la communication autour de cette machine.

Après l’effondrement de l’Union Soviétique en 1990 on aurait pu croire que l’OTAN allait laissé tomber son système de désignation. Cela parut même être le cas durant quelques années avant qu’au tout début du 21e siècle l’organisation atlantiste reprenne ses (mauvaises) habitudes. Cependant tous les aéronefs n’étaient déjà plus codés.
Il semble que désormais seuls les avions et hélicoptères d’armes le soient.

D’ailleurs on peut aisément se dire qu’aujourd’hui un tel système est totalement obsolète. En effet notre époque est celle de l’après révolution numérique, celle de la toute puissance des réseaux informatiques, de l’internet (sans lequel notre média ne pourrait pas exister !!!) et des réseaux sociaux qui en découlent. C’est aussi celle des chaînes d’information en continue tels CNN aux États-Unis, CBC News Network au Canada, BFMTV en France, ou encore Al Jazeera au Qatar. Notre époque, notre 21e siècle est donc celui de l’archi communication et de l’hyper connaissance.
Dès qu’un avion apparait pour la première fois dans un salon il est connu du monde entier quasiment dans l’heure. La découverte l’été dernier du très surprenant Sukhoi Su-75 Checkmate russe en est la preuve formelle. Il y a 25 ou 30 ans il aurait fallu attendre la publication en kiosque d’Air Fan ou d’Air & Cosmos pour que l’aérophile français moyen en entende parler.

Dans une société hyper-connectée un système de désignations destiné à identifier les avions de l’ennemi a t-il encore sa raison d’être ?
La question mérite sans doute d’être posée. Et un début de réponse pourrait venir avec le fait que deux modèles militaires russes très récents sont désormais connus du grand public sans même que l’OTAN ne leur ait attribué de nom de code : l’avion école Yakovlev Yak-152 et l’avion de transport tactique Ilyushin Il-112.

Photo © ministère russe de la défense.

 


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 Responses

  1. Je trouve tout de même que c’était sympa et plus facile à retenir qu’un code numérique, à l’image des hélicos de Airbus

  2. Bonjour,

    Derrière les 2 SU-30 FLANKER au premier plan sur la photo, est-ce bien un SU-24 FENCER qui se distingue ?

    Personnellement je trouve que ces appellations sont bien utiles et qu’elles font dorénavant parties du folklore aéronautique.

  3. fencer , flanker , felon blacjack ou autres fishcan , passent quand meme mieux à la radio que leur denomination !!!! et meme si dans la tete d’un civil , la question peut eventuellement se poser ….. celà reste un probleme de militaires ………..(qui d’ailleurs se contrefichent pas mal de l’avis des pekins)

  4. Retour vers le futur: la guerre froide avec la Russie et la Chine a repris de plus belle. Personnellement j’aime bien la codification imaginative de l’OTAN. By the way, les francophones du Canada sont davantage branchés sur ICI RDI, l’équivalent francophone de CBCNN.

  5. ne voir aucune aggressivité de ma part …..!! peut etre que ma maniere de m’exprimer reste celle d’un soldat (vieux modele !! ) …. c’est tout !!!

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